Au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, Daniel Dugléry, conseiller régional et maire de Montluçon, a réagi à l'élimination de François Fillon. Il regrette la faible place prise par le débat d'idées dans la campagne.
- Quelle est votre réaction ?Ma réaction, c'est de l'inquiétude parce qu'on a volé cette campagne présidentielle aux Français. Il n'y a pas eu de véritable débat sur les programmes, ce qui aurait mis en évidence que François Fillon avait véritablement travaillé son programme par rapport à d'autres qui sont dangereux pour le pays.
L'autre point, c'est que les partis de gouvernement sont à terre aujourd'hui et qu'il sera très difficile pour le nouveau président de la République d'avoir une majorité satisfaisante à l'Assemblée Nationale pour conduire le redressement du pays. Il ne faudrait pas que cette ambiguïté, cette instabilité, conduise la France à un certain nombre de désagréments qu'on a commencé d'ailleurs à percevoir hier dans la rue. Il ne faudrait pas que la troisième phase de cette élection présidentielle soit une grande déception des Français et sa traduction par des manifestations de rue qui empêcheraient immédiatement le gouvernement de gouverner.
- La défaite de François Fillon traduit-elle le rejet d'un homme ou des idées ?
On est au delà du rejet d'un homme. On a été confrontés pendant toute cette campagne présidentielle à la mise en avant des affaires au détriment des programmes, et ça, je pense que c'est extrêmement grave et que les Français l'ont très mal vécu, quel que soit leur sensibilité politique d'ailleurs. On n'a pas eu de véritable campagne présidentielle avec une confrontation des différents programmes. Ça manque, et je pense que nous allons le payer très cher dans les semaines et les mois qui viennent.
- Comment vous positionnez-vous pour le second tour ?
Je ne suis pas seul, et je me demande si les consignes de vote sont vraiment respectées par les électeurs. Je vais donc consulter mes amis pour savoir quelle attitude on doit adopter par rapport au deuxième tour de la présidentielle.
Il y a des réunions à Paris aujourd'hui chez les Républicains. Nous allons voir quelles sont les orientations que donnent ces réunions, et puis j'en parlerai avec mes amis au niveau local car il y a la politique à Paris et la politique dans les territoires. Quand j'aurai rassemblé mes amis et écouté leur point de vue, on prendra une position.
- Êtes vous dans la dynamique d'un "Front Républicain" ?
Je ne sais pas ce que veut véritablement dire "le Front Républicain". Je pense que nous devons nous attacher à avoir une réflexion qui doit préserver la démocratie. La démocratie est aujourd'hui menacée. On le voit bien, ne serait-ce que par cette campagne qui a été polluée par les affaires. Je pense que la démocratie n'en sort pas grandie. On doit avoir une réflexion collégiale, droite et gauche, pour que demain, de tels faits ne se reproduisent pas.