Les urgences de l'hôpital de Montluçon (Allier) sont restées fermées ce mardi 31 mai, exception faîte des urgences vitales, cardiologiques et neurologiques. En cause : le manque de médecins qui ne permet plus d'assurer le service.
A l’hôpital de Montluçon (Allier), pas de prise en charge ce mardi 31 mai, sauf pour les urgences vitales. Les personnes qui se sont présentées aux urgences de l’hôpital de Montluçon n’ont trouvé que des affiches annonçant la fermeture, un agent de sécurité et une infirmière pour les aiguiller vers d’autres solutions : « Il faut appeler le 15 d’abord, vous leur expliquez la situation et eux vont vous dire où aller », explique cette dernière à des patients. Si les urgences sont ainsi fermées, c’est qu’il n’y a pas assez de médecins pour les assurer. Avec la fatigue post Covid, et la crise du système de santé, certains soignants sont partis, certains ont même changé de métier. Les remplacer devient difficile alors que les patients sont de plus en plus nombreux, comme l’explique Bernadette Mallot, directrice générale du centre hospitalier de Montluçon - Néris-les-Bains : « Je sais que c’est délicat. On est habitués. L’hôpital est toujours ouvert et là pour répondre, ce qui est normal. Mais, avec la pénurie, on ne peut plus assurer … Par exemple, la semaine dernière, on a eu plus de 100 passages par jour, c’est quand même très important ». Les médecins de différents services se relaieront pour assurer des bilans et renvoyer les patients vers d’autres structures. Quant aux urgences cardiaques et neurologiques, elles seront directement prises en charge dans les services dédiés. Les urgences vitales iront en réanimation.
"C’est toute une chaîne qui ne peut pas être mise en place aujourd’hui"
Du côté syndical, on dit avoir alerté depuis des mois. Ici, les urgences sont en grève depuis la mi-février pour dénoncer le manque de médecin : 3 postes et demi sont pourvus alors que 22 seraient nécessaires, une pénurie qui se manifeste aujourd’hui très concrètement, explique Magali Souche, secrétaire générale CGT de l'hôpital de Montluçon : « Aujourd’hui, la porte des urgences est fermée, elle ne peut être ouverte qu’après un appel du 15. Aussi, il n’y a pas de ligne de SMUR qui peut se déplacer sur un accident de la circulation très grave ou pour un appel à domicile, un infarctus par exemple. C’est toute une chaîne qui ne peut pas être mise en place aujourd’hui ».Pour être présent en cas d’urgence dans le bassin de Montluçon, une équipe du SMUR de Moulins est restée stationnée à mi-chemin entre les deux villes toute la journée.
Un hôpital en difficulté
Cette solution reste imparfaite dans cet hôpital à bout de souffle, dénonce le docteur Thierry Comte, chef du Pôle Métabolique et Soins Critiques à l’hôpital de Montluçon : « On est parti pour des mois de misère. Les urgences c’est une vitrine parmi d’autres, mais c’est sensible. Ici comme dans beaucoup d’hôpitaux, dans pas mal de CHU et même de grands CHU maintenant, c’est l’ensemble de l’hôpital qui est dévasté. On a une pédiatre pour 7 postes, il nous manque parfois des manip’ radio pour faire des scanners ou des IRM… De temps en temps, on n’en a pas. On a piétiné la santé publique au point de ne plus mettre l’offre de soin où il y a des besoins. C’est notre quotidien désormais. » Un quotidien qui va se prolonger. La fermeture des urgences, initialement prévue pour durer une journée, va finalement se prolonger au moins 24 heures de plus, jusqu’au mercredi 1er juin inclus. Dans le secteur de Montluçon, en cas d'urgence : appelez le 15 qui vous redirigera vers une prise en charge adaptée. Dans l’Allier, il manque 70 urgentistes.