Deux nouvelles agressions sur des pompiers en intervention se sont déroulées à Lyon en un week-end. Ces cas de violences ont tendance à diminuer (1505 en 2022 au niveau national), mais il faut savoir que les pompiers ne déposent pas plainte systématiquement.
Christophe* est sapeur-pompier professionnel. Il a de l'expérience, mais quand il raconte son week-end de garde, il n'est pas serein. Il tient à garder l'anonymat par crainte de représailles. Lors d'une intervention sur la voie publique pour venir en aide à un homme qui avait trébuché, il n'a pas compris. L'homme en question s'est violemment opposé à sa prise en charge par les secouristes. Visiblement ivre, il a sorti sa ceinture et a menacé les pompiers.
Ce n'est jamais très agréable à vivre. On vient pour secourir les gens, pas pour se faire agresser. Ça génère du stress, on ne sait pas jusqu'où ça peut aller, si la personne est armée ou comment va réagir l'entourage.
Christophe, sapeur-pompier professionnel
Lui et ses collègues ont évité les coups, la situation s'est envenimée, il a fallu faire appel à du renfort de police. Ils ont attendu plus de vingt minutes, "nos collègues policiers manquent de moyens."
Des agressions comme celle-ci, les pompiers en ont vécu plusieurs. Dans la métropole lyonnaise, il y en a eu neuf en mai dernier, et déjà six, en ce mois de juin.
"Les chiffres et la réalité"
Les agressions sont comptabilisées dès qu'il y a un dépôt de plainte. Or, la tendance, ces derniers temps, est de moins recourir à la justice. Par lassitude (il faut parfois attendre deux heures au commissariat), par crainte des représailles aussi. L'anonymat en l'espèce n'existe pas. Certains préfèrent ne pas donner suite.
Il y a une différence entre les chiffres et la réalité sur le terrain. Il y aurait eu une baisse de 50 % des violences, mais sur le terrain, les agressions sont toujours là. Les collègues ne déposent pas plainte à chaque fois.
Rémy Chabbouh, membre de l'observatoire national des violences envers les pompiers
"Des comportements irrationnels"
Les violences envers les pompiers prennent différentes formes. Elles sont verbales ou physiques. Il y a celles dites "historiques" comme celles commises dans les quartiers réputés sensibles. Les secouristes doivent aussi faire face à des comportements "irrationnels" dus aux effets de l'alcool et des drogues. Les pompiers deviennent également des "cibles" lors des manifestations quand ils doivent éteindre les incendies de voitures ou de poubelles.
Rémy Chabbouh connaît bien le sujet. Il est membre de l'observatoire des violences envers les pompiers. Pour lui, il n'y a pas d'explications "logiques". Il compare ces agressions à celles commises sur le personnel soignant ou les enseignants. Dans son rapport d'activité, l'observatoire recense 1505 agressions sur le territoire national en 2022.
Des formations pour faire face aux risques
Pourtant, des actions ont été mises en œuvre. Des protocoles d'intervention ont été rédigés. Depuis 2020, les pompiers sont équipés de caméra piéton. "Ça n'empêche pas les agressions, mais ça apporte des preuves pour la justice" explique Rémy. Des formations spécifiques sont proposées, l'une d'elles se déroule dans un appartement témoin. Là, les pompiers sont mis en situation en condition réelle d'intervention. Des simulations qui permettent de repérer les situations à risque et d'acquérir les bons gestes.
Six mois de prison avec sursis
Pour Christophe, qui a été agressé le week-end dernier, l'histoire s'est terminée au tribunal. Il a déposé plainte. Son agresseur a été jugé dans le cadre d'une comparution avec reconnaissance préalable de culpabilité ce lundi 26 juin, soit deux jours après les faits. Il a été condamné à six mois de prison avec sursis.
*Prénom d'emprunt