Allier : des céréaliers investissent dans un méthaniseur, "c'est comme une grosse vache en béton"

La méthanisation agricole permet de produire de l'électricité à partir de matière organique, une énergie renouvelable. En France, on dénombre 450 méthaniseurs et trois dans l'Allier où des céréaliers ont décidé d'investir.

On pourrait se croire sur un site industriel mais il s'agit pourtant d'une exploitation agricole au cœur du département de l'Allier, chez Julien Deville. Associé avec un cousin, il cultive des céréales et ils ont été rejoints par un troisième céréalier pour construire un méthaniseur il y a peu. Le méthaniseur produit du biogaz grâce à la fermentation de matières organiques. "A l'intérieur, la matière est agitée en permanence et elle est dégradée par les bactéries. On peut voir le gaz sortir et buller à la surface", décrit Julien Deville. 

La cuve contient 3000 m3 et la température intérieure est de 40 degrés. Ce sont des bactéries qui font le travail : "Il y a à peu près la même flore bactérienne que dans une panse de vache. Les bactéries cassent toute la matière organique qu'on met dedans, toutes les molécules et fabriquent du CH4. C'est pour cela qu'on peut dire que c'est une grosse vache en béton". Le CH4, c'est le méthane.
 

"L'équivalent de deux villages" en électricité

Le gaz alimente un groupe électrogène qui produit de l'électricité, deux millions de kWh. "C'est le cœur névralgique de l'installation, c'est le point le plus important car c'est là que l'électricité est réinjectée sur le réseau Enedis. Ce qu'on produit sur l'installation, c'est à peu près l'équivalent de deux villages voisins, Le Theil et Boussac, en termes de consommation", indique Julien Deville.  

La machine est alimentée principalement par le fumier de quatre élevages à proximité : 3 500 tonnes chaque année. Les éleveurs échangent le fumier contre la paille des céréaliers. "Aller chercher de la paille c'est du temps, c'est de l'argent, des frais de gasoil. Donc pour les trois quarts de notre paille on procède par cet échange avec les céréaliers. Maintenant on parle beaucoup de l'empreinte carbone et aller chercher la paille à 500 mètres de la maison, ça coule de source", explique Pierre Mazet, éleveur.
 

2 millions d'euros

Le méthaniseur avale également des déchets de céréales, du lisier et l'ensilage de plantes semées entre les cultures. Le cercle vertueux ne s'arrête pas là, le digestat - ce qui reste des matières après la méthanisation - est réutilisé comme engrais.  "Avant, quand on épandait le fumier dans le champ, malgré un bon compostage, on avait toujours une part des mauvaises herbes qui germaient dans les champs donc on ramenait des mauvaises herbes. Pour éviter le désherbage, c'était un peu contraignant. Alors qu'une fois le fumier passé par la méthanisation et répandu sous forme de digestat, ça nous permet d'avoir un engrais qui a zéro mauvaises herbes", fait remarquer Julien Deville.

Au final, le méthaniseur leur permet une moindre utilisation d'engrais chimiques mais également d'herbicide comme le fameux glyphosate. "Cette année on a vraiment économisé en glyphosate, c'est 20% d'engrais en moins et ce n'est que le démarrage", souligne Julien Deville. "Vu que ça marche, allons-y", s'exclame-t-il. Ce méthaniseur a coûté 2 millions d'euros, amortis en 8 ans. D'ici la fin de l'année, il y en aura six dans le département. 
 
La méthanisation agricole permet de produire de l'électricité à partir de matière organique, une énergie renouvelable. En France, on dénombre 450 méthaniseurs et trois dans l'Allier où des céréaliers ont décidé d'investir. Intervenants : Julien Deville - céréalier et Pierre Mazet - éleveur.
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