La forêt des Colettes, dans l’Allier, subit depuis un an une attaque d'insectes qui fait dépérir ses épicéas. Pour éviter que les parasites ne se répandent, l'ONF (Office national des forêts) élimine les arbres malades. Il s'apprête à en faire tomber une centaine à Echassières.
C'est une conséquence du réchauffement climatique : la forêt des Colettes, dans le sud de l’Allier, est victime d’une prolifération d’insectes. Cette forêt est composée de nombreuses essences d'arbres dont un tiers de résineux et parmi ces résineux, des épicéas. Ceux sont eux les victimes du scolyte, un coléoptère qui se nourrit du bois tendre des arbres.
Les hivers ne sont plus assez froids, il se reproduit en plus grand nombre et les épicéas, affaiblis par les sécheresses, ne peuvent plus lutter face à l'invasion : « L’arbre est affaibli car il a moins de capacité à s’alimenter en eau et cet affaiblissement va favoriser la prolifération d’insectes. En temps normal une femelle pond à peu près 50 œufs par an, donc l’arbre a des mécanismes naturels pour arriver à réguler. Sauf qu’avec le réchauffement, on a des populations qui arrivent à tenir sur plusieurs générations, et sur 3 générations, ça représente plus de 15 000 individus dans l’année », explique Pierre Beltrando, responsable de l’ONF Sud Allier. Le dépérissement des arbres est très rapide : à partir du moment où l’arbre est infecté, il ne faut que quelques semaines pour qu’il devienne rouge, signe que l'arbre n'a plus assez d'alimentation en sève.
Plus de 40% des épicéas atteints
Le scolyte est une espèce spécifique à l’épicéa, qui a déjà fait énormément de dégâts dans le nord-est de la France. Des millions de mètres cube d’épicéas ont été atteints. L’insecte volant creuse des trous dans l’écorce de l’arbre pour y pondre ses œufs. Les larves vont ensuite creuser des galeries et manger le bois juste sous l’écorce, la partie qui alimente l’arbre en sève. L’arbre n’a donc plus assez d’alimentation et dépérit. Sur une surface de 10 hectares, plusieurs foyers ont été observés dans la forêt des Colettes. « On a fait l’inventaire de tous les épicéas, et plus de 40% des arbres sont déjà rouges. Ils ont déjà dépéri en l’espace d’un hiver », regrette Pierre Beltrando. Lorsque la prolifération des insectes est limitée, l’arbre sécrète une résine qui noie les parasites, mais ces derniers temps, leur nombre est trop important.
Une centaines d'arbres abattus
L'ONF va prendre des mesures d'urgence en abattant dès la semaine prochaine une centaine d'arbres pour stopper la prolifération des insectes. Des épicéas en plein cœur du parc d'accrobranche d’Echassières, géré par la communauté de communes de Saint-Pourçain, qui doit revoir ses installations. « Il ne disparaît qu’un parcours, d’une quinzaine de jeux. Nous, à la place, on va refaire un parcours équivalent, mais bien sûr, neuf, avec d’autres jeux plus récents », indique Gilles Simon, qui gère le parc d’accrobranche. La parcelle voisine du site de jeux est également infestée.
Reboiser avec de nouvelles essences
Des premières attaques avaient conduit, l’an dernier à faire une première coupe sanitaire, mais les choses ont ensuite empiré, comme on peut le lire dans un communiqué de l’ONF : « détection d’un deuxième foyer à l’automne, puis d’un troisième en fin d’année, avec à chaque fois une évolution très rapide des mortalités des épicéas. Les coupes à venir visent à essayer de contenir les attaques et de les circonscrire. » L'ONF a l'intention de reboiser en favorisant des essences qui résistent au manque d'eau. La présence de l’épicéa est limitée, il ne couvre que 49 des 2050 hectares de la forêt.