Mauvais millésime pour les apiculteurs de la Drôme-Ardèche. 2021 et sa météo capricieuse ont fortement impacté la production de miel. Certains ont perdu plus de la moitié de leur récolte.

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Pour faire du miel, il faut des fleurs. Et pour avoir des fleurs, il faut du soleil. CQFD, l’équation parait simple, mais en réalité, elle est assez délicate. Cette année, printemps catastrophique + été pluvieux + basses températures = un manque à gagner considérable pour certains apiculteurs de la région.

« Ça fait vingt ans que je suis apiculteur, j’en ai vu passer des saisons, des bonnes et des mauvaises, mais celle-là, elle est terrible. Depuis le 15 juillet, on n’a pas rentré une seule goutte de miel », témoigne François Christophe. L’apiculteur possède plusieurs centaines de ruches à Pierrelatte, dans la Drôme. Il estime ses pertes à plus de 50% de la récolte.

« Des milliers d’euros de perdu »

D’habitude, on monte en montagne pour faire de l’acacia, mais là, toutes les feuilles étaient noires, ils ont gelé en une seule nuit… 

Le gel, le vent, la pluie. Toute l’année, la météo a été impitoyable.

« Il y a d’abord eu le coup de gel en avril, tous les fruits ont gelé, c’est toute une tranche de floraison qui n’a pas eu lieu. Et puis en juillet, il a tellement plu, en pleine de période de floraison, que les abeilles ne pouvaient pas sortir », explique Fréderic Bourgeaud, président du syndicat L'abeille de la Drôme et de l'Ardèche.

« Dans la montagne ardéchoise, on a fait zéro ! Il faisait trop froid et les châtaigniers n’ont rien donné », ajoute Jean-Michel Leydier, apiculteur à la Coucourde, selon qui, sur le miel de printemps, certains apiculteurs ont perdu jusqu’à 80% de la récolte.

On n’a que nos yeux pour pleurer, ce sont des milliers d’euros de perdus 

déplore François Christophe.

Une indemnisation difficile

Seule solution pour l’apiculteur : remplir un dossier de calamité agricole. Un parcours du combattant. Et encore une histoire d’équation compliquée. « Pour postuler, il faut prouver qu’on a perdu plus d’un tiers de notre production, par rapport à la moyenne des cinq dernières années, auxquelles vous devez soustraire la meilleure et la moins bonne, vous voyez… », souffle Frédéric Bourgeaud, qui accompagne les producteurs de miel dans la galère. En plus de cela, il faut que suffisamment de dossiers soient déposés dans le même département.

« Cela prend trop de temps », assure l’apiculteur qui a l’habitude de passer de nombreux coups de fils pour motiver ses collègues à monter le dossier.

Et puis il faut presque deux ans avant de toucher l’argent, alors à force, les gens se découragent… 

Seule solution : nourrir les abeilles

Et en attendant, il faut nourrir les abeilles. Ne pas les laisser mourir. Car sur certains secteurs, comme celui de Romans sur Isère, la survie des ruches est menacée. « Les colonies ont beaucoup souffert, il faut les nourrir avec du sirop car elles ne produisent pas assez de miel pour elles-mêmes », raconte François Christophe.

Et cette année, on a atteint des records. Moi, je n’ai jamais nourri des abeilles comme ça ! 

Dans le Cheylard, Frédéric Eymard possède environ 250 ruches. Il a dû passer une tonne de sucre pour les alimenter. Et pour les sauver, il a même était contraint de les assembler. « Mes ruches étaient trop faibles, à l’entrée de l’hiver, je n’avais pas le choix », affirme-t-il.

Problème : les fournisseurs du sirop qui sert à nourrir les abeilles préviennent qu’ils risquent d’être rapidement en rupture de stock. Car la situation touche toute la France et la région n’est pas le secteur le plus à plaindre.    

« Sauvés par la lavande »

En effet, la plupart des apiculteurs drômois et ardéchois ont trouvé leur salut dans la lavande. Nombre d’entre eux ont transhumé les ruches à l'été pour se rabattre sur la petite fleur mauve. Mais là encore, la récolte n’a pas été à la hauteur de toutes les espérances.

Comprenez, ça faisait deux mois que les abeilles étaient à la diète, elles ne pouvaient pas les trois mois suivants être à fond et ramasser autant de miel que d’habitude

raconte Frédéric Bourgeault.

En plus de cela, le miel de lavande ayant été produit en plus grande quantité qu'à l'ordinaire, certains apiculteurs ont du mal à la revendre.

Seul motif de satisfaction dans la profession : la météo de septembre, plus clémente.  En contrôlant ses ruches, Frédéric Bourgeaud constate qu’il y a enfin du miel, « on ne peut pas le vendre car elles en besoin pour elles, mais les ruches sont sauvées, elles passeront l’hiver ». Et heureusement, car en apiculture : « une année mauvaise, ça va, deux années, vous changez de métier », conclue l’apiculteur drômois. 

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