Le baryton Julien Fanthou alias Patachtouille, célèbre transformiste des cabarets de Pigalle a quitté Paris pour un village de 300 habitants au sud de l'Ardèche. Il adopte désormais une vie plus simple mais ne change rien à sa philosophie, bien au contraire.
Julien est transformiste... en Ardèche. Il a quitté Paris et sa carrière après de longues années chez Madame Arthur, haut-lieu des nuits parisiennes. Il s'est marié et vit en Ardèche depuis 18 mois. Son mari, Gilles est né ici. Mais son arrivée en Ardèche ne signifie pas pour autant la fin de sa carrière.
"Ici (en Ardèche) j'apprends à exister tel que je suis. Il y a une forme de désinhibition comme une plante au soleil et ça se passe ici sans appui communautaire, au grand jour". Julien a trouvé son équilibre et a été adopté par ses voisins à sa grande surprise, les a priori n'étaient pas du côté où on aurait pu le croire. "Quand je suis arrivé ici, j'avais peur de trouver des insultes tagguées sur ma porte. Et ça n'est jamais arrivé. C'était une peur irraisonnée. Je ne suis victime de rien ici".
Julien a adopté une vie simple, il apprécie les joies simples du travail de la terre. "A Paris, on n'a que des paradis perdus ou artificiels". Dans son potager, chapeau de paille sur la tête, en short, marcel et sandales, il cultive ses légumes en toute simplicité avec une manucure soignée tout de même, on ne se refait pas. Il se souvient de son grand-père, Pierre, avec qui il avait l'habitude de jardiner. Dans son "panthéon professionnel" les figures masculines sont absentes. Celle-ci est donc particulièrement précieuse.
Patachtouille, folle du désert ardéchois
Sur scène, Julien devient Patachtouille, une "créature chimérique" comme il la définit. Il délaisse le bermuda pour son habit de scène, une longue robe échancrée sur la cuisse, entièrement rouge vermillon, digne des grandes revues de la capitale. Les plumes d'autruche de son grand col ondulent autour de sa tête dès le moindre mouvement. La gestuelle s'accentue, ses faux-cils battent de plus belle. Sa crinière blonde tout ébouriffée et sa barbe assortie ajoutent un peu plus de caractère à l'ensemble. Dernière touche, des hauts talons pour la prestance.
Cette année, le baryton monte sur la scène du festival de cirque d'Alba-la-Romaine pour un numéro créé avec d'autres artistes de music-hall : le cabarève des établissements Felix Tampon mis en scène par Eric Louis de la compagnie Les nouveaux nez. Finie la nuit, le personnage est entré dans la vie diurne et il a fallu gérer ce changement d'autant plus que le public lui aussi a changé. "Avec les enfants, c'était très bizarre. Ils me posaient des questions auxquelles je ne savais pas répondre. Puis, au fil du temps, elle a trouvé son existence comme un personnage de fiction qui entre dans le réalité". (Et oui étonnamment, parfois, Julien parle de Patachtouille à la troisième personne comme si elle existait indépendamment de lui).
Patachtouille, par-delà le genre
Selon Patachtouille, l'Ardèche manque de folitude mais elle compte bien faire changer les mentalités. Julien Fanthou est avant tout un artiste engagé pour la cause féminine. "Son ennemie c'est le patriarcat, tout ce qui écrase la femme". En Ardèche, son combat reste inchangé, c'est le même. Il s'ancre cette fois-ci dans la ruralité et sans appui communautaire.
Installé depuis peu de temps en Ardèche, Julien Fanthou multiplie les contacts avec les artistes du territoire. Les questions sur le genre, au centre de ses compositions, ne sont plus réservées qu'aux grandes villes ! Ces questions d'actualité touchent tout le monde que l'on habite au coeur de Paris ou en pleine campagne. Julien Fanthou en est convaincu, son personnage évolue et peut trouver prise en Ardèche ou ailleurs. Il a déjà présenté Patachtouille sur des scènes locales à travers un clip et sur la scène l'Epicentre au Teil. Il est en ce moment sur scène pour six représentations au théâtre antique pour le Nouveau festival d'Alba du 09 au 14 juillet. Le public ardéchois ne le connait peut-être pas encore, mais çà ne devrait pas tarder !