Dans l’Allier, après de multiples alertes sur ses conditions de travail, la dernière pédiatre titulaire du service pédiatrie de Montluçon part le 1er novembre. L’hôpital n’arrive pas à recruter de pédiatres et un collectif de 1 600 personnes s’est créé en juin pour lancer un cri d’alerte.
A l’hôpital de Montluçon, dans l’Allier, elles étaient deux pédiatres pour gérer un service qui en nécessite sept. Aujourd’hui le Dr Trraf est seule titulaire assistée d’internes. La charge de travail est dense : les urgences, 26 lits d’hospitalisation et 1 000 accouchements par an. La médecin a décidé de quitter l'hôpital le 1er novembre prochain. Le Dr Hiba Trraf, chef du service pédiatrie de l'hôpital de Montluçon, explique : « Je refuse de mettre en danger la vie d’un enfant parce que les conditions de travail ne sont pas optimales. Je me trouve à gérer une situation réanimatoire le lendemain d’une nuit où j’ai dormi deux heures, parce que j’ai été beaucoup appelée. En même temps j’ai des patients qui attendent aux urgences, avec parfois des parents qui sont impatients, parce qu’ils ne comprennent pas pourquoi le médecin n’est pas là tout de suite, car je suis en train de gérer autre chose et je prends des appels en même temps. Il suffit d’une minute d’inattention pour faire une bêtise, qui a de lourdes conséquences ». Elle ajoute : "J'avais décidé de partir au départ au mois d'avril. J'ai repoussé ma date de démission, parce que, voyant arriver l'échéance et que rien n'était prévu derrière moi, je ne me voyais pas laisser la population comme ça. J'ai voulu alerter plus fort, dire les choses de façon plus formelle, avec une lettre de démission formalisée. Je voulais laisser un délai de six mois pour que les autorités de santé puissent se retourner et préparer la suite".
Des parents inquiets
Le travail est tellement dégradé que les pédiatres manquent à l’appel. Mais le Dr Trraf rend sa blouse le 1er novembre. Que va devenir le service pédiatrie ? Un collectif s’est créé pour le défendre : des professionnels de santé et surtout des parents inquiets. Mila, 21 mois, a un souffle au cœur. Cloé Rainha, maman de Mila, souligne : « L’hiver va arriver donc j’angoisse de me dire comment cela va se passer si elle me refait une crise. Est-ce qu’elle va être suivie comme il faut ? Est-ce qu’ils vont bien tout détecter ? Vont-ils faire ce qu’il faut tout de suite ? Ou est-ce que ça va mal se passer comme la dernière fois et que ça ira jusqu’au drame ? ». Yannick Coite est le papa de Maëlyne, 8 ans. Il indique : « Mon enfant, en tant que petite fille non verbale, c’est-à-dire qu’elle ne peut pas parler à cause de son handicap, quand elle se lève et qu’elle a un rhume, il faut aller voir un pédiatre pour savoir si elle a quelque chose aux oreilles, à la gorge. Il faut un pédiatre pour les certificats médicaux et pour avoir un suivi spécialisé. Tous les médecins ne peuvent pas prendre en charge des pathologies polyhandicapées ».
Une manifestation programmée
La direction de l’hôpital n’a pas voulu répondre à nos questions. Mais la situation à Montluçon est celle de beaucoup d’hôpitaux de petites villes de France. La réponse aux déserts médicaux est politique : le collectif "Les orphelins du soin" organise une manifestation le 17 septembre devant l’hôpital.