Municipales 2020. Son quotidien est "devenu trop pesant", un maire de l'Allier raconte pourquoi il ne se représente pas

A Noyant-d’Allier (Allier), après 3 mandats consécutifs, le maire (SE), Michel Lafay, ne souhaite pas repartir pour un tour de plus. Non. De réunions en réunions, d’appels téléphoniques en SMS à toute heure, son quotidien est « devenu trop pesant ».

Au téléphone, Michel Lafay (maire sortant, sans étiquette, de Noyant-d’Allier) résume ainsi son week-end : « J’ai été appelé trois fois, pour trouver du personnel remplaçant à la maison de retraite et gérer des moutons qui divaguaient sur la route ». Dix-neuf ans que ça dure. Sur place, il est vrai qu’à Noyant-d’Allier (700 habitants), la vie n’est pas si calme qu’il n’y paraît. Nichée dans le bocage bourbonnais, la commune est tout aussi singulière que célèbre. Notamment pour son passé minier et ses corons. Mais surtout pour sa communauté asiatique accueillie au milieu des années 50, au sortir de la guerre d’Indochine, quand il s’agissait, dans ces corons laissés vacants depuis la fermeture de l’exploitation minière, d’héberger à titre provisoire les ressortissants français. Le provisoire a duré et il dure encore. Une aubaine. Aujourd’hui les anciennes mines transformées en musée côtoient la pagode érigée en 1983.
Des bouddhas par dizaines peuplent les lieux, un vénérable veille en permanence sur le temple et les fêtes bouddhistes rythment le calendrier. « On accueille plus de 30 000 visiteurs par an sur ce site, vous vous rendez compte pour un village de 700 habitants ! » s’enorgueillit l’élu avant de s’enthousiasmer. « Bientôt, un jardin d’agrément asiatique viendra compléter le décor. Les touristes entreront par la gueule d’un dragon, long de 40 mètres ». 
                                               

Maire 24/24 et 7/7    

       
La maison de retraite, à la croisée des chemins entre la mairie, l’ancienne mine et le «quartier indochinois », porte aussi l’empreinte de l’élu local. « Après avoir réussi à conserver l’école, j’ai pensé qu’il fallait garder les personnes âgées sur notre commune. J’ai mis huit ans pour bâtir cette maison d’accueil et de résidence pour l’autonomie ». L’ancien maire de Noyant compte d’ailleurs parmi ces résidents. Claude Desfougères, trois mandats lui aussi, vingt-et-un an de service au compteur : « Je comprends Michel, moi je n’en pouvais plus non plus. Trop de papiers, trop de réunions jusqu’à tard le soir, ça n’en finissait plus, j’étais saturé » souffle-t-il comme s’il revivait encore ses années d’élu. Dix-neuf ans plus tard, pas mieux. Michel Lafay surenchérit : « La charge de travail est importante, les réunions se sont amplifiées avec l’intercommunalité, on doit être disponible 24h sur 24, c’est ennuyant ».

"Hier soir encore, j’ai été appelé pour un cochon qui se baladait dans les rues"


Des réunions, des appels téléphoniques, des SMS, le maire doit être l’homme de la situation en toutes circonstances. « Vous comprenez, en milieu rural, tout le monde connaît le numéro de téléphone du maire, ce n’est pas comme dans les grandes villes. Alors au moindre problème, on m’appelle et je dois être réactif, samedi et dimanche compris. Hier soir encore, j’ai été appelé pour un cochon qui se baladait dans les rues ». Quand ce n’est pas un autre administré qui peste contre l’éclairage public. « J’ai aussi reçu un SMS parce que le faisceau lumineux du réverbère, la nuit, gêne les vers luisants de son jardin » se désole-t-il. Bref, « On empiète sur ma vie privée et c’est pesant à la fin ! ». Michel Lafay cède donc son fauteuil de maire. A 73 ans, il a besoin d’un nouveau souffle et Noyant, d’un souffle nouveau.

Zen jusqu’au bout


La propriétaire du restaurant asiatique et originaire du Vietnam, Caroline Guyenne, le regrette déjà : « J’ai eu la chance d’avoir un bon maire et j’espère que le prochain sera aussi bon que Michel. Car il faut travailler en synergie avec toutes les ressources du territoire, avec les élus comme les associations, c’est du gagnant-gagnant. » On croirait entendre là la parole d’un maire. Michel Lafay le reconnaît : « Elle en a largement les compétences, elle travaille pour elle et pour le territoire, c’est la meilleure de nos ambassadrices. ». Noyant compte donc une « ambassadrice » et se cherche un nouvel édile. Trois listes vont se disputer la mairie, Michel Lafay, n’en sera d’aucune des trois. Cet ancien éleveur ovin s’imagine demain bénévole dans une association de randonnées. Serait-ce les bénéfices des ondes bouddhistes de Noyant-d’Allier ? Monsieur le maire aura su rester, en tout cas, zen jusqu’au bout.
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