A l'aube de la nouvelle année, les Parcs naturels nationaux sont très inquiets pour l'avenir. Voilà 10 ans qu'ils perdent des effectifs, et des financements, au détriment de nouveaux Parcs, créés à "moyens constants". Conséquence : ils ne peuvent plus assurer toutes leurs missions d'origine.
D'aucuns diraient "qu'on déshabille Paul pour habiller Jacques", dans le Parc Naturel National des Ecrins on a une autre métaphore, propre à l' environnement montagnard, et tout aussi parlante : "C'est comme si l'on construisait un pont, puis, pour en construire un deuxième, on allait dépouiller le premier pont d'une partie ses pierres" se désole Frédéric Goulet, garde-moniteur du Parc National des Ecrins.
Et c'est ainsi que l'on a créé de la sorte onze ponts, onze Parcs Naturels Nationaux, "à moyens constants". Et cette érosion risque bien de s'aggraver dans les années qui viennent avec la création de nouveaux parcs. Conséquence : l'Etat ponctionne les effectifs et les moyens des parcs "historiques" pour doter les nouveaux.
Au Parc des Ecrins, on a perdu un cinquième de ses effectifs. Ils étaient 109 employés, ils ne sont plus que 85. Il a fallu renoncer à de nombreuses missions, comme celle de l'éducation à l'environnement: " Nous allions regulièrement dans les écoles, on emmenait les enfants sur le terrain, plus de 20 classes chaque année, et ce travail pédagogique, on ne peut plus le faire" explique Frédéric Goulet.
Idem pour le suivi scientifique et l'observation des espèces. "Les espèces, végétales ou animales réagissent sur des décennies. Quand on veut voir l'évolution d'un milieu, on a besoin de travailler sur le temps long", analyse-t-il. "Or, aujourd'hui, on nous demande d'aller chercher au cas par cas des sous à l'Europe, à la région... Ce sont à chaque fois des programmes financés sur trois ans qu'il faut en permanence renouveler."
Huit nouveaux postes devaient disparaître aux Écrins d'ici 2022, mais l'assemblée nationale a voté un amendement qui suspend les suppressions dans l'ensemble des parcs pour l'année en cours.
Signe, peut-être, que la tendance peut encore s'inverser, alors qu'Emmanuel Macron avait annoncé en février 2020 que "le conseil de défense écologique allait augmenter les aires protégées pour couvrir 30% de notre territoire par des classements en réserves naturelles, en parcs nationaux, en parcs naturels régionaux"