Installé dans la vallée de l'Andelle à Ménesqueville (Eure), l'artisan forgeron fabrique des couteaux uniques à la demande de ses clients. Cet ancien chef d'atelier à Renaut Cléon cultive l'amour du travail bien fait en utilisant des techniques ancestrales françaises.
Le rituel commence toujours par un grand feu allumé au charbon. Une fois sorti de la forge, l'acier encore rougeoyant est martelé puis étiré à l'aide d'un marteau-pilon. Sur l'enclume, les gestes se font aussi puissants que précis. Brice Dolay plie la lame toujours chauffée avant d’en travailler la pointe jusqu’à obtenir la forme d’un couteau. Un objet auquel le forgeron voue une passion sans limite.
Le couteau, c’est le premier outil qu’on a dans la poche. Quand on est gosse, il sert à construire des cabanes. C’est la liberté. C’est quand on va jouer. C’est l’outil pour manger. C’est aussi l’objet qu’on transmet à ses enfants, à ses petits-enfants. C’est un objet mythique et en plus, c’est sympa à faire.
Brice Dolay, artisan forgeron
Une ancienne laiterie transformée en forge
Depuis mars 2021, Brice Dolay a créé son cocon de forgeron dans une ancienne laiterie de Ménesqueville, un village niché dans la vallée de l'Andelle. "Une des plus belles vallées de France", reconnaît ce Ch'ti, originaire de Cambrai (Nord), tombé amoureux de la Normandie.
C'est donc là qu'il fabrique seul des couteaux d’exception à la demande de ses clients. Rien n'est laissé au hasard. Tout est pensé dans les moindres détails avant la conception. De la lame en acier Damas jusqu’aux bois du manche, le plus souvent exotiques. Chaque pièce est unique.
"On va adapter le couteau par rapport à l'utilisation, droitier ou gaucher. Selon le profil aussi, cuisinier ou chasseur. Cela dépend aussi du niveau d'affûtage des clients. On va pouvoir ainsi jouer avec des aciers plus ou moins durs. On va ajuster par rapport à la prise en main et la façon dont le client tient son couteau", énumère Brice Dolay.
De chef d'atelier chez Renault Cléon à élève forgeron dans la Drôme
L’artisan de 44 ans a su forger son destin. Après avoir grimpé les échelons à l'usine Renault de Douai, il débarque il y a cinq ans à Cléon en tant que chef d'atelier. Peu convaincu par ses nouvelles fonctions, il décide de quitter la marque au losange après plus de vingt ans de carrière.
Lui revient alors l'envie immodérée de travailler le fer. Il décide alors de faire le grand saut pour devenir forgeron, sa passion de toujours. Dans le cadre d'une reconversion, il part se former à Pierrelatte dans la Drôme chez un maître forgeron qui lui enseigne pendant quatre mois toutes les techniques ancestrales.
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Son aventure dans la coutellerie et la ferronnerie d'art peut alors commencer. Après trois années de pratique, Brice Dolay est aujourd’hui très fier de son statut d’artisan.
"On s'invite chez les gens. C'est quelque chose qu'ils vont transmettre. Il y a une vraie valeur sentimentale et il y a de vrais échanges. Parfois, on me ramène des bois du jardin ou un morceau d'acier provenant d'un puits. Un monsieur est venu me demander de lui faire un couteau avec un vieux fer. C'est un élément de la maison de son enfance. On peut incorporer plein de matériaux dans un couteau. C'est chargé d'histoire et je suis un élément de cette histoire", s'enthousiasme-t-il.
Chaque lame de couteau est accompagnée d'une patte d'ours dans une flamme, un poinçon dessiné par l'un des enfants de Brice Dolay. Comptez jusqu’à 800 euros pour vous offrir ces produits littéralement à portée de main. Dans le cadre de son activité, Brice propose en effet des stages d'une ou deux journées à celles et ceux qui souhaiteraient fabriquer eux-mêmes leurs couteaux.