VIDEO. La météo est aujourd'hui de toutes les préocupations, plus encore en montagne où les conditions varient beaucoup d'un massif à l'autre. Mais ces données restent une denrée rare. Créé en 2007, le Réseau d'Observation du Massif Alpin (ROMMA) est composéed'une dizaine de passionnés.
Perchée sur les hauteurs de Saint-Hilaire-du-Touvet, engloutie ce jour-là sous une neige épaisse, la petite cabane de bois passe presque inaperçue. Elle permet d'admirer le panorama époustouflant, elle abrite surtout un matériel capable d'enregistrer en temps réel toutes sortes de données météo comme les températures, la pluie, le vent et l'ensoleillement.
Logan Minghini, vice-président de l'association Romma, vient régulièrement entretenir cette station météorologique, vérifier l'optique, les batteries, ou l'orientation du matériel. Logan est un passionné mais a aussi un objectif bien précis : "constituer sur le long terme une base de données sur le climat et son évolution dans ces montagnes des Alpes, mais permettre aussi aux pratiquants de la montagne quels qu'ils soient d'avoir des données en temps réel sur le temps qu'il fait à l'instant T " car toutes les informations recueillies ici sont disponibles, en temps réel et gratuitement sur le site du Réseau d'Observation du Massif Alpin.
ROMMA possède quinze stations météo comme celle de Saint-Hilaire du Touvet, réparties dans toutes les Alpes.
Pour alimenter son site, elle utilise aussi les données issues d'appareils de passionnés, comme ceux de Sébastien Pierart, devenu bénévole de l'association. Dès 2003, il a investi 1000 euros dans une station semi-professionnelle.
Installée à côté de sa maison à Les Rivaux, en Isère, elle lui permet de "vivre" la nature en temps réel. Lui, ce qu'il aime "c'est entendre le vent, voir les températures descendre ou remonter, entendre la pluie, vivre et étudier ces phénomènes extrêmes de la météo et des éléments naturels, profiter de la différence de la forme des nuages ou de la beauté d'un orage". Et il avoue "que dès son plus jeune âge, ses parents avaient dû changer de place son bureau d'écolier parce qu'il travaillait moins, à regarder le temps qu'il faisait à travers les fenêtres".
Le Réseau permet non seulement de mettre à disposition les informations du temps qu'il fait en direct, avec de nombreuses webcams sur son site ou sa page Facebook, mais il représente un trésor de données climatiques.
Et c'est à Bourg-d'Oisans qu'il faut se rendre pour renconter Julien Del Volgo, bénévole lui aussi, qui se charge tout particulièrement, derrière son écran, d'analyser toutes ces données récoltées, jusqu'à 3h par jour.
L'association réalise chaque mois des bilans climatiques. Un travail minutieux qui permet à ce titulaire d'un master en géographie climatique d'observer les effets du réchauffement climatique dans la région. Et cette année en effet, il a "observé des records de chaleur" comme il n'en a jamais vus et il sait la gravité des phénomènes qui en découlent comme "les éboulements de terrain, ou la fonte des glaciers".
Chaque mois, plus de 50 000 internautes vérifient les conditions météo sur le site de l'association. Parmi eux, des particuliers, des randonneurs, des automobilistes, mais de plus en plus de domaines skiables, et même d'institutions, comme Météo-France...
Serge Taboulot, ingénieur météorologue, et ancien chef du Centre Météo-France des Alpes du Nord pendant près de 40 ans avait choisi, pour sa Carte Blanche de la Saint-Sylvestre sur France Bleu Isère de mettre ces "Veilleurs du Temps" à l'honneur : "Dans les Alpes, en particulier le réseau d'observations du massif alpin "Romma", qui diffuse en temps réels toutes ses mesures sur son site internet. De nombreux isérois sont actifs dans cette association. Loin d'être une concurrence potentielle à Météo-France, ces passionnés amateurs sont au contraire complémentaires. Grâce à l'ouverture en open data des données mesurées par les services météo du monde entier, on peut comparer leurs mesures avec les réseaux professionnels qu'ils complètent de mieux en mieux."