Dans l'Allier, un jeune couple a lancé une gamme de produits alimentaires bio et diététiques. Ils les fabriquent en Montagne bourbonnaise à partir de plantes originaires du Pérou. Il s'agit notamment du yacon. Un tubercule inconnu en France. Ils veulent implanter sa culture en Auvergne.
Cela ressemble tout simplement à une pomme de terre. Une patate douce plus exactement. Le yacon est un tubercule originaire du Pérou. Un tubercule au pouvoir sucrant : « C’est un sucrant naturel qui a un goût délicieux, un goût de caramel », raconte Clément Poyade, fondateur de l’entreprise Yency. « Et il n’a aucun impact sur la glycémie. » Ce chef d’entreprise de 26 ans le recommande donc aux diabétiques. Le yacon est le produit phare de la jeune société qu’il a montée avec sa compagne à Arfeuilles en montagne bourbonnaise dans l’Allier. Sirop, pâte à tartiner, Yency fabrique et vend depuis avril 2021 des produits alimentaires bio qui se veulent diététiques.
200 plants repiqués dans l'Allier
« Dans notre gamme, nous avons cinq références », précise Raphaella Nolleau. « Nous produisons de A à Z notre pâte à tartiner au chocolat et notre praliné. Nous avons d’autres produits que nous transformons légèrement mais nous ne les fabriquons pas, comme le sirop de yacon. » Mais cela va vite changer. Au printemps dernier, 200 plants de yacon ont été repiqués dans un champ à Marcenat dans l’Allier chez un agriculteur bio. En test. « C’est pour se faire la main, c’est un tout nouveau produit », continue Raphaella Nolleau. « La pomme de terre est cultivée en Belgique et en Suisse mais pas en France. Et cela va nous permettre de faire notre sirop nous-mêmes. Mais aussi un jus, un peu comme le jus de coco qui existe déjà aujourd’hui dans tous les supermarchés. »
Yacon "made in France"
D’ici 2022, les deux entrepreneurs veulent pouvoir planter trois hectares de yacon dans l’Allier. « Ce serait beaucoup mieux d’avoir notre yacon « made in France » d’un point de vue éthique et responsable », juge Clément Poyade. « Même si toute notre marchandise vient en bateau, cela reste quand même un crève-cœur de faire venir de la marchandise du bout du monde pour la commercialiser ici. Et surtout, nous croyons que le sirop de yacon peut marcher aussi bien que celui d’agave. » Et intéresser les industriels.
Le yacon est une plante qui pousse partout. Il lui faut beaucoup d’eau et une terre sableuse. Exactement ce qu’on trouve chez Philippe Lafarge à Marcenat. Cet agriculteur bourbonnais a accepté d’être le premier à tester la culture de yacon sur le sol français : « J’ai les sols qui vont bien, j’ai l’irrigation. Je me suis dit : Pourquoi pas faire un essai. » Philippe Lafarge cultive déjà 4 ha de légumes de plein champ bio. « J’aime bien les challenges », glisse-t-il dans un sourire. « C’est une plante que je ne connaissais absolument pas quand ils me l’ont proposée. Mais c’est une culture qui doit pouvoir se faire chez nous sans trop de problème. » Et si cela marche, c’est la garantie d’une marge intéressante et d’une diversification supplémentaire. « C’est une plante assez facile à entretenir, qui pousse toute seule et qui ne demande pas d’attention particulière. Pour le moment, elle n’a pas de maladie chez nous, ni d’insecte prédateur. » La récolte se fera en novembre, après les premières gelées, lorsque le sucre des feuilles sera retourné dans les racines. Et si l’essai est concluant, la culture démarrera vraiment chez plusieurs producteurs.
Levée de fonds
« Il faut savoir qu’avec un hectare, on peut produire 40 T de tubercules de yacon », détaille Clément Poyade. « Et avec ces 40 T, on peut faire 1000 kg de sirop et 50 000 litres de jus. » Actuellement, la jeune entreprise n’a pas encore les outils pour produire une telle quantité. En même temps qu’elle développe la culture de yacon, elle est en train de faire une levée de fonds auprès d’investisseurs. Elle a besoin de 500 000 euros pour acquérir les machines et agrandir son laboratoire.
En quelques mois d’existence, la petite société a déjà rencontré un certain succès. Près de 250 commandes par mois sur le site internet. Et une dizaine de magasins bio auvergnats qui acceptent les produits à base de yacon et de sacha inchi. Car Yenci développe aussi les aliments à base de cette seconde plante. Egalement inconnue en France. Le sacha inchi est également originaire du Pérou. C’est un oléagineux riche en oméga 3 qui permet de fabriquer notamment de l’huile. Mais en revanche, il sera impossible de le cultiver en Europe. Le sacha inchi n’aime que les climats tropicaux.