Les habitants de Saint-Marcel d'Ardèche l'attendaient depuis un long moment. Un médecin vient de prendre ses fonctions dans le petit village de 2400 habitants. Sa particularité : elle est salariée, rémunérée par le Département et la Région.
“Il faut oser et s’installer”. À Saint-Marcel d’Ardèche, à la frontière avec le Vaucluse, Jacqueline Batiat a passé le cap. Médecin libérale près de Montélimar, elle est venue ouvrir son cabinet dans la commune ardéchoise de 2400 habitants, sans praticien depuis de nombreuses années.
“Il n’était absolument pas possible dans les conditions actuelles de poursuivre en libéral, un cabinet trop grand, avec une secrétaire et des charges énormes à payer”, confie la sexagénaire dont l’associé drômois vient de prendre sa retraite.
“Les charges ont explosé ces dernières années et je parle notamment du poste informatique qui représente 30 % de nos charges parce qu’il faut sans arrêt utiliser de nouveaux logiciels", ajoute la Drômoise.
Un travail financé par la Région et le Département
Mais si Jacqueline Batiat fait tous les jours près d’1h20 de route depuis un peu plus d’une semaine, c’est avant tout pour le confort que lui confère son nouveau statut de médecin salariée. Grâce au dispositif Ma région ma santé, son salaire est à 50 % financé par la région Auvergne Rhône-Alpes et à 50 % par le département de l’Ardèche, le tout dans des locaux mis à disposition par la commune.
“C’est le reste à charge, après remboursement de la CPAM, qui lui sera rémunéré”, précise le Département. “Ce n’est pas la totalité du salaire du médecin et de sa secrétaire médicale. Ce ne sont pas des montants pharaoniques”, ajoute-t-elle.
La charge administrative en moins
Pour autant, ces sommes investies permettent à Jacqueline Batiat de se décharger du poids des démarches administratives. “Aujourd’hui, les médecins veulent avoir le temps de consulter le patient et proposer une offre de soins de qualité. Là on attire les médecins avec un dispositif concret, qui soulage vraiment l’acte médical”, explique Jerôme Laurent, maire de Saint-Marcel d’Ardèche.
Pompier de profession, accompagnée de son adjointe infirmière, il comprend l’enjeu que représente la mise en place de ce dispositif sur sa commune, dans une région souffrant de la désertification médicale. Depuis trois ans, il travaille à la réalisation d’un dossier de candidature avec l’ARS afin de “faire reconnaître le cabinet médical en centre de santé et pouvoir intégrer le dispositif”, explique l’élu.
Les patients s'y retrouvent
Jusqu’à présent, la population en moyenne âgée de 60 à 70 ans n’avait à sa disposition que quelques créneaux de téléconsultation et comptait sur la venue d’un médecin une fois par semaine. “Ce n’est pas suffisant pour traiter des pathologies chroniques. Les patients sortaient juste une ordonnance pour les médicaments pour dépanner. Il n’y avait pas de suivi, pas d’examen clinique, pas de contrôle sanguin”, constate la nouvelle médecin, qui s’est sentie attendue en arrivant dans le village ardéchois.
Effectivement, “c’est parfait. Ça nous évite de trouver un médecin qui n’existe plus sur le secteur ou plus personne ne voulait nous prendre”, explique une patiente à la sortie de sa consultation. Jusqu’à présent, la quinquagénaire comptait sur la télécabine médicale ou devait faire un peu plus de 20 minutes de routes pour rencontrer un médecin.
Tous dans la même situation, les riverains partagent aujourd'hui leur soulagement quant à l’arrivée de leur nouveau médecin traitant. Ils peuvent également compter sur les services d’un psychologue, d’un kinésithérapeute et d’une infirmière.
Des nouvelles communes attendues dans le dispositif
Le dispositif Ma région ma santé s’inscrit sur une durée de 3 ans, renouvelable deux fois, à l’issue de laquelle, la commune pourra se positionner sur la prise en charge complète d’au moins un médecin. Déjà mis en place dans le département à Lachapelle-sous-Aubenas et à Ardoix, il devrait s’étendre prochainement aux communes de Coucouron, Andance et Saint-Fortunat-sur-Eyrieux.
“Depuis le développement d’une politique proactive en direction des médecins, 42 installations ont été détectées depuis deux ans, ce qui est exceptionnel pour le département. On a au moins arrêté l’hémorragie”, conclut l’élu du Département.