Depuis le mercredi 30 juin, le cirque Amar a installé son chapiteau à Cusset, près de Vichy, dans l’Allier. Une installation devenue illégale après que le maire a pris un arrêté interdisant toute représentation. Finalement, le spectacle a eu lieu samedi 3 juillet.
A Cusset, près de Vichy, dans l’Allier, depuis le mercredi 30 juin, les autorités et le cirque Amar se livrent un véritable bras de fer. Tout a commencé par l’installation sans autorisation du chapiteau, en milieu de semaine. Vendredi 2 juillet, la commission de sécurité n’a pas donné son autorisation au cirque. Le maire (LR) Jean-Sébastien Laloy, a alors pris un arrêté municipal pour interdire toute représentation. Il indique : « L’arrivée s’est faite en force, en pleine nuit, sans avoir demandé la moindre autorisation d’implantation. A Cusset, on a l’habitude d’accueillir des cirques et des chapiteaux. Là on a un établissement qui s’est installé de façon sauvage sur un terrain vague, avec des connections totalement illicites sur les coffres électriques et les bouches incendie ». Malgré cette interdiction, la direction du cirque Amar s’obstine et veut maintenir la représentation du samedi 3 juillet à 18 heures.
C'est dommage que la technocratie nous mette des bâtons dans les roues
Stéphan Guistau, conseiller en communication du cirque Amar se justifie : « Nous avons été confinés durant 9 mois à Mâcon, en Saône-et-Loire et notre tournée est programmée un an à l’avance. Nous avons dû décaler trois fois nos tournées. On a eu très peu d’aides du gouvernement. Vichy ne donnait aucune réponse à nos courriers. A un moment donné, il faut qu’on se débrouille. On est autonomes à 100 % : on demande juste l’eau, l’électricité et un emplacement. Malgré ce qui a pu être dit, on ne va rien coûter car il y a un groupe électrogène. La direction a eu un accord avec le propriétaire du terrain. On n’est soutenus par personne, si ce n’est le préfet qui a donné son accord pour que l’on puisse jouer nos représentations ici à Vichy. On a fait plusieurs demandes à la mairie depuis plus d’un an. Tout a été vu par la commission de sécurité, si ce n’est un petit défaut sur un tableau électrique, qui a été vite résolu. C'est dommage que la technocratie nous mette des bâtons dans les roues ».
Ces gens ne font que mentir
Une position que ne comprend pas Eric Neveu, procureur de la République de Cusset. Il explique : « Ces gens ne font que mentir. Ils n’ont pas d’autorisation. Je ne sais pas si l’on peut appeler cela un bras de fer car cela signifierait que l’on n’est pas d’accord sur des points de vue. Or le problème n’est pas là. Il y a un cirque qui ne veut pas respecter les lois de la République et la réglementation. Il maintient son activité, malgré les différentes interdictions et les problématiques de sécurité que posent leur installation sauvage et l’absence de conformité à la réglementation applicable pour recevoir du public. Il ne veut pas respecter la loi, ce qui pose problème ». Une enquête a été ouverte depuis mercredi 30 juin.
Des problèmes de sécurité
Eric Neveu poursuit : « J’ai appris leur installation illicite sur un terrain appartenant à autrui. J’ai appris qu’ils avaient fait des branchements sauvages sur de l’électricité et des bornes incendie, avec toute la problématique en cas de départ de feu. Sans avoir au préalable déclaré leur installation et sollicité des autorisations, ils voulaient organiser une représentation samedi soir. Ils se sont installés dans la nuit de mardi à mercredi. Il y a eu plusieurs discussions qui ont été menées avec les autorités municipales pour leur demander de se conformer à la réglementation. J’ai fait passer le message par mes enquêteurs que s’ils respectaient la réglementation, il n’y aurait pas d’objection de principe. Mais on a affaire à des gens qui ne sont que dans le rapport de force, veulent imposer leur loi et qui estiment que comme ils n’ont pas eu d’activité depuis plusieurs mois, on n’a pas à leur interdire quoi que ce soit. Sauf que ce n’est pas acceptable en démocratie ».
Une présence policière
Le procureur de la République de Cusset conclut : « Un dispositif policier va être mis en place pour limiter et essayer d’empêcher le public de venir dans un endroit qui ne respecte pas les conditions de sécurité. Je n’ai aucun état d’âme. On a des gens totalement malhonnêtes, de mauvaise foi et qui mentent. Je vais les renvoyer devant le tribunal correctionnel. Il faudra que, de gré ou de force, ils soient entendus par les enquêteurs. Je ne peux pas, par principe d’égalité devant la loi, classer sans suite ce type de comportement. On a une mise en danger de la vie d’autrui. Il y a des câblages qui passent de manière dangereuse, et vous avez vu le temps qu’il fait. Je ne peux pas fermer les yeux. Aujourd’hui on poursuit n’importe quel individu qui roule sans permis de conduire ou qui a bu un peu d’alcool, et on me demanderait de fermer les yeux et de classer sans suite l’installation de ces brigands. C’est hors de question. Je n’ai jamais vu cela et cela donne une mauvaise image de leur cirque. Cela aurait pu se passer de manière beaucoup plus pacifique et plus régulière ». Finalement, à 17h30, le public a pu rentrer sous le chapiteau sans escorte policière. Le maire de Cusset a précisé qu'un accord avait été trouvé avec la direction du cirque, qui s'engage à se mettre en conformité. Un communiqué de la municipalité souligne : « Après un avis défavorable de la commission de sécurité et un arrêté municipal d’interdiction d’ouverture au public, le cirque Aamr au terme de 3 jours d’occupation illicite a finalement décidé de se mettre en conformité :
- en supprimant à l’instant les branchements illicites effectués sur le réseau public d’électricité
- en fournissant aujourd’hui l’ensemble des documents obligatoires pour garantir la sécurité du public et les conditions de détention des animaux même si nous ne cautionnons pas la présence d’animaux sauvages au sein du cirque.
Les représentations vont donc pouvoir se tenir à partir de ce soir. Il est navrant de devoir lancer des procédures lourdes et mobiliser tant d’énergie pour qu’un cirque daigne se mettre en conformité et respecter la loi. Nous sommes dans un pays de droit, et les règles doivent être respectées, y compris par les professionnels du cirque qui ne sont pas au-dessus des lois ». Le spectacle pourra ainsi commencer à 18 heures comme le souhaitait la direction du cirque.