Environnement. Un rassemblement contre l'implantation "anarchique" d'éoliennes dans l'Allier

A Charroux dans l'Allier, environ 500 personnes se sont rassemblées ce samedi pour montrer leur désaccord à l’implantation « anarchique » d’éoliennes, accusées de détruire le paysage et d’être trop proches des habitations.

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« Autant le dire clairement, d’entrée de jeu, nous sommes là, certainement pas parce que nous serions totalement opposés à toute énergie renouvelable. Nous sommes tous et toutes favorables aux énergies renouvelables », commence l’élu Claude Riboulet, président du Conseil départemental de l’Allier (UDI).

 A l’initiative de ce discours et du « Manifeste Charroux », Claude Riboulet tient à préciser : les personnes ici présentes sont favorables aux énergies renouvelables «  au pluriel, et pas seulement cette alternative fermée : éoliennes, photovoltaïques ».

Les applaudissements et sifflements fusent. Sur les pancartes, on peut lire en inscriptions noires : «  Bourbonnais, non aux éoliennes ». Parmi les raisons qui ont poussé les riverains à s’opposer aux éoliennes: la « destruction du paysage » et l’impact sur le quotidien d’éoliennes jugées trop proches des habitations.

Le « Manifeste Charroux »

Ce samedi après-midi, les habitants de Charroux, dans l’Allier (89), on adopté le « Manifeste Charroux » pour réguler l’implantation des éoliennes sur leur territoire.

Dans ce manifeste, l’élu et les habitants demandent à ce que tout projet d’implantation d’une éolienne soit éloigné de dix fois sa hauteur de toute habitation. La législation légale impose 500 mètres d’éloignement, mais pour les habitants, c’est insuffisant, compte tenu de la hauteur d’une éolienne, entre 200 et 250 mètres.

Ils demandent également à ce que des référendums locaux soient organisés pour que les citoyens puissent s’exprimer sur les projets éoliens. Enfin, ils demandent à ce que, face au risque de dépréciation patrimoniale, les opérateurs préparent un fond de garantie patrimoniale : « afin que si une maison perdait de sa valeur, au moment de sa vente parce qu’il y a une éolienne, le propriétaire soit compensé par les opérateurs de cette perte de valeur », explique président du Conseil départemental de l’Allier (UDI).

Des nuisances sonores

 

Cette habitante vit à côté d’éoliennes mises en fonction en octobre 2020. En deux ans, selon elle, son environnement sonore ne s’est pas amélioré: « Quand le vent se lève, les pales tournent et émettent des bruits comme des percussions. Quand elles se déplacent dans l’air, ça fait comme une machine à laver, avec des vibrations très sonores. Et quand il n’y a plus de vent, il y a toujours des ronflements, les ventilateurs de la nacelle, donc on a aucun répit ».

Ces nuisances sonores ont fait déménager son fils. L’habitante décrit des problèmes oculaires qui jouent sur son sommeil et son environnement professionnel : «  on est jamais à l’abri du bruit, ni à l’intérieur, ni à l’extérieur ».

Un médecin, venu assister au discours, se dit soulagé : « Enfin, on a nos élus qui rejoignent le peuple. C’est une bouffée d’oxygène pour moi. » Sensibilisé aux troubles que pourraient avoir les éoliennes sur la santé publique, le médecin décrit  les incidences de l’infra bruit : un bruit « que l’on entend pas » mais qui peut amener des perturbations du sommeil, de l’hypertension, des infarctus, etc…

Plus de concertation avec les habitants 

Claude Riboulet tient à clarifier la position des opposants aux projets éoliens : une position préventive «  On sait qu’une fois qu’on est partis, on pourra pas guérir. On veut donner le ton : on ne fera pas de l’Allier bourbonnais un lieu où tout se développera au gré de promoteurs non scrupuleux qui n’habitent pas chez nous ».

Une habitante est impliquée depuis près de six ans dans le « combat » : venue s’installer dans la région par amour de la nature, elle a été « anéantie » lorsqu’elle a pris connaissance du projet. Depuis, avec d’autres, elle a créé une association pour défendre le bocage bourbonnais : « Ça va détruire les paysages, la biodiversité, et surtout, l’ambiance des villages. Quand un projet arrive, il y a un très gros manque de concertation avec les populations. On est quasiment systématiquement mis devant le fait accompli. On est désemparés, et tout ça on n’en parle jamais. »

Une démarche contestée 

En juin dernier, le conseil départemental a voté une aide de 15 000 euros au Collectif Allier Citoyens qui se bat contre la prolifération des éoliennes afin qu’ils puissent faire des recours en justice contre ces projets éoliens. Mais pour le parti Europe Ecologie Les Verts, la collectivité outrepasse ses compétences et surtout nuit au développement des énergies renouvelables. Le parti EELV a déposé un recours gracieux.

Arnaud Petelet –Valero, co-porte parole d’Europe Ecologie Les Verts 03  estime : «  Si le département souhaite faire des recours contre des projets éoliens qui ne lui sembleraient pas judicieux, c’est évidemment son droit, mais il n’a pas à déléguer à une association la mise en place de ces recours ». 

Face à la mobilisation et aux inquiétudes exprimées à Charroux ce samedi, Arnaud Petelet se veut rassurant: «Il n’est pas question d’implanter des éoliennes partout, n’importe comment. Nous, ce que l’on propose, c’est qu’il y ait un vrai travail des élus, un plan départemental, pour que l’implantation d’éoliennes ait le moins d’impact possible. Un vrai travail de concertation qui implique les habitants, les élus locaux ».

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