En Ardèche, l’entreprise Altesse qui distribue les bijoux de la marque "Les Georgettes", a été reprise par un trio de jeunes investisseurs. Un nouveau départ pour une entreprise centenaire, fleuron de la vallée de l'Eyrieux, surnommée "la vallée du bijou".
L’entreprise Altesse a échappé à la liquidation judiciaire. L'avenir de ce fleuron ardéchois du bijou fantaisie était en suspens depuis le 30 mai dernier. C'est la société dirigée par Oliver Bègue, Laureen Michel et Fabien Royer qui a finalement été choisie par le tribunal de commerce de Paris fin septembre pour reprendre le fabricant de bijoux basé au Cheylard.
"Il fallait que ça continue"
"On a su officiellement, le 30 septembre, que le repreneur était la société Un bijou à Paris. On a été très soulagées de l'apprendre. On savait qu'avec eux, on gardait nos emplois", a expliqué Julie Sartre, responsable administration des ventes. Le tribunal de commerce de Paris a tranché. Cette reprise est une bonne nouvelle pour les salariées du service commercial et comptabilité. Elles vont conserver leurs emplois et pouvoir envisager l'avenir plus sereinement.
"Je suis ravie de garder mon travail. J'ai bientôt 30 ans d'ancienneté. J'ai 54 ans. Sur le bassin ardéchois, c'est déjà très compliqué de trouver du travail. À mon âge, je pense que c'était mission impossible. Je suis très soulagée. J'aime mon travail", a expliqué Nathalie Fioravanti, assistante commerciale. Pour ces salariées, "il fallait que l'histoire continue". Au total, 12 emplois sont sauvés en Ardèche avec cette reprise par une société basée dans l'Hérault.
"Souffle nouveau"
La société Altesse est le fruit du regroupement de deux entreprises créées en 1905 au cœur de "la vallée du bijou" par des frères Marius et Georges Legros. Jusqu'à 1 200 personnes ont travaillé dans ces ateliers ardéchois. Malgré son savoir-faire centenaire et ses lettres de noblesse, la maison Altesse, labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant, s'était retrouvée en grande difficulté voilà dix ans. Reprise en 2014 par le groupe Renaissance, elle change donc aujourd'hui encore de mains.
Et le trio de repreneurs a de l'ambition, notamment pour le produit phare de la maison. Ce dernier souhaite rajeunir l’image de la marque "Les Georgettes" fabriquée par GL Bijoux, mais dont la promotion et la distribution étaient assurées par Altesse. En 2022, les deux entreprises ont coupé le cordon même si elles faisaient toujours partie du même groupe. Une question de stratégie et de développement.
"On veut conserver l'essence même des Georgettes tout en lui redonnant un souffle nouveau. Remettre au goût du jour (ces bijoux), qu'ils soient plus liés aux tendances, à l'effet de saisonnalité. On va produire pour 2025, des bijoux plus fins, plus dans l'air du temps", a expliqué Oliver Begue, Président de la société Un bijou à Paris. Au Cheylard, GL Bijoux va continuer à produire "Les Georgettes" pour le compte d'Altesse.
Success story
Cette fabrication ardéchoise est un fleuron local. Ce bijou a la particularité de mêler une lanière de cuir coloré au métal. Tout a commencé par des bracelets manchettes qui ont très vite eu les faveurs des clientes. Le succès s’explique par le concept même du bijou : la personnalisation. Taille du bracelet, style, motifs, couleur de la lanière de cuir réversible. Les possibilités sont infinies avec plus de 10 000 combinaisons possibles.
Au fil des années, la gamme s'est même étoffée avec des bagues et des colliers. Véritable succès, la marque "Les Georgettes" lancée en fin 2015, a connu son âge d’or en 2019 avec 40 millions d’euros de chiffre d’affaires et 170 salariés partout en France. Ce produit Made in France a même eu les faveurs de Brigitte Macron.
Crise sanitaire, etc.
Mais la crise sanitaire, la guerre en Ukraine ont mis un coup d'arrêt à cette courbe ascendante. L'ancien président d'Altesse s'est retrouvé dans une situation intenable. "Le Covid a été très difficile pour nous. On a dû notamment arrêter toute la démarche export engagée sur laquelle on avait beaucoup investi. Ça a coïncidé aussi un peu avec le palier de la marque. Sur les dernières années, on avait une décroissance assez forte", explique Eric Lefranc.
Après de fortes années de croissance soutenue principalement par la marque "Les Georgettes", Altesse a vu son développement stoppé. Mais la pandémie n'est pas seule en cause. Comme d’autres acteurs de la mode et de l’accessoire, Altesse a aussi dû faire face à une baisse de la consommation et à l’inflation.