A Boffres, en Ardèche, un commerce multiservices - le seul de ce village ardéchois de 680 habitants - n'a pas pu être racheté par ses futurs acquéreurs. Les banques ont refusé la demande de prêt.
Il y a un an, Emilie s'est lancée dans un projet de reprise d'un commerce multiple situé en zone rurale. Ce bar restaurant qui fait aussi petite épicerie est situé à Boffres, à une vingtaine de kilomètres de Valence, dans la Drôme. C'est le seul commerce de proximité de ce village ardéchois. Si les activités de bar et restauration sont fortement impactée depuis le début de la crise sanitaire, en mars 2020, l'établissement propose toujours des services de proximité. "Une foule de services utiles qui permettent de faire vivre le village", comme l'explique la candidate à la reprise. "C'est le commerce de quelques villages aux alentours," précise-t-elle.
Le projet lui tient à coeur...
Emilie était à deux doigts de concrétiser son rêve en signant l'acte de vente de ce commerce. Mais à la toute fin de l'année, les banques ont refusé de prêter les fonds nécessaires. Les organismes financiers ont montré peu d'empressement à suivre la jeune femme dans son projet. La nouvelle est tombée le 29 décembre. Depuis cette date, le rideau est baissé.
Pourtant Emilie n'est pas une novice. Elle a même une solide expérience de plusieurs années dans le service. Et pour se familiariser avec ses futurs clients, elle avait même tenu le bar pendant six mois aux côtés de Catherine la propriétaire. Des liens se sont même tissés entre les deux femmes.
Aujourd'hui, face au refus des banques, la jeune femme est dépitée. "Je suis très frustrée parce que je n'aboutis pas à un projet qui me tenait à coeur depuis des années," explique Emilie, qui a du mal à retenir ses larmes. "En trouvant ce lieu, je me suis dit que c'était la concrétisation d'un projet que j'avais proposé à ma mère qui était atteinte d'un cancer". Emilie se démène encore pour rechercher des financements mais ne s'attendait pas à autant de difficultés. Espoirs douchés pour l'entrepreneure qui n'a pourtant pas de dette et avait vendu sa maison pour financer son rêve.
... mais la vente tombe à l'eau
Coup de massue aussi pour les propriétaires qui souhaitaient laisser ce commerce en de bonnes mains et qui ont géré les lieux durant 27 ans : "Tout à coup c'est le déluge. Pour nous, c'était le bonheur de s'arrêter, de passer la main. Et en l'espace de deux heures tout a changé. On était sur le point de partir ! On partait ... et le coup de fil qui dit pas d'argent, pas de signature !' Pour Catherine, la propriétaire, l'aventure de ce commerce doit continuer :" On a créé beaucoup de choses dans ce commerce. Pour nous, c'est un bébé de 27 ans, notre fils à presque cet âge-là !"
Pour le maire de Boffres, Hubert Juge, ce commerce centenaire est "indispensable" pour la commune et "une fermeture serait catastrophique". Comme dans de nombreux villages situés en zone rurale, le commerce multiple est un trait d'union entre les habitants. Et pour cette petite commune, un commerce est aussi un atout pour attirer les jeunes familles. " Pendant 4 ou 5 ans, nous n'avions qui ce commerce qui nous a permis d'avoir du pain en dépôt sur la commune, d'avoir un lieu social entre les gens ... Pour les villages ruraux. Quand il n'y a plus de commerce, il n'y a plus de lien social". La mairie a apporté son soutien à Emilie mais dispose de peu de ressources financières pour venir en aide à la jeune femme. Aujourd'hui, ce sont 26.000 communes qui n'ont plus de café en France.