Entre lassitude et appréhension, les personnels hospitaliers à l'œuvre au service de réanimation de l'hôpital d'Annonay se battent contre le retour de l'épidémie. Bon nombre de leurs patients, dont la vie est clairement menacée, ne sont pas vaccinés.
Notre équipe de reportage assiste au travail de plusieurs personnels soignants, qui s'entraident pour basculer le corps d'une femme plongée dans le coma. Cette patiente est arrivée dans ce service de réanimation il y a deux semaines. Malade du Covid... et non vaccinée.
C'est également ici le cas de six autres malades "Covid +". Ils sont intubés, plongés dans le coma et leur vie ne tient qu' à un fil. La réanimation de l'hôpital d'Annonay est saturée. Une vingtaine de patients Covid est hospitalisée dans d'autres unités et pourrait être admise ici si leur état dégénère. Les soignants ne sont pas à la fête.
Pas assez de personnel
"En réa, on a aussi d'autres patients, qui sont non-covid", témoigne Nadège Maisonnas, infirmière au service réanimation "et notamment des gens qui ont des formes graves d'autres pathologie et qui nécessitent d'être pris en charge. Il n'y a pas que le covid".
Un renfort serait bienvenu "On nous a même demandé si on pouvait revenir. On va finir par être imité parce que, pour le moment, on a ne parvient pas à trouver suffisamment de personnel. Donc, pour le moment, on ne peut pas ouvrir une deuxième réa, comme on avait pu le faire les fois précédentes" constate l'infirmière.
Indéniablement, il faudrait "ouvrir des lits". Mais pour le faire, il faut du personnel.... Et il n'y en a plus assez. Les vagues de Covid successives ont laissé des équipes à bout de souffle.
" Le 70 ans, obèse, diabétique, qui a décidé de ne pas se faire vacciner… et que l'on accueille dans nos lits, on ne comprend pas ce qui lui est passé par la tête" explique Arnaud Grégoire, médecin du service réanimation.
Obligés de trier les patients
A Annonay, comme dans d'autres établissements de secteur, une décision douloureuse vient d'être prise : il faut désormais trier les patients. Sylvie Jay, médecin et présidente de la Commission Médicale d'Etablissement de l'hôpital d'Annonay le confirme. "Une personne de plus de 80 ans, par exemple, avec des comorbidités, telles qu'un cancer ou des insuffisances d'organes, ne se retrouvera pas à réa. Cette décision est liée au Covid et au fait que, sur le territoire, on n'a pas assez de place pour pouvoir admettre tout le monde. "
Dans ce service de réanimation hospitalier ce matin-là, deux lits restaient encore disponibles. Pour combien de temps encore ?