La maladie d’Aujeszky touche essentiellement les porcs et les sangliers. Il s’agit d’un virus non transmissible à l’homme. Les cas sont rares en France. Trois élevages de sangliers de Beaulon, Chevagnes et Montbeugny dans l’Allier ont été infectés récemment par ce virus animal.
Un virus peut en cacher un autre ! La préfecture de l’Allier confirme ce 24 avril qu’un cas de maladie d’Aujeszky est apparu dernièrement à Beaulon, près de Moulins, chez un éleveur de sangliers. L’information est également donnée par l’organisation mondiale pour la santé animale. Il s’agit d’animaux « détenus pour un lâcher en forêt en lien avec la chasse » selon cette organisation. "La contamination aurait été faite, à travers la clôture du parc, par d'autres specimens de la faune sauvage non captive", indique un rapport du 21 avril 2020, "sans lien épidémilogique avec des élevages de porcs domestiques".
Le maire de Beaulon est surpris, il n’a reçu aucune information officielle. Mais il a bien eu connaissance de rumeurs depuis une dizaine de jours concernant un problème sanitaire dans sa commune.
« Il s’agirait d’un parc d’environ 30 hectares avec des chênes et des taillis où sont élevés une centaine de sangliers que le propriétaire élève pour les revendre à des grands domaines de chasse », explique Alain Lognon.
Le maire poursuit : « Il faudra que l’Etat prenne ses responsabilités, la loi prévoit l’abattage de l’ensemble des animaux de l’élevage infecté car c’est une maladie très contagieuse ». Contagieuse certes, mais inoffensive pour l'homme, d'après le ministère de l'agriculture.
Trois élevages voisins touchés
En fait, un premier cas de maladie d’Aujeszky aurait été découvert en début d'année dans un élevage de sangliers à Chevagnes dans l’Allier lors d’une opération de prophylaxie. Le propriétaire du parc, Jean-Christophe De Monspey, confirme : « Tous les ans, nous avons l’obligation de faire des contrôles. 40 sangliers de mon élevage ont été testés, l’un d’entre eux, un seul, s’est révélé positif à ce virus ».
A la suite de cette découverte, l’ensemble de son cheptel a été abattu comme le prévoit la règlementation française et une période de 21 jours de vide sanitaire a été observée après la désinfection du site. Depuis, l’élevage a repris.
Suite à cette première découverte, les pouvoirs publics ont lancé des contrôles dans un rayon de 5 kilomètres.
La maladie d'Aujeszky a ainsi été détectée dans un autre parc de sangliers à Montbeugny, conduisant là encore à l'abattage des animaux.
Plus récemment, en mars, c'est dans la commune voisine de Beaulon, toujours au Nord de la Sologne, que 15 prélèvements sanguins ont été effectués sur les sangliers de Gilberte Tascon et de son fils Franck. Deux cas se sont révélés positifs, deux jeunes animaux de 6-7 mois, indique l’agricultrice dont le cheptel devrait prochainement être abattu aussi. "Je m'en suis aperçue parce qu'ils mangeaient moins et couraient peu", explique t-elle. " C’est un sale coup sur le plan économique, ce sont des animaux que nous vendons dans des parcs de chasse dans la Marne », confie Gilberte qui élève également des canards sauvages. Comme son voisin de Chevagnes, elle dit que c’est la première fois que ce virus animal fait son apparition dans son élevage créé il y a une vingtaine d’années.
Un virus non transmissible à l’homme
D’après le ministère de l’agriculture et de l’alimentation, « la maladie d’Aujeszky est une maladie virale (virus de la famille des Herpesviridae) hautement contagieuse qui touche les suidés domestiques et sauvages (porcs et sangliers) et de façon accidentelle les carnivores et ruminants ».
Le ministère indique que ce virus n’est pas transmissible à l’homme et que la France continentale (hors la Corse) est reconnue indemne de la maladie dans les élevages porcins, mais reconnait qu’elle circule chez les sangliers sauvages.
Les cas sont rares. En 2019, deux foyers ont été confirmés dans deux élevages de porcs charcutiers des Alpes de Haute-Provence et du Vaucluse.
Lorsque la présence du virus est avérée, la préfecture prend un arrêté de « déclaration d’infection ». Une enquête épidémiologique est conduite dans les élevages voisins dans un rayon de 5 kilomètres.
Il existe un vaccin contre la maladie d’Aujeszky pour les porcins mais la vaccination est aujourd’hui interdite dans les territoires officiellement indemnes, suivant les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé animale.
Dans l'Allier, cette multiplication de cas inquiète tout particulièrement la fédération de chasse car la maladie est contagieuse aux chiens et souvent fatale. Elle inquiète aussi les nombreux éleveurs de porcs du département.