Au centre hospitalier de Moulins-Yzeure, un mouvement de grève illimité a débuté le 16 janvier dans les pôles de santé mentale. Les salariés protestent contre la dégradation de leurs conditions de travail : manque de personnel, manque de matériel, ou encore locaux vétustes.
"SOS de médecins en détresse", "HP en grève"... des slogans qui ont pris place devant le centre hospitalier de Moulins-Yzeure. Les revendications sont nombreuses : conditions de travail, état des locaux et du matériel… Mais avant tout, c’est le manque de personnel qui a favorisé le déclenchement du mouvement de grève illimité. Un problème qui devient récurrent à l'hôpital public, qui est en crise. Cette chanson, ce n'est pas la première fois que vous l'entendez, signe d'un système de santé qui se dégrade. Cette fois, ce sont les salariés de l'hôpital psychiatrique du centre hospitalier de Moulins Yzeure qui arrivent à bout de force. Après avoir tiré la sonnette d'alarme, ils lancent un mouvement de grève illimité pour tenter de se faire entendre.
"On fonctionne avec des médecins intérimaires qui arrivent, qui ne connaissent pas les patients, qui sont là pour une semaine, quinze jours, un mois ou deux, ça dépend. Donc ces gens-là font de leur mieux, mais le problème, c'est que les patients sont obligés, à chaque fois, de déballer à nouveau ce qu’a été leur vie, leurs souffrances, et le suivi n’est pas continu", revendique Solange Roizil, infirmière dans l'un des pavillons.
La psychiatrie, le parent pauvre de la médecine
Les salariés se disent en sous-effectifs dans tous les services. Ils travaillent en équipe minimum et se déclarent épuisés. "Ça fait longtemps que les conditions de travail se dégradent sur le site et ça fait longtemps qu’on alerte. Les agents ne peuvent plus travailler dans ces conditions : l’état de délabrement des locaux est extraordinaire, on ferme les pavillons un à un, on est en sous-effectif dans tous les services, se désole Jérôme Sennepin, secrétaire général FO CHMY. Il y a une perte de sens énorme chez les soignants. Ils reviennent sur leurs jours de repos, ils ne comprennent plus leur travail. La psychiatrie est touchée au niveau national, mais à Moulins, on a l’impression qu’elle est encore plus durement touchée", poursuit-il.
Un manque d’effectif qui s’explique par des arrêts maladies ou des professionnels qui partent à la retraite, sans être remplacés. Une situation qui risque d'empirer, puisque d’autres agents cherchent à quitter l’établissement, au vu de toutes ces conditions de travail qui laissent à désirer.
Rendre attractif le secteur pour recruter plus facilement
À cela, il faut ajouter la prise en charge, par le pôle moulinois, des patients sous contraintes de soins de Montluçon, depuis que l’hôpital a perdu son agrément en 2022. Et leur peine ne s’arrête pas là, puisque deux médecins ont annoncé leur départ.
Une situation compliquée que la direction peut difficilement nier. Elle assure tout faire pour recruter et compte sur l’attractivité d’une reconstruction du site, déjà entamée, pour embaucher de nouveau. "Ça démarre en 2024 et ça se termine en 2026. C’est un investissement d’envergure de 37 millions d’euros pour le centre hospitalier de Moulins-Yzeure, et sur lequel l’ARS nous suit. Actuellement, nous avons une extension qui a été ouverte mi-décembre. Il s’agit d’une unité d’urgence", souligne Laurence Garo, directrice générale du CHMY
Un service minimum par assignation permet d’assurer les soins. Une réunion est prévue avec la direction, mais les personnels en grève annoncent d’autres actions à venir.