Découvrez l’histoire de Saint-Clément, village auvergnat autrefois centre de l’Europe, et son évolution depuis la chute du mur de Berlin en 1989.
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La chute du mur de Berlin en 1989 va changer la vie de ce petit village. Saint-Clément, dans l’Allier, devient le centre de l’Europe des 12. De quoi décontenancer le maire de l’époque, Martial Roche, interrogé en 1990 : « Au début, j’ai dit « Non, ce n’est pas vrai, c’est un canular ». J’ai même failli raccrocher le téléphone en disant « Je crois que vous vous fichez de ma figure » ! »
Des souvenirs plein la tête
Jean-Paul Burnol était alors président du comité des fêtes. Il se souvient de cette folle époque où Saint-Clément, 312 habitants, a attiré l’attention des médias du monde entier. La BBC l’a particulièrement marqué : les journalistes se sont littéralement invités chez lui, à leurs risques et périls, se souvient-il : « Ils étaient bien contents, bien sympas, et je leur ai fait goûter de l’eau-de-vie de prune. Ils ont particulièrement aimé. Je ne vous dis pas, le soir, pour aller filmer le match sur le terrain de foot... Le preneur de son n’était pas très chouette. Mais bon, ça s’est bien passé quand même ! »
A l’époque, on ne fait pas les choses à moitié. La municipalité se lance dans la construction d’un bâtiment inauguré en 1992. L’inauguration a été mouvementée avec une manifestation d’agriculteurs contre la réforme de la Pac en 1992. « Il y a eu des manifestations tout du long. On avait mis des barrières pour qu’ils ne traversent pas le pont. Quand les officiels sont arrivés, il y a eu quelques huées », se souvient Jean-Pierre Burnol.
Des habitants partagés
La construction a connu des jours meilleurs notamment à l’époque du vote au référendum de Maastricht. Les télévisions sont revenues et Marie-Louise, la cafetière, rêvait en un monde meilleur. « Je ne demande qu’une chose, c’est que tout le monde soit d’accord maintenant, que la vie soit plus belle, que ça continue toujours, que tout le monde soit bienheureux et que tout le monde s’entende, c’est tout. »
Surprise, le centre de l’Europe refuse l’Europe, comme cette habitante en 1992 : « J’aurais cru que le Oui allait sortir à Saint-Clément, mais c’est le Non. Il n’y a que 2 voix d’écart ! » Il reste encore des souvenirs dans les cartons et perdus dans la végétation. Le bâtiment se dégrade mais la borne IGN et la plaque résistent encore. En 1995, Saint-Clément n’est plus le centre de l’Europe. Ce sera Viroinval en Belgique.
-Propos recueillis par Romy Ho-A-Chuck pour France 3 Auvergne