Cet hiver, le département de l'Allier s'était porté volontaire pour expérimenter les uniformes dans les collèges à la rentrée prochaine. Six mois plus tard, aucun établissement n'a souhaité participer, faute d'engagement des parents et des enseignants.
Au niveau national, 124 établissements scolaires au total ont souhaité s'engager pour participer à l'expérimentation du port de l'uniforme dès la rentrée scolaire 2024. Mais à ce jour, seuls 79 projets ont été validés, selon le ministère de l'Education, alors que ce samedi 15 juin marquait la date limite pour que les collectivités se portent candidates. Au départ, ce sont les collectivités qui se sont portées volontaires, mairies, départements, régions. Ensuite, les projets devaient obtenir l’aval des conseils d’écoles ou des conseils d’administrations, dans les collèges et les lycées. Mais les enseignants, les parents, les élèves, n’ont pas tous accepté.
"Ils attendaient du volontariat, ce n'est pas venu"
Plusieurs conseils d’écoles et conseils d’administration de collèges et de lycées ont ainsi rejeté l’initiative. Dans le département de l’Allier qui s’était lancé dans l’aventure pendant l’hiver, aucun collège n’a finalement souhaité participer. "L'uniforme n'est pas vu, par la communauté éducative, comme une solution aux problèmes actuels. Ce faible succès est une expérimentation en soi, il faut en tirer des conclusions", confie Juliette Grand, membre du syndicat Snes 03. Le gouvernement avait évoqué le harcèlement scolaire pour expliquer cette mesure. Mais selon la syndicaliste, pour lutter efficacement contre ce fléau, "il faudrait d'abord avoir des psychologues dans nos établissements". "Dans mon collège à Bourbon-l'Archambault, ça fait des mois qu'il n'y en a plus, ni de psychologue, ni de professeur d'histoire-géographie".
Les collectivités ont pris conscience ces derniers mois que sans le soutien et la volonté des parents et des enseignants, cette expérimentation ne pourra pas se réaliser. "Nous avons donné les moyens aux établissements de le faire mais aucun établissement n'a répondu positivement. Certains étaient intéressés mais ils ne sont pas allés jusqu'au bout", annonce Gérald Gordat, directeur de cabinet de Claude Riboulet (UDI), président du conseil départemental. "Et puis le projet n'a pas été porté très longtemps au gouvernement, avec le contexte actuel encore moins". "Ils attendaient du volontariat, ce n'est pas venu. Mais ce n'est pas étonnant, l'uniforme c'est un grigri utilisé pour régler certains problèmes, mais c'est un pur fantasme", raconte la professeure d'histoire-géographie.
C'est complètement hors-sol. C'est une initiative politique et non une volonté du terrain.
Juliette GrandProfesseur d'histoire-géographique et membre du Snes 03
Pour Juliette Grand, les absences, le manque de personnel, la réforme du choc des savoirs sont les vrais soucis de ces dernières années. "Réglons les vrais problèmes !", demande-t-elle. Les élus du département ne souhaitent pas se prononcer sur des décisions prises par les établissements eux-mêmes.