Les savonniers de France se mobilisent pour faire valoir leurs savons comme un produit de première nécessité. Cinq entreprises de savonnerie en Ardèche participent à ce mouvement national. Il regroupe à ce jour près de 450 artisans savonniers.
En cette période de crise sanitaire, les entreprises de savonneries continuent à produire sans savoir si elles vont pouvoir vendre. 45O savonniers en France en appellent aux pouvoirs publics pour faire reconnaitre leurs savons comme produits de première nécessité.
Ce sont des savons artisanaux saponifiés à froid qui sont d'excellente qualité pour lutter contre le coronavirus. En Ardèche, cinq entreprises de savonnerie participent à cette mobilisation sur le net avec le hashtag #savonniersmobilisés pour faire accepter leurs produits comme des produits de première nécessité.
Se laver les mains, la bonne affaire
Amélie Zurlo est savonnière à Saint-Christol, près du Cheylard. Sa petite boutique est fermée comme tous les autres commerces où l'on retrouve ses savons dans la vallée de l'Eyrieux. Même si "le click and collect" est mis en place, les ventes n'ont pas pour autant décollé. Selon Amélie, le public ardéchois n'est pas très "réceptif" à la vente en ligne, "ça fonctionne bien chez les trentenaires... mais c'est tout. Ma voisine qui a 80 ans et qui n'a pas internet, elle fait comment?".Cette période de crise sanitaire n'a pas effrayé Amélie Zurlo qui a lancé sa petite entreprise. Bien au contraire, se laver les mains plusieurs fois par jour était propice à son activité.
Mais c'était sans compter sur la force de frappe des grandes surfaces qui - elles - peuvent continuer à vendre leurs savons et autres gels hydroalcooliques issus de l'industrie cosmétique.
"C'est de la concurrence déloyale. Nous, on vend un produit hygiénique de qualité. On nous dit il faut consommer local et tirer vers le zéro déchet, mais là, on a jamais autant produit de plastiques et d'emballages qu'en ce moment, c'est incohérent".
Une prise de conscience pour le savon artisanal
Plus au sud, dans l'agglomération albenassienne, la savonnerie ardéchoise connaît le même scénario. Les trois quarts de ses points de ventes sont fermés et les trois quarts des marchés de Noël sont annulés. Sa participation sur des marchés de frais n'y est pas autorisée car ses produits ne sont pas alimentaires.Delphine Dacher, la gérante, ne peut pas compter uniquement sur la vente en ligne pour commercialiser ses savons. Le "click and collect" fonctionne "un petit peu plus" mais ce n'est pas suffisant pour garantir la perennité de l'entreprise. "Et heureusement que les transporteurs fonctionnent, contrairement au premier confinement où ils étaient eux aussi à l'arrêt" rajoute Delphine Dacher.
Delphine Dacher veut rester optimiste en espérant pouvoir écouler ses stocks sur les ventes de fin d'année. Son entreprise a tout juste trois ans. Elle reste également confiante sur l'avenir de son activité artisanale en se disant qu'il y a malgré tout une prise de conscience chez les gens par rapport à l'hygiène et "à ce que l'on se met sur la peau".
Le savon artisanal dont les premières traces de fabrication remontent à plus de 4000 ans n'est pas prêt à se mettre en quarantaine. Au contraire, avec le Covid-19, il investit la toile pour favoriser sa commercialisation et rappeler au grand public qu'il reste un produit indispensable.Petit à petit, les gens essayent de passer à autre chose. Ils essayent de revenir aux savons solides fabriqués avec des produits sains et non pas des produits chimiques plus agressifs pour la peau.