Il est possible depuis le samedi 25 septembre 2021 de visiter la prieurale de Souvigny dans l'Allier avec un smartphone. Un QR code à l'entrée de l'église donne accès à des plages sonores qui expliquent le monument et son rôle spirituel.
Bien droit sur le parvis face à la prieurale, le smartphone dans la main, les écouteurs dans les oreilles. Les yeux rivés vers l’édifice religieux, le plus grand du département de l’Allier. Mélange de gothique et de roman aux tons rosâtres, cette église du XIe siècle en impose. Et puis la musique démarre, avant que la voix masculine ne prenne le relais. « Pèlerin ou visiteur, qui que vous soyez, ce lieu vous attend. Qu’est-ce qui fait qu’ici même, on ait dressé une telle majesté de pierre au cœur des campagnes bourbonnaises ? »
Il a suffi de flasher le QR Code près du porche de la prieurale pour accéder aux vingt plages musicales mêlées d’explications. D’une durée d’une à deux minutes chacune. Un plan fourni à l’entrée du monument aide à se déplacer et trouver les lieux mis en avant. Les gisants des deux saints inhumés ici : saint Mayeul et saint Odilon, les chapelles-nécropoles des Bourbons, le baptistère, la statue de saint Jacques de Compostelle. Une déambulation au cœur de la prieurale mais une déambulation spirituelle, mise en place par le diocèse de Moulins. « Au moment du développement du sanctuaire de la paix il y a trois ans, nous nous sommes dit : Pourquoi ne pas lancer une visite spirituelle en complément des visites guidées patrimoniale, architecturale et historique organisées par le musée de Souvigny ? », se remémore Christiane Keller, coordinatrice du service Art, culture et foi du diocèse. « Nous ne voulions pas venir en concurrence. » Ainsi architecture et liturgie sont évoquées conjointement, tandis que des chants sacrés aident au recueillement. « Sur fond de musique, c’est une invitation à l’écoute, à la beauté, à l’éveil des cinq sens », confie Christiane Keller. « Et surtout le sixième sens, tout à fait intérieur qui permet de prendre un temps de contemplation, de silence, de souffle. »
Au pied de la porte gothique, la voix masculine reprend sa narration : « A celui qui va la franchir, elle rappelle cette parole du Christ : « Je suis la porte, le chemin, la vérité, la vie. » La porte à peine franchie, nous nous surprenons à devoir descendre un escalier, à baisser les yeux comme un aveu d’humilité. »
Cette visite spirituelle se nomme « Les pierres qui parlent ». Elle se consulte également sur internet sans avoir besoin d’être sur place. « Nous avons eu le souci d’une démarche de sens au-delà des pierres, parce qu’actuellement, la mémoire de la civilisation chrétienne se perd. On ne connaît plus le fait religieux », explique Christiane Keller.
Une démarche qui répond aussi aux questions des visiteurs : « Pourquoi une église immense dans un si petit village ? », précise le père Marminat, recteur du sanctuaire de la paix. « Nous voulions que le visiteur qui vient dans la prieurale quand il n’y a pas de visite, ni personne pour l’accueillir, ne reparte ignorant. »
La prieurale de Souvigny est aujourd’hui un sanctuaire dédié à la Paix en mémoire des deux abbés de Cluny qui y sont décédés : Mayeul et Odilon. Des abbés reconnus saints. Au Moyen-Age, le pèlerinage pour se recueillir sur la tombe des deux hommes était l’un des plus importants du monde occidental. L’église accueille également les nécropoles des ducs de Bourbon. Un lieu chargé d’histoire qui a attiré 10.000 visiteurs cet été.