Le Congrès de Versailles, réuni ce lundi 4 mars pour voter l’inscription de l’IVG dans la Constitution, a été le théâtre d’un récit émouvant du sénateur de l’Allier Claude Malhuret. Dans un discours, il se souvient d’une tragédie, alors qu’il était médecin.
Le sénateur de l’Allier Claude Malhuret (président du groupe Les Indépendants) a prononcé un discours très remarqué, lundi 4 mars. Alors que le Congrès était réuni pour voter l’inscription de l’IVG dans la Constitution, il a livré le récit émouvant d’une tragédie. Il raconte qu’il avait 25 ans et était « médecin-chef d’un petit hôpital », dans un « coin perdu d’un pays du Sud. » Un jour, le sénateur se souvient avoir vu « surgir dans [son] bureau une jeune femme », entre 17 et 18 ans, « dont je me rappellerai toujours le visage. Les joues rondes d’une adolescente, toutes rouges et inondées de larmes, essoufflée, une expression mêlée de terreur et d’incompréhension dans le regard. Les cheveux décoiffés, les vêtements de travers comme si elle venait de se débattre, les bras maintenus par deux gendarmes qui l’encadraient et la poussaient dans la pièce sans ménagement. »
Les causes de cette arrestation lui sont alors révélées : « Le matin même un voisin, intrigué par le manège de chiens errants qui s’acharnaient à gratter la terre près de sa maison, s’était approché et avait découvert le cadavre d’un nouveau-né, à peine enfoui dans le sol. L’enquête n’avait pas été longue, et l’on me demandait d’examiner la suspecte pour savoir si elle venait ou non d’accoucher. »
"Je repense souvent à elle"
Cette jeune femme, dit-il, l’a profondément marqué : « Je repense souvent à elle et à ses yeux d’animal traqué, me demandant combien d’années de prison pour un infanticide, et surtout combien d’années de culpabilité, peut-être toute une vie, pour avoir tué son enfant. Des histoires comme celle-là, je pourrais vous en raconter d’autres si nous avions le temps. Des avortements clandestins qui se terminent mal, des condamnations, des stérilités définitives. Chez nous, aujourd’hui, ces histoires n’existent plus. Depuis la loi Veil. Et les interventions de ceux qui m’ont précédé ont porté sur le fait de savoir si la liberté de l’IVG risque un jour d’être remise en question. »
Protéger le droit à l'IVG
Il se félicite ensuite que la France ait l’opportunité de devenir, « sinon un exemple, au moins une référence » en matière de protection du droit à l’avortement. « Au moment de voter mardi dernier au Sénat, j’ai revu, une fois de plus, le visage de cette jeune femme dont la vie et celle de son bébé ont été anéanties. Et je le reverrai tout à l’heure lorsque j’irai voter à nouveau. En espérant que mon vote soit utile non seulement aux millions de femmes que la loi protège en France, mais aussi aux millions de celles dans le monde qu’aucune loi ne protège », ajoute Claude Malhuret, concluant que les sénateurs de son groupe allaient majoritairement se prononcer en faveur du texte.