A la campagne, on se connait. On prend naturellement soin les uns des autres. La vie de confinés a trouvé naturellement sa place à St-Maurice d’Ibie, Lachamp-Raphaël et St-Cirgues en Montagne.
Dans les petits villages ardéchois, on ne vit pas si mal le confinement. La vie en proximité, l’espace, les circuits courts, la solidarité intergénérationelle existaient avant, existeront après. Quelques maires nous racontent ce quotidien chamboulé, certes, mais pas tant que ça.
Sur la montagne ardéchoise
«Pour un printemps, Lachamp-Raphaël est un peu mort», nous dit Dominique Allix, le maire de ce village de 70 âmes, le plus haut perché d’Ardèche. D’ordinaire, randonneurs et cyclistes sont de passage. Avec les beaux jours, les commerces saisonniers sont tous ouverts. Dans les circonstances exceptionnelles actuelles, il reste l’agence communale postale qui assure des permanences trois jours par semaine pour permettre aux personnes âgées de Lachamp et des alentours, de pouvoir retirer de l’argent. Epicerie et dépôt de pain sont maintenus. Ici on est à trois quarts d’heures d’Aubenas, trente minutes du bourg du Béage. Il faut assurer sur place les services de première nécessité. «On n’a pas mis en place de système de veille particulier envers les personnes vulnérables, parce qu’on connaît tous les habitants. On se renseigne, comme avant, sur leur état de santé et leur moral, ça ne change pas», explique le maire. Quant au reste de la population, «il est évident que le confinement se vit moins mal ici que dans un appartement en ville !»A Saint-Cirgues en Montagne, plus loin sur le plateau ardéchois, même sentiment. «Tout va bien pour l’instant. La lassitude gagne un tout petit peu, mais le confinement est bien respecté. Les rues du village sont désertes. On prend des nouvelles des uns et des autres.», détaille le maire Eric Lespinasse. Actuellement il s’affaire à la perspective du déconfinement, et de la reprise de l’école, avec le maître. «Il faut qu’on voit comment rouvrir l’établissement, dans quelles conditions, avec quelles mesures de sécurité ».
Solidarité à tous les étages
A Saint-Maurice d’Ibie, en Ardèche méridionale, la vie s’est réorganisée spontanément au passage en confinement. «Quand quelqu’un part faire des courses ou travailler à Villeneuve de Berg, la bourgade la plus proche, il fait le tour du voisinage, pour prendre les commandes des uns et des autres» explique Véronique Louis, la Maire.Le boucher de Villeneuve assure des livraisons une fois par semaine à Saint-Maurice/ Il suffit d’envoyer un email ou de passer un coup de téléphone pour passer commande. Le chevrier voisin assure lui aussi une tournée, et du pain est mis à disposition chez une agricultrice. De quoi voir venir.
Au niveau de la mairie, la veille sur les personnes âgées, isolées ou précaires, se fait naturellement. Ici aussi, tout le monde se connaît. Les difficultés remontent facilement. Une tournée d’appels vers les personnes âgées de la commune placées en Ehpad a été ajoutée. Un local de la mairie a aussi été prêté à une salariée qui s’est retrouvée du jour au lendemain en travail à distance, et qui ne disposait pas de connexion internet à son domicile. Il n’y a pas eu d’arrivée inopinée dans les résidences secondaires, mais là aussi il y a un effet de solidarité avec des habitants qui entretiennent les propriétés vides.
Une inquiétude plane sur la saison touristique, qui faire vivre plusieurs familles de la commune. Aux beaux jours plusieurs gîtes, un camping et deux restaurants s’animent.
Et puis il y a aussi eu les obsèques du doyen du village, 97 ans, décédé dans l’Ehpad voisin. Un homme très respecté, très connu dans le village. «La cérémonie s’est déroulée presque en catimini, confinement oblige. C’était extrêmement triste, étrange».
Véronique Louis, la maire, est l’élue sortante. Elle avait décidé de ne pas se représenter, de passer le flambeau. Une «retraite» repoussée de fait, mais ce n’est pas plus mal, elle bénéficie de l’autorité et de l’expérience nécessaire, tout en préparant avec son successeur la passation de flambeau. Elle espère qu’avec cette crise, on revalorisera la fonction essentielle du maire, premier maillon, et première ligne dans cette crise.