Le Réseau Education Sans Frontières organisait ce dimanche 2 février à Moulins, dans l'Allier, une manifestation pour faire revenir de Turquie une jeune femme kurde, habitante de la commune depuis 2012, séparée de son mari et ses trois enfants par une procédure d'expulsion.
Aysé est une jeune femme kurde, arrivée en France il y a 8 ans, sans ses papiers, pour rejoindre Halit, un jeune turque avec qui elle s'est mariée à Moulins, dans l'Allier, en 2015, contre l'avis de sa famille en Turquie.
Halit est installé en France depuis 16 ans, en situation régulière. Il est chef d'entreprise à Moulins. Le couple y construit sa vie, et Aysé donne naissance à trois enfants, aujourd'hui de 2, 4 et 6 ans, scolarisés à Moulins. Plusieurs fois, elle tentera de régulariser sa situation, en vain.
Le 25 novembre dernier, la jeune femme a été interpellée à Moulins, devant ses enfants, avant de passer deux semaines en centre de rétention, à Lyon. Elle a été finalement été expulsée dans son pays d'origine, en Turquie, le 11 décembre.
Depuis deux mois, la famille est séparée. Son mari, Halit, accuse la préfecture, qui a enclenché la procédure d'expulsion, d'avoir brisé sa famille.
Quand elle est partie, je me suis inquiété pour mes enfants, ils ont coupé une famille carrément en deux… Aujourd’hui ma femme, ça ne va pas, ses enfants lui manquent. Je suis allé la voir pendant une semaine, elle n’allait pas bien, elle pleurait tout le temps. Ça faisait 8 ans qu’elle n’était pas retourné en Turquie et là, du jour au lendemain, ils l’ont renvoyé.
Manifestation pour son retour tous les dimanche au marché de Moulins
C'est pourquoi une manifestation a été organisée ce dimanche 2 février, en parralèle du marché de Moulins, par le Réseau Education Sans Frontières (RESF), afin de soutenir la famille et d'exiger le retour de la jeune femme.Pour Mireille Pasquel, porte-parole de RESF, l’intérêt supérieur de l’enfant doit primer sur les questions administratives de papiers.
Halit a confié ses enfants à ses parents, à Marseille. Un réseau de soutien s'est mis en place pour faire revenir la maman. Un dossier de regroupement familial a été déposé, et vient enfin d'obtenir l'avis favorable de la préfecture. C'est l’Office français de l’immigration et de l’intégration de Clermont-Ferrand qui devra ensuite se prononcer.
Peut-être qu'elle n'a pas bien fait d'entrer illégalement en France, mais la préfète aurait d’abord dû tenir compte de l’intérêt des enfants. C’est la Convention internationale des droits de l’enfant qui le dit. On manifeste pour dire que cette jeune femme doit revenir. Elle s’est mariée à Moulins, ses enfants sont nés et scolarisés à Moulins, son mari est chef d’entreprise à Moulins. On ne comprend pas comment c’est possible de séparer des familles. Son enfant de 4 ans qui était présent pendant son arrestation fait des cauchemars parce que les policiers ont enlevé sa maman...
Les membres du réseau de soutien signalent qu'il continueront de manifester, chaque dimanche à Moulins, tant qu'Aysé n'est pas revenue. "Parce qu'on es tenace", sourit Mireille Pasquel.