Ce jeudi 20 mai, huit mineurs délinquants et une centaine d’élèves de l’école de Gendarmerie de Montluçon, dans l'Allier, ont randonné ensemble. Dix kilomètres de marche durant lesquels ils ont pu échanger et démonter les stéréotypes des deux côtés.
Une marche de 10 km regroupait ce jeudi 20 mai les élèves gendarmes de l'école de Montluçon et quelques adolescents multirécidivistes du Centre éducatif fermé (CEF) de Pionsat (Allier). Pour les élèves gendarmes comme pour les jeunes, l’objectif de ce partenariat était de se découvrir et de mieux comprendre les situations de chacun. Deux mondes opposés qui sont parvenus à échanger le temps de la balade.
« Sortir des représentations »
Jeudi matin, la centaine d’élèves gendarmes et les 8 jeunes du CEF se sont retrouvés à Voussac (Allier). Pendant 10 km, les jeunes du centre ont découvert le quotidien des militaires. « C’est important de montrer à la population comment on travaille, nos formations, la vie en caserne, explique Dama, élève gendarme. On est des citoyens à part entière et on est juste là pour défendre notre pays et la population. » Elisa, une de ses camarades ajoute : « Cette journée permet aux jeunes de voir notre milieu et d’apprendre de nouvelles valeurs. »
Le CEF évoque sa volonté « d’amorcer un changement dans la vision que les mineurs peuvent avoir des forces de l’ordre et réciproquement ». Pour son directeur, Jean-Pascal Blache, « L’intérêt, c’est de sortir des représentations. Que les élèves gendarmes peuvent avoir sur nos jeunes, les jeunes sur les gendarmes et même sur l’image que les jeunes peuvent avoir d’eux-mêmes. Ce qui les caractérise, ce n’est pas uniquement les actes qu’ils ont fait, ce sont avant tout des jeunes. » Il espère que cette randonnée leur permettra « de se voir autrement et de voir qu’un gendarme, derrière l’uniforme, c’est aussi un homme ou une femme. »
De la réticence puis de l’échange
« Ce qui a motivé cette première expérience, c’est un échange avec la psychologue de l’école de Gendarmerie. L’idée, c'est de renouer un contact avec des forces de l’ordre, explique Adrien Chirain, psychologue du CEF. Ce premier test s’est très bien conclu. Ce qui est parlant, c’est les sourire des jeunes, ils étaient réticents au début mais se sont libérés au fur et à mesure de la marche et ont pu avoir des échanges avec les élèves gendarmes. »
Ces mineurs sont notamment mis en cause dans des affaires de vols avec violences ou de trafic de stupéfiants. « Au début je ne voulais pas venir. Mais ça me plait bien, même si c’est fatiguant. La plupart du temps, les policiers, je les voyais méchants, qui cherchent les embrouilles. Mais là ils sont gentils, on apprend leur routine, ce qu’ils font », explique un jeune du CEF. Sur les six mois de placement au centre, il ne lui en reste plus qu'un avant le retour à la vie normale : « La liberté me manque mais je vais m’en sortir. Voir des gens qui travaillent, ça donne envie de réussir. J’aimerais travailler dans un restaurant. »
Les encadrants du Centre éducatif fermé et l'école de Gendarmerie de Montluçon projettent déjà d'autres sorties communes. Avec toujours le même objectif : casser les préjugés et pourquoi pas changer l'avenir.