Le passé d'une adhérente de Reconquête! qui a joué dans des films classés X pendant une dizaine d'années, a provoqué une crise au sein du parti d'Éric Zemmour en Ardèche. L'ex-actrice porno et son mari dénoncent publiquement leur "éviction".
"Que va-t-il se passer si Zemmour est élu, que va-t-il se passer si nous avons à la tête de l'Etat des gens d'une telle intolérance ?" Didier et Francine Floch tombent de haut. Ils ont été récemment évincés du bureau départemental ardéchois de Reconquête!, le parti d'extrême-droite d'Eric Zemmour.
Le couple fait pourtant partie des fidèles de la première heure. "Dès la création du parti, on s'est proposés pour participer et aider, raconte Didier Floch, séduit par cette nouvelle candidature. Zemmour ne venait pas du milieu politique, on s'était dit qu'il allait apporter du sang neuf."
Les époux s'investissent "à fond dans la campagne". Le mari devient même le secrétaire général du parti en Ardèche. Mais après plusieurs mois de militantisme,, des tensions naissent.
Le passé des époux, cible de critiques
Premier sujet de discorde : une condamnation ancienne de Didier Floch. Mi-février, le coordonnateur départemental du parti lui demande de fermer un blog, dans lequel l'époux évoque une ancienne condamnation. "J'ai refusé de fermer le site car j'ai toujours clamé mon innocence. En plus, mon casier est vierge aujourd'hui."
Les deux hommes campent sur leurs positions, la situation ne s'arrange pas. Vient alors un deuxième sujet de tensions : le passé de Francine Floch, alias "Joséphine de l'Île Maurice". Elle a fait carrière de 1997 à 2008 dans le cinéma pornographique. Son mari était son producteur.
Sans le couple, un nouveau bureau est constitué
"La coordination départementale nous a demandé de fermer les sites pornographiques", racontent les époux, qui refusent catégoriquement. "On ne va pas effacer dix ans de carrière juste pour faire plaisir à Reconquête! ou à M.Zemmour."
Le 23 février, leur cas a été examiné par le bureau ardéchois de Reconquête!, transformé en "tribunal de l'Inquisition" selon eux : face à leur refus persistant de se mettre en retrait d'internet, les autres membres ont démissionné afin qu'un nouveau bureau soit constitué sans le couple.
"Ils n'ont pas été écartés"
"On nous juge sur notre passé. Sur mon passé judiciaire alors que mon casier est vierge et sur la profession de ma femme", dénonce le couple qui dit avoir alertée en vain les instances nationales du parti, avant de le quitter la semaine dernière.
"Ils n'ont pas été écartés, il n'y a pas eu de procédure disciplinaire à leur
encontre, j'ai dialogué avec eux pour essayer de trouver un compromis", a déclaré Thibault Verny, coordonnateur régional du parti, contacté par l'AFP.
On a fait attention à qui intégrait les bureaux départementaux, j'ai demandé de contrôler les passés de chacun pour qu'on n'ait pas de brebis galeuse ou de profil douteux, c'est ressorti à ce moment-là
a-t-il ajouté au sujet du passé de Francine Bloch.
"La majorité du bureau était mal à l'aise et on leur a demandé de mettre leurs sites internet en stand-by quelques mois, le temps de la campagne. Ils ont refusé et j'ai été contraint de demander la formation d'un nouveau bureau", a conclu le responsable.
"Ce n'est plus le part dont j'ai rêvé"
Choqué, le couple fait maintenant état de "sexisme" et de "racisme" dans le parti politique (N.D.L.R : Joséphine Floch est française d'origine étrangère). "Ils essaient de polir leur image. Mais quand on voit la réalité de l'intérieur, on réalise qu'on a affaire à des gens d'une mentalité extrême."
Aujourd'hui, Didier et Joséphine Floch prennent leurs distances avec le parti d'Eric Zemmour. "Ce n'est plus le parti dont j'ai rêvé, confie l'épouse. Je n'ai pas envie d'être leur complice."
