Il y a 80 ans, la Gestapo arrêtait 51 personnes juives, dont 44 enfants dans une maison de l'Ain. Le lieu devenu mémorial commémore cette journée du 7 avril 1944, en présence d'anciens enfants passés par cette colonie.
Quatre-vingts ans après la rafle dans la maison d'Izieu, dans l'Ain, une commémoration est organisée de ce jeudi 4 au dimanche 7 avril. Une dernière journée qui se fera en présence d'Emmanuel Macron. Malgré les années, le souvenir demeure pour ceux qui sont passés par cette maison, refuge pour les enfants juifs.
44 enfants déportés
"C'était un endroit magnifique, se rappelle Roger Wolman, 85 ans. Où les enfants pouvaient être entre copains et copines, suivre des cours ou se promener, comme en temps de paix." C'est seulement après la guerre que l'octogénaire a découvert l'histoire "des enfants d'Izieu".
Le 6 avril 1944, 44 enfants juifs et sept éducateurs également juifs sont raflés sur ordre de Klaus Barbie, responsable de la Gestapo de Lyon. Tous furent déportés dans les camps d'Auschwitz-Birkenau en Pologne et de Reval en Estonie. Seule une éducatrice a survécu.
Roger Wolman a passé quelques semaines dans ce refuge. Il avait alors cinq ans et son frère 12 ans, leurs parents avaient été déportés. Heureusement pour la fratrie, ils avaient déjà quitté les lieux depuis octobre 1943 pour rejoindre d'autres maisons en Auvergne.
Une centaine d'enfants accueillis
Entre mai 1943 et avril 1944, la colonie d'Izieu, fondée par Sabine Zlatin, résistante juive d'origine polonaise, a accueilli une centaine d'enfants. "On était scolarisé, on avait une vie tranquille, même si les adultes savaient que ça devenait de plus en plus dangereux", raconte Bernard Waysenson. Arrivés à la fin de l'été 1943 avec sa sœur et son frère, ils étaient repartis fin novembre de la même année pour rejoindre leur famille réfugiée dans le Gard.
Sept "anciens enfants" participent de ce jeudi 4 au dimanche 7 avril aux commémorations organisées par le musée, créé dans cette maison. Un devoir de mémoire, que plusieurs portent en allant témoigner dans les écoles. "Si je ne le fais pas, qui va le faire ?", réagit simplement Roger Wolman.
"J'ai toujours considéré que c'était nécessaire de rappeler ce qui s'était passé, j'avais aussi un engagement moral vis-à-vis de Sabine Zlatin et surtout vis-à-vis de mes petits copains. Je me devais de porter leur mémoire", confie Samuel Pintel.
Ingénieur à la retraite, il n'a compris que tardivement qu'il était passé par Izieu. C'est au moment du procès de Klaus Barbie, pour "crime contre l'humanité", en 1987, qu'il identifie le lieu où il avait été emmené après l'arrestation de sa mère. "J'avais 6 ans et demi, bientôt 7", se souvient-il.
Aux scolaires, je parle du contexte de haine, d'antisémitisme et je leur fais percevoir que cette haine conduit, peut conduire, à des catastrophes.
Samuel Pinte
Deux mille personnes sont déjà inscrites aux quatre journées de commémoration.
Vous pouvez revoir nos éditions spéciales du 4 avril sur France.tv
- Vous êtes formidables avec Maître Alain Jakubowicz, administrateur de la maison des Enfants d'Izieu, et avocat des parties civiles lors du procès Barbie, ainsi que Beate et Serge Klarsfeld, qui ont passé leur vie à traquer les anciens nazis dans le monde entier.
- 12/13 - édition spéciale avec Serge Klarsfeld et Alain Jakubowicz.