Marine nationale : connaissez-vous la frégate Auvergne ?

Peu d’Auvergnats le savent, mais une frégate de la Marine nationale porte le nom d’Auvergne. Opérationnelle depuis 2018, elle peut agir partout dans le monde. Puissamment armée, elle s’intègre dans la politique de dissuasion de la France. On vous dit tout sur ce bâtiment militaire.

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Si je vous dis « frégate Auvergne », vous ne saurez probablement pas de quoi je vous parle, sauf si vous êtes bien informé. Il s’agit d’une frégate multi-missions, une FREMM dans le jargon militaire, qui s’avère être une pièce maîtresse sur l’échiquier naval. La frégate Auvergne est opérationnelle depuis 2018. Le capitaine de vaisseau Franck Auffret, commandant de la frégate Auvergne, explique pourquoi elle a été baptisée ainsi : « Toutes les FREMM ont pris le nom de régions. Cela a été décidé au début des années 2000 et il y avait encore 22 régions à l’époque. L’Auvergne en faisait partie. Il y a aussi la frégate Aquitaine, Bretagne, Normandie, Languedoc, l’Alsace et la Lorraine. Cela fait aussi référence à d’autres unités qui ont porté ce nom par le passé. Il y a eu des cuirassés qui ont porté le nom de régions, lors de la première et de la seconde guerre mondiale. Cela permet de rappeler l’histoire ».
Le commandant présente le bâtiment qu’il dirige : « La frégate Auvergne est la quatrième des huit frégates multi-missions (FREMM) de la Marine. Ce sont des frégates de premier rang, de nouvelle génération. Elle a été admise au service actif en 2018 et elle navigue sur les eaux depuis cinq ans. Physiquement parlant, c’est une frégate de 142 m de long et de 20 m de large. Elle pèse 6 000 tonnes. C’est une frégate dont la propulsion est hybride : elle est électrique, pour consommer peu, ce qui lui permet de naviguer en étant assez autonome  à 30 km/h et elle possède une turbine à gaz, ce qui lui permet d’atteindre des vitesses élevées, 27 nœuds soit 50 km/h ».

"Elle est pensée pour le combat de haute intensité"

La frégate est puissamment armée. Le capitaine de vaisseau Franck Auffret explique : « Elle est pensée pour le combat de haute intensité. La frégate est armée de missiles anti-aériens, des missiles Aster 15 et de missiles antinavire, des missiles EXOCET. Elle est équipée d’artillerie lourde et légère. Elle est équipée de radars très performants pour détecter au-dessus et sous la surface de la mer : elle a un radar multifonctions et un système de sonars, avec un sonar de coque, un sonar remorqué qui donne d’excellentes capacités de détection. Pour preuve, la frégate Auvergne, comme trois autres, a reçu cette année le prix Hook ‘Em award, un prix décerné par la sixième flotte américaine pour les unités qui se montrent particulièrement exigeantes sous la mer. C’est un vrai signe de reconnaissance des capacités de cette frégate ».

110 marins à bord

Le commandant évoque les marins à bord du vaisseau : « La frégate Auvergne c’est surtout un équipage, avec près de 110 marins, auxquels on peut ajouter les 12 membres du détachement aéronautique. On a la capacité d’embarquer un hélicoptère Caïman. Il est capable de mettre à l’eau un sonar trempé, tiré par un câble et d’utiliser un radar équipé de caméras infrarouges ». La moyenne d’âge de l’équipage est de 31 ans. Le plus jeune n’est pas encore majeur. Le plus âgé a 55 ans. C’est un équipage qui est complètement mixte. Il y a actuellement 12 femmes à bord, soit un peu plus de 10 % de l’équipage. Dans l’équipage, on compte une vingtaine de métiers différents. « Quand la frégate quitte le port, c’est comme si une petite ville partait en mission et devait être autonome. On a besoin de cuisiniers, de boulangers, d’administrateurs RH, de logisticiens, des pompiers. On a bien sûr des métiers spécifiques à la frégate : des acousticiens, des détecteurs, des artilleurs qui vont mettre en œuvre les armes du bateau, des timoniers qui sont là pour gérer la conduite du navire » souligne le commandant.

De Toulon à Brest

La frégate est désormais basée à Brest, après avoir connu Toulon comme port d’attache. Durant ses quatre premières années, elle était encore dans le Var. Elle a fait plusieurs déploiements avec le groupe aéronaval et des missions en Méditerranée orientale ou en Mer Noire.

Sur la vidéo ci-dessous, vous pouvez voir le passage du détroit du Bosphore en 2022.


La frégate Auvergne a changé de port d’attache, en décembre dernier, pour un meilleur équilibrage des forces  Elle fait partie du réservoir de forces de l’action navale. Elle peut agir partout dans le monde. Le capitaine de vaisseau Franck Auffret décrit les missions du vaisseau : « La frégate concourt directement à la dissuasion. C’est quelque chose d’assez fort car c’est la garantie de la souveraineté et les événements récents en Ukraine nous le rappellent. La frégate protège les sous-marins lanceurs d’engins qui sont déployés depuis Brest. Avant qu’ils ne se diluent dans les océans, il faut être capable de les accompagner, de les protéger pour éviter qu’ils ne soient détectés par un autre sous-marin. On concourt aussi à la dissuasion pour protéger une des composantes aériennes de la dissuasion nucléaire, la force aéronavale nucléaire qui est sur le Charles-De-Gaulle. On protège le porte-avions lorsque la frégate est intégrée au groupe aéronaval. La frégate Auvergne a déjà contribué à accompagner le porte-avions dans ses missions ». Mais ce n’est pas tout. Le commandant poursuit : « Il y a aussi une mission particulière car la frégate dispose de missiles de croisière navale. Nous avons une capacité de projection de puissance, qui peut être utilisée dans le cadre d’interventions ou au cours d’une dissuasion conventionnelle. Il s’agit d’un outil assez fort au niveau stratégique, à la main du politique. La frégate est aussi capable d’assurer tout le panel des missions communes aux unités de la Marine, notamment des actions de prévention, de protection, de connaissance, d’anticipation. On lutte aussi contre différents trafics, comme le trafic de migrants, d’armes, de drogue ».

Des connexions avec l'Auvergne

La frégate a tissé des liens avec la région qui porte son nom. Le commandant raconte : « On a établi quelques partenariats depuis la création de l’équipage. On a une ville marraine, qui est Montluçon. En janvier dernier, nous sommes venus et on a pu échanger avec le maire et la ville. On est notamment intervenus auprès de lycées de Montluçon pour présenter les enjeux maritimes et la Marine de façon générale. On parraine deux préparations militaires marines de la région Auvergne : la PMM de Montluçon et la PMM de Cusset-Vichy. On a profité de notre passage au mois de janvier pour participer à la remise des fanions de ces préparations militaires. On a aussi un partenariat avec le 92e RI de Clermont-Ferrand. On espère embarquer prochainement des soldats du 92e RI à bord. Il n’y a qu’un seul militaire de la frégate qui soit originaire d’Auvergne. Il est né en Auvergne mais il est breton. On est nombreux à découvrir la région Auvergne à chaque fois qu’on fait des échanges ».
Le capitaine de vaisseau Franck Auffret indique : « J’étais le commandant de la Lorraine en septembre 2021. J’ai fait l’armement de cette frégate à Lorient avec 80 % de l’équipage. On a fait une bascule d’équipage entre la Lorraine et l’Auvergne lorsqu’on a descendu la Lorraine à Toulon en novembre. J’ai pris le commandement de la frégate Auvergne tandis que mon prédécesseur a pris celui de la Lorraine. Je suis le commandant depuis le 30 novembre. Je suis fier de mon équipage. Il a eu beaucoup de défis à relever. Je suis fier de voir un équipage qui grandit, qui progresse, qui donne son maximum pour être le plus performant, qui réussit à conduire ce bateau qui est extrêmement complexe ». 

Montluçon, sa marraine

La ville de Montluçon est donc la marraine de la frégate depuis le 26 mai 2018. Frédéric Laporte, maire (LR) de la commune bourbonnaise, raconte la genèse de ce parrainage : « Mon prédécesseur avait cela dans ses cartons. Le président national des villes marraines est Louis Giscard d’Estaing. Une nouvelle frégate Auvergne allait voir le jour et on s’est dit que Montluçon pouvait la parrainer. D’autres villes d’Auvergne avaient déjà parrainé des bâtiments militaires et pour nous, il s’agissait d’une opportunité ». Ce parrainage n’est pas qu’honorifique, il s’accompagne d’un programme d’actions. Frédéric Laporte insiste : « Je tourne ce parrainage presque exclusivement en direction de la jeunesse. Il y a des classes défense dans des établissements scolaires de la ville. Il y a des jeunes qui sont partis à Toulon quand c’était encore le port d’attache de la frégate. Il y a deux ans, on a créé une préparation militaire marine à Montluçon. L’idée est d’offrir à des jeunes une vision structurée et une formation civique sur la défense, sur l’armée et sur la vie en communauté ». Selon le maire, les liens entre la frégate et la ville de Montluçon sont forts. Il conclut : « On a fait une manifestation ensemble en janvier, avec la remise des fanions. On a des contacts tous les mois avec la frégate. On a financé en partie une fresque réalisée par un peintre à l’intérieur du bâtiment. Les marins viennent défiler pour le 8 mai et le 14 juillet, selon leurs disponibilités. Ce n’est pas que du prestige, il y a une vraie présence réciproque. Les commandants ont toujours été très présents à Montluçon. Pour nous, c’est un signe de reconnaissance ».
Véritable épine dorsale de la force d’action navale française, la frégate Auvergne attend de réaliser de nouvelles missions opérationnelles, en portant haut les couleurs d’une ancienne région administrative.

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