Claude Malhuret, le sénateur de l’Alleur, président du groupe les Indépendants, revient d’un séjour de trois jours en Ukraine. Il faisait partie d’une délégation de sept sénateurs et de quatre députés européens. Il était samedi 23 avril 2022 sur notre antenne pour nous raconter ce qu’il a vécu sur place.
Claude Malhuret, le sénateur de l’Allier, est arrivé mercredi 20 avril 2022 à Lviv. Il a pris un train de nuit pour rejoindre Kiev. Sur place, il a notamment rencontré des parlementaires ukrainiens ainsi que le maire de Kiev. Il a fait sur l’antenne de France 3 Auvergne samedi 23 avril 2022 le récit de son voyage.
Il a traversé des villes encore debout comme Lviv ou Kiev. Il s’est rendu également dans les zones détruites de manière importante. « Lviv n’a pas été touchée à part deux ou trois usines particulières », a-t-il confié. « Kiev, elle-même, a été frappée mais relativement épargnée. C’est une capitale qui continue à avoir la tête d’une capitale. Par contre tout le nord de Kiev et notamment Boutcha et Borodyanka, là où on a vu beaucoup d’images, les villes ont été extrêmement touchées. Il en reste tous les signes comme les immeubles dévastés. Par contre, les cadavres ont été enlevés. Et ce que nous avons appris sur place, c’est ce que nous ont raconté les habitants de Boutcha, ainsi que le maire qui a d’ailleurs été recherché par les Russes. Il s’est caché et personne n’a donné le lieu de sa cachette, même des gens qui ont été torturés. C’est épouvantable. »
Il a vu un pays où la vie se maintenait coûte que coûte. « Ce qui est très étonnant. Il y a le train de jour et de nuit entre Lviv et Kiev. Il y a l’électricité, même si on ne s’en sert pas beaucoup parce que le soir, il ne faut pas allumer la lumière en raison des risques d’attaques. Il y a internet, il y a le téléphone. Les gens essayent de vivre normalement, parce que de temps en temps, il y a des alertes mais ces alertes sont beaucoup moins nombreuses qu’avant car les Russes ont dégagé le terrain. Mais ce que l’on constate, par contre, c’est le vide. Et Kiev, c’est une capitale qui est très très vivante d’habitude, comme Paris ou Londres. Mais là, une bonne partie des habitants est partie, une autre partie reste pas loin de chez elle en cas d'alerte. Par conséquent, vous avez une ville qui paraît extrêmement vide. »
Des Ukrainiens, des responsables politiques avec un moral surprenant. « Les ukrainiens aujourd’hui ont la certitude tranquille qu’ils vont gagner cette guerre. Ils ont déjà gagné la première partie de la guerre. Maintenant, ils ont constaté que l’armée russe n’est pas du tout ce qu’on disait. C’est une armée encore sur le modèle soviétique qui n’est pas performante du tout. Et ils ont constaté une deuxième chose : c’est que leur propre armée a fait des miracles par rapport à ce qu’on attendait. Ils ont battu les Russes en n’ayant pas encore l’équipement envoyé d’Europe et des Etats-Unis. Et maintenant, depuis quelques jours, l’équipement arrive, y compris ce qu’ils voulaient : des armes lourdes, des systèmes de défense anti-aériens, des missiles. Et par conséquent, ils sont persuadés, et je pense qu’ils ont de bonnes raisons de l’être, qu’ils vont gagner cette guerre. »
Pro-européens
Claude Malhuret se fait désormais le relais des demandes des Ukrainiens : « Leur demande ? Les armes ! Les armes ! Les armes ! Et les sanctions. Ils demandent à l’Allemagne d’être un peu moins à la traîne sur les sanctions, et notamment sur le pétrole et le gaz. Et puis une demande fondamentale et c’est pour cela que nous y allions : nous avons inauguré la maison de l’Europe à Kiev. Ils ont tenu à inaugurer une maison de l’Europe, pendant qu’ils sont en guerre, pendant qu’ils ont beaucoup d’autres choses à faire ! »
Les Ukrainiens insistent pour que leur candidature à l’Union européenne soit étudiée le plus rapidement possible. « L’adhésion prendra des années, ils le savent mais ils demandent que d’ici le mois de juin, l’Union européenne dise oui, accepte leur candidature et l’examine. C’est vraiment la demande essentielle. Cela montre à quel point, ils sont aujourd’hui européens, pro-européens. »
Et le sénateur de l’Allier conclut : « Il n’y a pas un peuple aujourd’hui en Europe qui soit aussi européen que les Ukrainiens. »