En raison du coronavirus COVID 19, la plupart des liaisons aéroportuaires internationales sont interrompues. Pour les Français à l’étranger, il est presque impossible de rentrer au pays. C’est le cas d’Ella Medjkoune, originaire de l’Allier, bloquée en Australie.
La crise sanitaire du coronavirus COVID 19 a conduit à la fermeture de la quasi-totalité des liaisons aéroportuaires internationales. Ella Medjkoune a 23 ans, elle est étudiante en marketing et est originaire de Dompierre-sur-Besbre, dans l’Allier. Partie en Australie pour perfectionner son anglais à l’automne 2018, elle n’imaginait pas que son retour en France serait aussi complexe.
Quelle est votre situation en Australie ?
Ella Medjkoune : « Je suis venue ici en novembre 2018. Avec l’arrivée du coronavirus, je me suis dit qu’il serait temps de rentrer en France, à la maison. J’avais prévu mon premier billet le 17 mars et, pas de chance, Monsieur Macron a fait une annonce la veille. Le soir où j’étais prête à partir avec ma valise, la compagnie aérienne m’a dit qu’ils n’allaient plus du tout à Paris, que c’était terminé, qu’ils n’avaient plus le droit d’y aller. J’étais un peu déboussolée, perdue, ils me disaient que la seule solution était d’aller à Londres et de payer à nouveau un billet. Le problème, c’est qu’il me restait à peine une heure pour trouver un billet et que j’avais déjà mis toutes mes économies dans ce billet. Le billet pour Londres était à 1200$, soit 800€, je n’avais pas cette somme. Heureusement, j’ai des amis qui habitent à 1h30 de Brisbane, où je suis. Depuis ils me logent et me nourrissent gratuitement. Nous avons ensuite regardé d’autres billets avec Emirates, qui volait encore après le confinement. Les billets pour le lendemain étaient extrêmement chers, 8 000$ pour une personne, c’est énorme. On en a trouvé un pour la semaine d’après qui était assez conséquent, et grâce à l’entraide, j’ai pu le payer. La veille, la compagnie a annulé le vol, et le remboursement n’est pas prévu pour le moment. Je me retrouve avec deux billets non remboursés et j’attends. »
Ella Medjkoune : « Je les ai eu déjà plusieurs fois au téléphone après mon premier billet annulé. Ils n’étaient pas au courant que la compagnie avait annulé ses vols, ils ne comprenaient pas. J’avais l’impression que leur communication avec les compagnies aériennes n’était pas bonne. Ils m’ont dit de tenter Emirates, c’est là que j’ai pris mon deuxième billet qui a été annulé. Ils m’ont dit ensuite que Qatar Airways proposait encore des billets. Je leur ai dit que je n’allais pas payer à nouveau pour que mon billet soit encore annulé. J’ai tout de même regardé Qatar Airways, mais si je veux prendre mon billet cette semaine, le billet est à 3 500$. Si je le prend plus tard et moins cher, rien ne me garantit que Qatar Airways ne va pas encore une fois annuler. Je ne suis pas la seule dans ce cas, il y a des familles et d’autres backpackers qui dorment à l’aéroport. Toutes les auberges de jeunesse, qui sont moins chères, ferment. Je suis chanceuse d’avoir mes amis ici qui me logent, sinon je ne sais pas où je serais. »
Vous est-il possible de travailler ?
Ella Medjkoune : « C’est très difficile, tout ferme progressivement, les frontières entre les Etats, les restaurants… Il y a beaucoup moins de travail qu’avant. Certains disent qu’il faut aller travailler dans les chaînes de magasins, mais si c’est pour risquer d’attraper le coronavirus, il faut savoir qu’ici, l’assurance maladie n’est pas du tout la même qu’en France. J’ai peur de l’attraper, je reste la majeure partie du temps confinée. Je ne vais pas profiter de la plage, je préserve ma santé. »
Avez-vous des informations gouvernementales concernant votre situation ?
Ella Medjkoune : « Pas du tout. Ici, des gens disent que les backpackers auraient le droit à des financements mais je trouve ça gros. S’ils financent les étrangers, les personnes qui ont perdu leur travail ici, ça ferait beaucoup. On n’a pas vraiment d’information, et les Australiens ne sont pas très inquiets pour le moment. L’Etat français sait qu’on est beaucoup ici, et la seule solution qu’ils proposent, c’est des vols commerciaux chez Qatar Airways. Ils disent qu’il y a beaucoup de vols, nous, on veut bien les prendre, mais ils sont à des prix… on ne peut pas se le permettre. Ce que je voudrais, c’est prendre un billet Air France à un prix qui reste fixe et être sure qu’il ne soit pas annulé. »