Les cinq parlementaires ardéchois, députés et sénateurs, demandent à Orange de respecter l'obligation de service universel de téléphonie fixe dans leur département. Ils appellent les maires à ne plus payer les factures de l'opérateur pour faire pression.
Les maires des communes ardéchoises sont en colère. Dans le viseur de leur mécontentement : le non respect de l'obligation d'apporter à tout citoyen français une offre de téléphone fixe, quel que soit le territoire. En d'autres termes, les élus et parlementaires, toutes étiquettes confondues, demandent instamment à l'opérateur historique de tenir ses engagements, selon les termes de la délégation de service public passée avec Orange (ex-France Telecom), propriétaire de l’ensemble des réseaux dans l'Hexagone.
"Moins d’investissement et un service qui disparaît"
Problème : lorsque le service en question est interrompu plus ou moins longuement, il y a manquement, font remarquer les élus.
Hervé Saulignac, député PS, rapporte ainsi que sur les 99 communes de sa circonscription (1er de l’Ardèche), 54 comptent des habitants qui l’ont alerté pour des problèmes de branchement défectueux ou inexistants. Idem dans les autres circonscriptions. C’est essentiellement au niveau des boucles locales qu’apparaissent les difficultés rencontrées par les abonnés. Bien souvent, le dernier kilomètre de ligne est en piteux état, explique le parlementaire. Et un maire de citer les poteaux à terre, les câbles de transport téléphonique détendus et gisant dans les fossés. Bref une dégradation fréquemment constatée par les riverains à quoi s’ajoute le manque de moyens pour entretenir le réseau téléphonique commuté.
Les choses ne sont pas prêtes de s’arranger
« On peut parler d’obsolescence, d’autant plus que petit à petit la fibre est déployée au détriment du cuivre, surtout là où c'est rentable », explique Hervé Saulignac. Avec les quatre autres parlementaires, il invite les maires à cesser de payer leurs factures à Orange, une grève en bloquant l’argent sur un compte en attendant que l’opérateur fasse son travail.
En septembre dernier, Orange avait annoncé l’arrêt du réseau téléphonique fixe sur cuivre partout où peut être développé la fibre. L’opérateur a même annoncé qu’à compter de 2023, il procèderait à l’extinction de plaques complètes en cuivre, des nœuds raccordant des milliers d’abonnés localement.
Pas seulement une question de confort
Tout cela ne serait pas bien grave s’il n’y avait des risques ou des conséquences tragiques à cette gestion opérationnelle, dénoncent en cœur les élus. Notamment pour les personnes âgées et dans le domaine de la télé assistance. « Si une personne âgée ne répond pas, le service d’assistance appelle un voisin identifié à l’avance, qui n’est pas forcément joignable à cause du problème de connexion téléphonique dans le quartier. Que faire alors ? », s’interroge avec gravité un maire du plateau. Dernièrement, à Rochepaule, dans le canton de Saint-Agrève, c’est carrément la caserne de pompiers qui était aux abonnés absents… plusieurs jours d’affilée !
En une année, plusieurs milliers de foyers ardéchois ont été touchés, plus ou moins longtemps, par ces pépins devenus ordinaires. « On a un sentiment de régression », confie une élue déterminée à cesser les paiements.
Le reportage de Vanessa Fize et de Nicolas Ferro :