Le 11 novembre 2019, un séisme de magnitude 5 détruit une grande partie du Teil en Ardèche. Aujourd'hui, 2 ans plus tard, nombres d'habitants attendent toujours de pouvoir rentrer chez eux. D'autres vivent dans des habitations en péril.
Novembre 2019, un séisme de magnitude 5 sur l'échelle de Richter, ravage la commune du Teil près de Montélimar. Quelques semaines plus tard, un collectif de bénévoles se met en place pour accompagner les propriétaires sinistrés dans leurs démarches auprès des assureurs. Deux ans plus tard, il est encore très actif et se bat pour obtenir auprès des autorités des délais d'indemnisation plus longs, jusqu'à cinq ans après la catastrophe.
Trois à quatre cent foyers n'ont toujours pas regagné leur logement et certains habitent dans des logements en péril.
Des habitants toujours démunis
Ludovic Brun n'habite plus dans sa maison. Depuis deux ans, l'artisan plombier loge chez ses parents à Montélimar. Une cohabitation qui s'est compliquée en plein confinement. Sa maison est inhabitable.18 mois après le séisme, Ludovic a reçu le rapport d'expertise de l'assureur mais il l'a contesté, jugeant le montant des indemnités insuffisant au vu des devis et de la qualification de la vétusté de son habitation. La procédure s'est donc compliquée et a pris du temps, une nouvelle expertise a eu lieu début novembre. "Moralement c'est compliqué, vous ne savez jamais où vous en êtes. Même aujourd'hui, ça fait deux ans et on ne sait pas, on ne fait pas de projets. On évite d'y penser car y penser en permanence c'est usant".
Frédérique avait mis toutes ses économies dans son logement pour sa retraite,
Depuis le séisme, des tirants soutiennent toujours les murs. Elle n'en revient toujours pas... Aujourd'hui, Frédérique attend une nouvelle expertise qui a pu être déclenchée grâce au collectif. "Il y a toujours des petits morceaux qui tombent, ce ne sont pas des gros blocs certes mais il y a toujours des petits morceaux. Là, les murs continuent à se fendre etc. Plus personne ne vient chez moi, je n'ose pas recevoir les gens". Frédérique est inquiète. Toutes les pièces de son logement présentent des fissures. Elle n'ose plus aller sur son balcon, de peur qu'il ne cède. Chaque matin, elle est un peu fébrile et a peur de découvrir de nouveaux dégâts.
L'expertise doit avoir lieu le 17 novembre. C'est source d'espoir pour Frédérique qui souhaite que les travaux reprennent et soient terminés au plus vite. La retraitée a hâte de retrouver une vie paisible.
Il faut allonger le délai d'indemnisation légal
Jean-Yves Hernoux, bénévole du collectif des sinistrés du Teil, a une bonne vision de la situation et de l'état psychologique dans lequel se trouvent les habitants. "Il y a une certaine lassitude qui s'est instaurée. Certains sont toujours très combatifs mais d'autres ont lâché prise et se trouvent dans des difficultés financières parfois énormes". 20% des dossiers n'ont pas reçu d'indemnité. 10 % sont toujours en discussion avec leur assurance.
Les calendriers des artisans sont saturés et la pénurie des matériaux occasionnée par la crise sanitaire est un frein supplémentaire à la réalisation des travaux. Depuis le séisme, seulement 30 % des travaux ont pu être effectués ou le seront d'ici la fin de l'année. Pour l'année 2022, le collectif estime que 25% des travaux seront réalisés selon leur enquête. Leur projection les porte jusqu'en 2025 d'où leur démarche pour allonger le délai légal d'indemnisation à 5 ans.