Les professionnels du tourisme d'Ardèche méridionale sont unanimes, les candidatures aux postes de saisonniers se font rares. Ils ont du mal à recruter du personnel qualifié et certains envisagent de réduire leur offre.
Le tourisme en Ardèche représente une année normale comme 2019, 670 millions d'euros de retombées sur le territoire (nuitées + panier moyen)... c'est un tourisme basé sur la nature, les loisirs de plein air, et les1000 km de rivière.
L'Ardèche est le premier département français hors littoral en matière de capacité d'hébergement en Hôtellerie de plein air. L'an dernier, le Covid a fragilisé le secteur avec moins d'étrangers, mais les Français ont été au rendez-vous, sauvant le principal. Cette année, la situation est préoccupante car les candidatures aux postes de saisons se font rares. L'Ardèche recrute chaque année 5 à 6000 saisonniers chaque été dont 50% viennent d’autres départements. Cette année, le compte n’y est pas alors que la saison s’annonce belle.
Laure Testud du Camping La Plaine, à Ruoms, actualise tous les trois jours les offres d’emploi qu’elle publie les groupes professionnels et locaux des réseaux sociaux mais rien n’y fait, la pochette de CV reste vide. Il lui manque 7 saisonniers sur son staff estival de 50 personnes : surveillants de baignade, chef, serveur, femme de ménage... «L’an passé, on a pu boucler à moins de 10 jours de l’ouverture, espérons que cette année, ce sera pareil». A la question de la raison de cette pénurie, elle ne sait quoi répondre. Habituellement, les candidatures spontanées arrivent régulièrement par courrier ou par mail mais là rien.
Si un second veut me déposer un CV, c’est avec plaisir
Geoffrey Charmasson, Chef de la Gare des Saveurs à Beaulieu, a le même problème. Il lui manque, entre autres, un second de cuisine pour travailler confortablement. Alors il doit limiter le nombre de couvert car seul en cuisine c’est compliqué. Travailler des produits frais demande du temps et des compétences, et là-dessus il est hors de question de renoncer. Le chef recherche des apprentis. «Je prends des apprentis parce qu’ils sont motivés et que ça me plait de former des jeunes».
Peter Bequet, directeur du Domaine des Blachas à Salavas, un camping quatre étoiles, peine lui aussi à recruter cette année même sur les postes qui font envie comme ceux de barmans ou de serveurs. Il lui manque encore 10 à 15% de son équipe. «On ne fera pas de recrutement à défaut. On doit offrir des services qualité à notre clientèle». Lui aussi envisage d'adapter ses services à son potentiel en place et insiste sur son refus de dégrader ses prestations.
Selon lui, il se peut que les stations de montagne qui vont bien travailler cet été, aient gardé leurs saisonniers habituels d’hiver et que, devant le doute lié au Covid, certains ont privilégié d’autres filières plus sûres que le tourisme. Côté étudiants, ils «ont besoin de souffler, de partir à l’air libre». A leur retour, il sera encore temps de postuler vu la demande.
Le marché de l’emploi, déjà frappé dans tous les secteurs, par un manque de personnels qualifiés, va-t-il s’inverser aussi dans le domaine du tourisme ?