TEMOIGNAGE. A 14 ans, elle a choisi l'amputation de la jambe pour vaincre son cancer et pouvoir continuer le sport

A 14 ans, Maëlle Lintz apprend qu'elle a un cancer des os à la cheville. La jeune Montluçonnaise fait alors le choix de l'amputation plutôt que la pose d'une prothèse. En juin 2019, à 17 ans, elle a remporté 2 médailles de bronze aux European Para Youth Games à Helsinki. Témoignage.

C'est un témoignage qui inspire le respect et qui peut être lu comme une véritable leçon de courage. L'histoire vécue, adolescente, par Maëlle Lintz n'est pas commune et elle impose le respect. Confrontée à l'annonce d'un cancer des os à la cheville, à l'âge de 14 ans (en 2016), elle doit très vite faire un choix : celui d'une prothèse, une arthrodèse, qui viendrait bloquer sa cheville ou l'amputation en-dessous du genou. Elle choisit alors la seconde option. Un choix motivé pour des raisons médicales, "il y a moins de risques pour que le cancer revienne", explique-t-elle, et pour des raisons pratiques. Elle l'assure : "avec la technologie d'aujourd'hui, avec cette prothèse je refais tout comme avant". Aujourd'hui, elle raconte cette expérience et parle des bénéfices qu'elle a su en tirer. Trois ans après cette opération, elle a remporté deux médailles de bronze aux European Para Youth Games en juin en Finlande (400 mètres nage libre et 200 mètres quatre nages), et elle vient d'entamer une Licence de psychologie.

C'était un choix difficile ?
Non, parce que je l'avais déjà prévu au tout début. Avant de commencer la chimiothérapie, on m'avait déjà parlé de ces deux solutions. J'ai toujours été dans l'optique de l'amputation.

A 14 ans, faire un choix comme celui-là, on imagine que c'est dur...
Oui, parce qu'on bascule dans l'inconnu. On se dit que c'est forcément difficile parce que, après, il va falloir s'adapter à plein de choses dans la vie quotidienne, mais aussi au regard des autres. Mais c'est un choix volontaire, on ne me l'a pas imposé donc c'était beaucoup plus facile. A ce moment-là, on est dans l'état d'esprit de gagner et tout ce qu'il y a autour ne nous atteint pas. 

Quand on se bat, avec de la volonté, on arrive toujours à quelque chose à la fin.

Tu es sportive, tu étais triathlète jusqu'à l'amputation, c'est ce qui t'a donné la force de continuer à vivre ?
Oui, le sport et la famille aussi. A aucun moment je me suis dit qu'il fallait que j'abandonne. J'ai toujours voulu aller de l'avant. Il ne faut pas rester au point mort, à se lamenter ou à toujours se demander pourquoi, on n'aura jamais la réponse. Il faut se dépasser, il faut aller au-delà, se bousculer nous-même.En septembre 2017, tu entres au Pôle natation handisport de Vichy et tu retrouves la compétition...
C'était un peu une forme de récompense. Déjà, petite, j'ai toujours voulu aller vers le haut niveau. Et le fait de pouvoir y aller, malheureusement, par le biais de la maladie, c'était un peu une récompense. J'ai gagné de la confiance en moi et ça m'a aussi prouvé que je pouvais refaire ce que je voulais, comme avant avec mes deux jambes.

Comme je le dis souvent, je suis heureuse qu'il me soit arrivé tout ça.

Ces deux médailles aux Championnats d'Europe à Helsinki, c'est de la fierté ? C'est se dire qu'on n'a pas fait tout ça pour rien ?
C'est ça. Comme je disais, c'est une récompense. Quand on se bat, avec de la volonté, on arrive toujours à quelque chose à la fin. 

Est-ce une forme de revanche sur le destin ces victoires ?
Comme je le dis souvent, je suis heureuse qu'il me soit arrivé tout ça. Sans ça, je n'aurais pas connu les gens que j'ai rencontrés, je n'aurais pas gagné ces médailles, je n'aurais pas vécu tout ce que j'ai vécu. Je pense que dans la vie, quand on ne vit rien de difficile, ça ne nous apprend pas grand chose... Je veux dire que je ressors grandie de cette expérience, j'ai mûri sur plein de choses...

Si tu avais un conseil à donner à des personnes qui, demain, se retrouveraient dans ce même type de handicap, lequel serait-il ?
Dépassez-vous. Dîtes-vous que les gens autour on n'en a rien à faire. Dans la société d'aujourd'hui, on est tous en train de se juger pour quoi que ce soit pour sa couleur de peau, son orientation sexuelle... Je pense qu'il ne faut pas avoir peur d'affronter les choses et de ne pas être comme les autres. C'est justement quand on n'est pas comme les autres qu'on sort de l'ordinaire.
Enquêtes de région : "le dépassement de soi" | le 9 octobre à 23h15
Le dépassement de soi, c'est le thème retenu pour le nouveau numéro de notre magazine "Enquêtes de régions", diffusé mercredi 9 octobre à 23h15 sur France 3. 

Le sommaire :
  • "Lève-toi et marche", le centre de médecine physique et de réadaptation de Pionsat, dans le Puy-de-Dôme, a mis au point un exosquelette qui permet aux personnes paraplégiques de marcher.
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  • "La cordée rose", un groupe de femmes de l'association grenobloise 'Des sommets pour rebondir" se prépare à l'ascension d'un sommet alpin pour se relever d'un cancer du sein.
Les autres reportages dans cette émission présentée par Julien le Coq : "Plus fort que le bégaiement" et "retrouver la force sur les chemins de Saint-Jacques".

 
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