C'est la fin d'une très courte histoire. Ouvert en mai 2022, le centre Dorian à Saint-Etienne devra fermer ses portes le 29 février. Le centre médical et dentaire qui accueillait plusieurs centaines de patients quotidiennement va mettre la clef sous la porte.
Dans le bâtiment rénové aux murs blancs, le calme règne. Au-dessus du guichet d’accueil du centre dentaire Dorian, une banderole : « En « Vert » et contre Cosem. Non à la fermeture du Centre pour la santé de Sainté ! »
Ce centre médical va fermer ses portes le 29 février, seulement 21 mois après avoir ouvert ses portes. Cardiologie, dermatologie, gynécologie, médecine générale, centre dentaire, il devait être un concentré de services médicaux. Mais le lieu n'a jamais réussi à attirer les 50 médecins et 25 dentistes annoncés.
"Ça va être le parcours du combattant"
"Je suis venu avec ma fille, elle a une dent qui pousse et qui déclenche un abcès et on vient de me dire que mon rendez-vous est annulé", se désole un patient habitué des lieux. Pour ce père de famille, il va falloir repartir à zéro et trouver un nouveau cabinet dentaire : "on manque de dentistes à Saint-Etienne, ça va être le parcours du combattant."
Ouvert dans une ancienne galerie commerciale dans le centre-ville de Saint-Etienne, le centre Dorian fait partie du Cosem, une association financée par la Sécurité sociale, proposant des honoraires de secteur 1 et le tiers payant.
Soupçons de malversation financière
Une association aujourd'hui prise dans la tourmente au niveau national. En mai dernier, une enquête a été ouverte par le Parquet de Paris et confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique, qui fait suite à deux signalements.
Soupçons d'emplois fictifs, notes de frais exorbitants, achat d'une jaguar, de caviar : les accusations se tournent vers le directeur général, Daniel Dimermanas, et son épouse. L'association qui compte 17 centres, a depuis été placée en redressement judiciaire.
"On va les laisser sans rien"
Selon la direction, c'est par manque de rentabilité que le centre de Saint-Etienne, dernier-né, devra fermer ses portes fin février. "Quand on est à la tête d’un groupe de santé, ce n’est pas l’argent qui doit faire foi, mais l’accès aux soins, s'exaspère Estelle Seytre, cheffe d'équipe médicale. On a en moyenne entre 250 et 300 patients par jour, on va les laisser sans rien."
Pour Frédérique Cluzel, cheffe d'équipe dentaire, la fermeture est trop rapide. "On est en train de faire des soins qui ne seront pas finis, des prothèses qui ne seront pas posées, ce sont des gens qui vont rester sans dent", assène la soignante.
Pour sauver leur centre, les employés espèrent l'arrivée d'un repreneur. Dans un courrier aux juges-commissaires et aux administratrices, Gaël Perdriau, le maire de Saint-Etienne, a demandé la suspension des fermetures annoncées de cinq centres Cosem.