COVID 19 : « On espère que les digues vont tenir » confie la directrice de l’hôpital de Montluçon (Allier)

Depuis le début de la deuxième vague, le centre hospitalier de Montluçon, dans l’Allier, est mobilisé dans la lutte contre l’épidémie de COVID 19. Deux services sont dédiés à l’accueil des patients positifs. Un autre pourrait voir le jour si l’épidémie progressait encore.
 

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Relativement épargné par la première vague, l’Allier est finalement touché de plein fouet par l’épidémie de COVID 19. Dimanche 8 novembre, 233 patients étaient ainsi hospitalisés dans ce département, dont 22 en réanimation, d’après les chiffres publiés par Santé Publique France.

Engagé dans cette véritable course de fond, le personnel du centre hospitalier de Montluçon est en première ligne. A ce jour, 71 patients sont pris en charge pour COVID 19, dont 9 sont en réanimation. Bernadette Mallot, directrice générale du centre hospitalier de Montluçon, confie : « La situation est très tendue, surtout au niveau des lits. En réanimation pour le moment, on tient. Mais pour les patients qui ont besoin de services de médecine c’est extrêmement tendu. On a 2 services dédiés au COVID. On en a ouvert un il y a une semaine. Le deuxième a été plein en deux jours, avec 20 places. Les autres patients sont un peu dans les autres services selon leur pathologie. On envisage d’ouvrir, si besoin, une troisième unité COVID ».

Dans l'attente du pic épidémique

L’Agence Régionale de Santé Auvergne-Rhône-Alpes redoute un pic épidémique dans les jours à venir. L’hôpital de Montluçon s’y prépare. Sa directrice générale indique : « On avait un peu parlé d’un pic épidémique pour ce week-end. Finalement ça serait plus à partir du 12 novembre. Pour l’instant ça n’explose pas mais ça monte tout doucement. On espère que les digues vont tenir ». Les urgences de l’hôpital constituent la porte d’entrée principale des patients souffrant de COVID 19. Un profil-type peut être dressé, avec des exceptions notables. « La répartition homme-femme s’équilibre. On a beaucoup de personnes âgées, beaucoup sont nées dans les années 25, 35, 40. Il y a malheureusement des exceptions avec des personnes plus jeunes qui vont très mal. Souvent ce sont des personnes qui ont des comorbidités, comme l’obésité ou le diabète. C’est vraiment un facteur aggravant. Il y a aussi des patients qui ne présentent pas de comorbidités et qui prennent le COVID de plein fouet » explique Bernadette Mallot.

La pression sur le personnel soignant

Cette deuxième vague est difficile à gérer pour les soignants. Rien à voir avec la première. La directrice générale du centre hospitalier de Montluçon poursuit : « C’est très difficile, c’est beaucoup de souffrance parce que le nombre de décès est beaucoup plus important. Le nombre de patients aussi. L’Allier et notamment Montluçon sur la première vague avaient été  touchés, mais assez légèrement, ce qui avait permis d’accueillir des patients d’autres régions. Là ce n’est plus le cas. Ce qui est compliqué c’est cette pression de cas qui arrivent presque en permanence, avec des durées de séjour très courtes pour certains, avec des décès très rapides. Il faut très vite passer au suivant. Donc c’est vraiment difficile et très lourd pour les équipes. Les personnels soignants sont en difficulté. On est en train d’organiser des soutiens psychologiques avec la médecine du travail et la prise en charge des risques psycho-sociaux ».

90 agents positifs au COVID 19

Mais l’hôpital compte également dans ses rangs des personnels positifs au COVID 19. Une difficulté de plus à laquelle est confronté l’établissement. Bernadette Mallot affirme : « Aujourd’hui on compte environ 90 agents positifs au COVID, et en cumul, depuis le début de la deuxième vague, on est à plus de 115. Des agents ont déjà repris leur poste et d’autres sont arrêtés. C’est compliqué, il faut que tout puisse fonctionner quand même. Du côté des effectifs, pour l’instant on tourne avec les activités qui ont été déprogrammées à la demande de l’Agence Régionale de Santé ». Elle ajoute : « Les déprogrammations ont été faites au fur et à mesure des besoins. On ne conserve que les activités qui sont importantes et dont le rapport bénéfice-risque serait au détriment du patient. Tout ce qui est urgent et vital continue bien sûr. Le secteur mère-enfant n’est pas impacté. Toutes les opérations non urgentes ont été reportées, ce qui permet de redistribuer le personnel ».

Des renforts d'infirmières libérales

Pour la directrice de l’hôpital de Montluçon, il est difficile de prévoir la suite. Afin d’anticiper au mieux, des renforts de personnels sont programmés. Elle souligne : « J’envisage les prochains jours et les prochaines semaines avec inquiétude et en espérant que le personnel petit à petit soit moins impacté et puisse reprendre son poste. On a aussi mis en place le recours aux infirmières libérales, qui vont venir donner un peu de leur temps. Aujourd’hui on va mobiliser nos agents qui sont à la retraite depuis peu de temps et qui veulent bien revenir travailler à l’hôpital. On a peur d’être un peu juste. On va faire en sorte que ça tienne ». En poste depuis avril dernier à la tête de l’hôpital, Bernadette Mallot a géré une partie de la première vague en Bourgogne-Franche-Comté. Son emploi du temps est chargé : « On fait des réunions de crise tous les 2 jours, en alternance avec des réunions de crise avec le CHU, surtout au niveau des lits de réanimation pour avoir une idée du nombre sur le département. On travaille à la fois sur l’Allier et sur le périmètre GHT (NDLR : groupements hospitaliers de territoire). En interne, sur nos lits de médecine, on travaille en accord avec la clinique, pour pouvoir faire admettre des patients qui seraient un peu moins lourds. Comme j’ai également l’intérim de direction de Néris-les-Bains, on travaille aussi avec cet établissement, qui nous a gardé des places pour pouvoir admettre des patients COVID, dans des états compatibles avec la structure ».

Ne pas oublier les personnels

La directrice craint un nouvel afflux de patients et mise sur la responsabilité de chacun : « Je pense qu’il faut rappeler l’importance des mesures barrières. Cela a été pris à la légère avec le déconfinement. Les gens pensaient que c’était une petite grippe et que ce n’était pas grave de l’attraper. Aujourd’hui ça commence à faire des ravages. On est dedans. Même si c’est presque un peu tard, il faut absolument respecter toutes les mesures barrières et éviter de se réunir à la maison. On voit très bien que les contaminations sont faites à ce moment-là ». Elle conclut : « C’est vrai qu’il n’y a plus les applaudissements au personnel soignant, c’était assez étonnant mais sympathique. C’est devenu de la routine et on a un peu oublié. Mais le personnel paie beaucoup de sa personne et se met en danger en permanence. Quand on dit personnel soignant j’aimerais que l’on n’oublie pas tout le personnel hospitalier, quel qu’il soit et quel que soit son grade : tout le monde contribue à la gestion de la crise ». Une crise qui pourrait durer : la directrice de l’hôpital de Montluçon s’attend à des semaines difficiles.

 
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