Fermeture d’un service de pédopsychiatrie à Vichy : « Ça a déclenché une grande colère »

Le service d’hôpital de jour de la pédopsychiatrie de Vichy est fermé jusqu’au 3 janvier 2022. La faute à un trop grand nombre de médecins absents, qui laissent le service sans praticien. L’hôpital ne parvient pas à recruter et ferme donc le service, ce qui provoque la colère du personnel et des syndicats.

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Le service d’hospitalisation de jour est fermé depuis le lundi 6 décembre pour 3 semaines, à l’hôpital de Vichy. Cette fermeture temporaire est liée à l’absence de plusieurs médecins. Pourtant, trois praticiens ont été recrutés il y a un an, deux à temps plein et un à mi-temps, des embauches qui n'ont pas suffit à maintenir l'activité, comme l’explique le directeur du centre hospitalier Jérôme Trapeaux : « C’est à partir de septembre que les choses se sont enchaînées avec le retour d’arrêt maladie d’un médecin revenu en mi-temps thérapeutique, des arrêts maladies d’autres praticiens à tour de rôle, de sorte que les 4 n’ont jamais travaillé en même temps. On s’est retrouvé avec zéro praticien présent la semaine dernière. C’est ça qui a abouti à une situation de crise. La fermeture, prévue à l’origine pour une dizaine de jours à compter du 27 décembre et régulière en période de congés scolaires, a été étendue à 3 semaines. On a été amenés à anticiper cette fermeture du 6 décembre au 3 janvier. »

Un "manque de médecin"

Cette situation exaspère Antoine Jubin, secrétaire du CHSCT pour le syndicat CGT : « On souffre d’un manque de médecin, d’un manque d’attractivité, de locaux qui sont extrêmement vétustes voire totalement dégradés. On a besoin d’apporter à la population une prise en charge décente pour les enfants. Pour des raisons économiques, on n’est pas en capacité de le faire et c’est ce que dénoncent les professionnels, les médecins et les familles présentes. On est attachés à répondre aux besoins des enfants. »

"Tenir un service aussi complexe sans médecin c’est difficilement entendable"

Pour lui, la direction avait d’autres solutions : « Il y a une proposition qui avait été faite par la cheffe de pôle qui avait trouvé un médecin prêt à venir travailler dans l’unité. C’était un médecin généraliste, il n’avait pas la reconnaissance directe en tant que pédopsychiatre mais avait une grande expérience en unité de pédopsychiatrie. Il était prêt à prendre ses fonctions mais la direction n’a pas donné suite. Ça a plongé le service de pédopsychiatrie dans une situation où ils ont été obligés de fermer l’unité d’hôpital de jour pour des raisons légales et de prise en charge. Tenir un service aussi complexe sans médecin c’est difficilement entendable pour les paramédicaux. »

Des contraintes administratives

Pourtant, pour la direction, impossible de recruter ce médecin pour des raisons administratives et légales : « On a créé des postes avec l’ARS mais les voies de recrutement pour cette fonction sont extrêmement complexes. On ne peut pas faire appel à des praticiens étrangers ou de l’union européenne. Le ministre sait qu’on est dans cette situation mais on n’arrive pas à orienter nos étudiants sur ces spécialités. Là, par exemple, on est en discussion avec quelqu’un qui a une compétence mais qui n’est pas porteur de la spécialité, ça pose un problème de garde, d’astreinte et de signature. Même si elle était aujourd’hui dans nos murs, elle pourrait voir les enfants mais elle ne pourrait pas prendre de décision administrative, c’est un vrai problème », explique le docteur Aguileira. Pour exercer en pédopsychiatrie, il faut selon le directeur être inscrit à l’ordre des médecins en tant que pédopsychiatre.

Les urgences toujours assurées

Le syndicaliste Antoine Jubin dénonce également la brutalité de cette fermeture : « La direction nous avait annoncé mercredi dernier qu’ils avaient trouvé une organisation pour permettre à la pédopsychiatrie de pouvoir fonctionner et ça a été le couperet. L’encadrement a réuni les agents pour leur expliquer que vendredi, le service ne serait pas ouvert. C’est ça qui a déclenché une forte colère mais aussi une grande précarité pour les familles et les enfants qui ne s’y attendaient pas. Les soignants n’ont pas pu expliquer les raisons aux enfants et le fait qu’ils ne se reverraient qu’après les fêtes de Noël. Pour certaines familles, c’est compliqué avec le travail. Cette décision a été très violente. » La direction explique quant à elle s’être axée sur « l’urgence et la mise en sécurité des enfants » et avoir choisi cette organisation pour faire face aux urgences, réduisant ainsi l’offre de suivi chronique. Elle rassure, les enfants auront toujours un interlocuteur médical : « On est en difficulté, comme partout mais il n’y a pas d’abandon, ils sont vus sur des structures intermittentes. Il y a une permanence téléphonique, des référents… Aucun enfant ne va rester sans suivi durant la fermeture. »

"Oui, ça a un impact sur leur santé"

Le syndicaliste craint pourtant les répercussions sur la santé des jeunes patients : « Heureusement, les professionnels sont extrêmement engagés et vont faire leur maximum pour qu’il y ait le moins d’impact possible sur les soins et la santé mentale des enfants. Maintenant, on n’est pas à l’abri de passer à côté de troubles ou de crises pour certains enfants, qui auraient pu être évités si le service avait été ouvert. Oui, ça a un impact sur leur santé, car certains ont besoin d’avoir un rythme très régulier. » Selon Antoine Jubin, l’hospitalisation de jour a un rôle prédominant en pédopsychiatrie : « Les enfants sont reçus sur la journée, ça permet de voir comment ils se comportent dans les thématiques de jeu ou au cours d’entretien avec les professionnels. Ça permet de déceler la ou les pathologies dont ils souffrent. On accompagne également les enfants qui ont des pathologies incurables ou qui s’inscrivent sur la durée. On a par exemple des enfants qui souffrent d’autisme. Normalement à l’hôpital de jour il y a 10 places. Aujourd’hui, il y a 28 enfants pris en charge et 10 en attente d’être vus et reçus pour commencer un processus de soins. »

Des inquiétudes du personnel et des familles

Antoine Jubin espère que l’inquiétude des parents et des personnels sera entendue : « Cette décision est nécessaire car il n’y avait pas de médecin mais ce n’est pas parce qu’on ferme un service qu’il n’y a pas de responsabilité. La responsabilité, si demain il y a un enfant qui fait une tentative de suicide ou autre à l’extérieur ou chez lui, sera de se poser la question de comment on en est arrivé là. Ce sont des mesures d’économies qui ont conduit à la fermeture de ce service pour 3 semaines. C’est complètement déplorable et ce sera un drame s’il devait arriver quelque chose. Les soignants, les familles, tout le monde est très inquiet. »

Des rencontres avec les élus

Pour cela, syndicats et personnels se sont rassemblés pour manifester ce jeudi 9 décembre : « C’était pour interpeller, que ce soit les tutelles ou les directions. Quand je parle de tutelles, c’est aussi bien le maire de Vichy en sa qualité de président du conseil de surveillance, que la députée, que l’Agence régionale de santé, que la direction. On souhaite alerter sur la situation de la pédopsychiatrie. Elle a été dénoncée depuis plus de 2 ans. Il y a déjà eu des mobilisations par le passé qui pointaient un manque de moyens sur le service en termes de médecin et de paramédicaux », indique Antoine Jubin. Une assemblée générale est prévue à la rentrée et une rencontre se tiendra le 10 décembre à 9 heures avec la députée de la circonscription et à midi avec le maire de Vichy.

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