Les forêts françaises ont payé un lourd tribu cet été suite aux incendies. Elle finit toujours par renaître mais un coup de pouce de l'homme peut faire la différence. En Ardèche, de vieilles essences reviennent au goût du jour, comme le pin Salzmann.
Lablachere, Banne, Ailhon... Il y a huit ans, des centaines d'hectares sont partis en fumée dans cette partie de l'Ardèche. Des incendies qui ont marqué les esprits et dont les stigmates sont encore visibles aujourd'hui. Jean-Luc s'en souvient comme si c'était hier.
Août 2019, un incendie se déclare tout près de chez lui à La Blachère. "Un panache de fumée juste au-dessus des arbres. On a compris tout de suite ce qui se passait. Je suis descendu et j'ai vu les sapeurs forestiers qui m'ont dit qu'il y avait un incendie" raconte-il.
Bilan : 90 hectares brûlés.
Aujourd'hui, 3 ans après, la végétation a repris ses droits. Comment est-ce possible ?
La forêt renait de ses cendres mais il faut l'aider
"Le propriétaire forestier a travaillé", justifie Frédérique Chazal, technicienne forestière au Centre Régional de la Propriété Forestière. "Il a fait l'inventaire de sa parcelle c'est-à-dire quelle est la surface qui a été brûlée ? Est-ce que mes arbres vont s'en sortir ou pas ? Qu'est-ce que je peux faire ?".
Mais surtout, les bois brûlés ont été récupérés, exploités immédiatement par la filière bois. Un coup de balai dans la forêt primordial. Cette évacuation a pu laisser place à la régénération naturelle de pins maritimes, "installés-là grâce aux graines de tous les peuplements qui sont aux alentours".
Si la nature fait bien les choses. Parfois, elle a besoin d'un coup de pouce.
A Ailhon, suite aux feux, la mairie a décidé de racheter certaines parcelles brûlées pour y implanter des végétaux divers. "Aujourd'hui, l'idée c'est de faire une plantation avec des variétés plus résistantes à l'incendie" explique Jean-Paul Lardy, Maire (PS) de Ailhon.
On y trouve donc aujourd'hui une mosaïque de variétés d'arbres à la place des pins.
"On a planté du chênes lièges, des tilleuls et des aulnes glutineux. On favorise la régénération de robiniers faux acacias" détaille Florian Paris, technicien forestier à l’Office national des forêts.
Une stratégie bien pensée car plus la forêt est variée, plus les feux auront du mal à progresser en ligne droite. "Le feu a plus tendance à se propager dans les essences résineuses. C'est pour lui qu'on veut augmenter la parti de feuillus" explique le technicien. Dans une parcelle à large majorité de pins maritimes, il est essentiel de mixer les essences moins inflammables.
Le retour du pin de Salzmann en Ardèche
Et puis il y a ceux qui ont choisi d'implanter le même arbre ou presque.
A Banne, le pin maritime a cédé la place au pin de Salzmann, une variété qui n'existe qu'en Ardèche. "C'est une espèce autochtone qui était présente sur le site avant l'introduction du pin maritime. Il est très bien adapté au réchauffement climatique" argumente Laurent Golliard, technicien forestier à l’Office national des forêts. La différence vient de son feuillage. "Il a la capacité de résister à de hautes températures : si le feu passe rapidement, il est capable de refaire un feuillage vert".
Des espèces moins combustibles, une végétation variée, autant de solutions possibles pour se prémunir des incendies de plus en plus fréquents avec le réchauffement climatique.