Le feu qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris a mis en évidence l’utilité des drones lors de certains incendies d’envergure. Dans l’Allier, la première utilisation par les sapeurs-pompiers remonte à janvier 2019, à Domérat. Une unité « drones » est en cours de constitution.
Les drones sont de précieux alliés dans l’organisation de la lutte contre les incendies. La cathédrale Notre-Dame de Paris en est sans doute l’exemple le plus médiatisé. Mais avant cela, déjà, les sapeurs-pompiers ont entrepris de faire appel à ces petits engins aériens. Dans l’Allier, la première utilisation remonte au 21 janvier 2019 à Domérat près de Montluçon, lors de l’incendie survenu sur le site de Environnement Recycling, spécialisé dans le recyclage de déchets d’équipements électriques et électroniques. Un sapeur-pompier devenu télépilote - et qui pratiquait déjà à titre personnel - a réalisé plusieurs clichés au-dessus de l'entreprise.
« Il a fait 3 ou 4 photos. C’est suffisant pour comprendre l’importance du sinistre et les actions à mener. C’est un complément d’information pour le commandant des opérations de secours », explique le lieutenant Serge Lacoste, chef du service communication au SDIS de l’Allier, le Service départemental d’incendie et de secours. Car le drone présente de nombreux avantages. « En offrant une vue aérienne, on a une vue globale du chantier. Et on peut suivre son évolution. Il y a encore quelques années, on faisait appel à Dragon 63, l’hélicoptère de la Sécurité civile du Puy-de-Dôme pour une reconnaissance aérienne. Là, ça évite de le solliciter uniquement pour une prise de vue », poursuit-il.
"Quand on est dans les fumées au sol,
on ne voit pas l'étendue du sinistre"
L’appareil a été acquis par le SDIS 03 il y a « 8 à 9 mois ». Et une unité « drones » est en cours de constitution dans l’Allier. Un premier sapeur-pompier a été formé durant 15 jours à l’ECASC de Valabre, Ecole d’application de sécurité civile dans les Bouches-du-Rhône. D’autres vont suivre. L’objectif, à terme, est d’avoir « trois à quatre télépilotes » dans les effectifs pour qu’en fonction des roulements, au moins une personne soit disponible. Il s’agit aussi de rédiger en interne un « manuel d’activité » et de mettre en place un "protocole" avec la préfecture recensant les scenarios opérationnels. L’utilisation d’un drone est strictement encadré. « Normalement, il faut faire une demande anticipée. Mais nous, ce n’est pas possible. On est sur le principe d’une dérogation », détaille le lieutenant Serge Lacoste. Les sapeurs-pompiers de l’Allier travaillent sur la base de l’arrêté du 18 mai 2018 "relatif aux exigences applicables aux télépilotes qui utilisent des aéronefs civils circulant sans personne à bord à des fins autres que le loisir".
"L'idée, c'est de s'en servir dès que l'intervention
présente une ampleur qui le nécessite"
Une démarche qui ouvre de nouvelles perspectives pour améliorer la qualité du service. Et les champs d’application ne se limitent pas au bâti.
« Sur des feux de végétation, ça permet de cibler les objectifs à protéger comme une maison ou une ferme. En milieu escarpé, comme dans les gorges de Chouvigny, où ce n’est pas toujours facile d’amener des moyens terrestres, ça permet aussi de trouver le meilleur accès à l’instant T. En terme de recherche de victimes, de personnes égarées, on peut aussi recourir à un drone avec une caméra thermique qu’on va acheter. Il y a également un intérêt pour le personnel, on peut voir si on était bien placé pour parfaire la formation. En fin de compte, ça parle, c’est un grand dessin ! », résume Serge Lacoste. Le SDIS de l'Allier espère être opérationnel dès la période estivale.