Jamais les habitants de Saint-Marcel-en-Marcillat, petit village de 135 habitants de l’Allier, n’auraient cru qu’un jour, un médecin ouvrirait un cabinet dans leur commune. Pourtant, le docteur Dejoux, médecin lyonnais, a pris ses quartiers dans la campagne bourbonnaise, une arrivée inesperée.
A Saint-Marcel-en-Marcillat, petit village de 135 habitants au cœur de l’Allier, depuis septembre 2020, le docteur Dejoux sillonne les routes de la campagne bourbonnaise au volant de sa 4L pour ses visites à domicile. « Le but, c’est d’arriver à un vrai mi-temps ou un temps partiel en zone rurale, les jeudis et vendredis. J’ai commencé les jeudis, pas tous, et du lundi au mercredi, c’est une activité urbaine à Lyon. Je n’arrive pas à choisir ! » plaisante le médecin. Désormais, le docteur consulte un jour par semaine, et bientôt deux, dans ce village où il a ouvert un cabinet. Le reste du temps, il est à Lyon. « J’ai exercé pendant 2 ans dans un village voisin. J’aime le contact, on est plus proche des patients ici. On se déplace, c’est vraiment un plaisir de travailler. Après, ce qui me plaît moins, c’est l’absence de l’appui spécialisé. C'était beaucoup plus compliqué, pour avoir une IRM par exemple, il faut vraiment cibler les patients qui en ont besoin. Mais je viens travailler ici avec plaisir, ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps. »
Un retour aux sources
Le docteur Dejoux a immédiatement trouvé une patientèle. Ce samedi 10 juillet, il rencontre une nouvelle patiente venue de la Loire et installée depuis peu à Château-sur-Cher, Ramona Bayod : « Je le vois pour la première fois. Quand j’étais dans la Loire, j’avais un médecin mais il ne venait pas, ou seulement quand j’en avais besoin. Il venait quand je l’appelais. Ici, j’ai besoin de le voir pour renouveler mes ordonnances. Il a l’air bien sympathique, mais il faut que je voie ce qu’il va me donner comme médicaments. » Les visites à domicile en zone rurale, ce médecin en a déjà pratiquées dans sa jeunesse : « Je retrouve mes jeunes années de médecin à la campagne. C’était beaucoup plus compliqué à l’époque, on n’avait pas de GPS… Maintenant, on a des assistances de fin de vie qui sont bien organisées et on n’a plus de nuits à faire. Le domicile devient plus agréable. C’est indispensable d’aller voir les gens chez eux quand ils sont dépendants ».
Une arrivée inespérée
Son retour aux sources est une chance pour les habitants de cette région, aux confins de l'Allier, de la Creuse et du Puy-de-Dôme. « Quand le maire est venu nous annoncer qu’on allait avoir un docteur, on a cru que c’était une blague. On est très contents », se réjouit une habitante, qui peut désormais se rendre chez le médecin à vélo pour faire soigner des problèmes de genou. Pour accueillir ce médecin, volontaire pour s'installer dans les Combrailles, les élus de ce petit village se sont retroussés les manches et ont aidé les entreprises pour réaliser les travaux du cabinet en deux mois, comme l’explique Laurence Blanchonnet, conseillère municipale : « On était tous solidaires pour faire les travaux au plus vite pour que le médecin puisse s’installer. Entre décoller la moquette, boucher les trous, mettre le papier, il a fallu tout organiser. Tout ce qu’on a pu faire nous-même, on a essayé de le faire. On était tellement contents de l’accueillir qu’on s’est mis à fond. » Le docteur Dejoux a promis d'exercer ici pendant 9 ans avant de prendre sa retraite. Peut-être, d'ici là, aura-t-il choisi entre la ville et la campagne et ses nouveaux patients espèrent bien faire pencher la balance : « Vous verrez comme on est bien ici ! »