Le lait d'ânesse est réputé pour ses vertus cosmétiques. Lucile et Delphine travaillent ensemble. L'une est éleveuse en Drôme et l'autre fabrique des savons dans le département voisin. Une collaboration
Le lait d'ânesse a fait son entrée dans les rayons des cosmétiques. Cette matière première est chère et recherchée. À Albon, Lucile Vallet est à la tête d'un élevage d'une quarantaine de spécimens. Delphine Ortiz lui achète son lait pour en faire des savons. Une activité dans le respect de l'animal, du produit et du consommateur.
Un or blanc
Lucile Vallet est éleveuse d’ânesses à Albon, petite commune du nord Drôme, "C'est un animal qui est adorable, qui est très câlin, très affectif. Il adore jouer". Chaque année, ses bêtes produisent 1 200 litres de lait. Elle récupère 1 litre par ânesse par jour environ sur un potentiel de 3 à 4 litres quotidiens. C'est un rendement moindre par rapport aux vaches, mais la qualité est là. "Le lait d'ânesse est l'un des laits les plus proches du lait de la femme. Il a très peu de matières grasses, mais un peu plus de sucre", explique l'éleveuse.
Décrit comme miraculeux pour la peau, le lait d’ânesse séduit de plus en plus. Mais il est rare et surtout 20 fois plus cher que le lait de vache. Un or blanc en quelque sorte. Grâce à ses qualités, ce savon est l'un des préférés des mamans. "Il est recommandé pour la toilette des enfants et même des nourrissons, car il est très doux pour la peau", ajoute Lucile Vallet.
Un produit précieux, souvent imité
Trois fois par an, la savonnerie de Delphine Ortiz, productrice de cosmétiques au lait d’ânesse à Vanosc, est livrée par Lucie. Il faut compter 100 euros pour 5 litres de lait. "Pas donné, mais les vertus sont nombreuses", défend cette fabricante.
Le projet de reconversion initial de Delphine Ortiz englobait un élevage et une fabrique de savons. Elle s'est formée à l'Université des senteurs et des saveurs de Forcalquier, dans les Alpes-de-Haute-Provence. La jeune femme s'est concentrée sur la fabrication de cosmétiques au lait d'ânesse, faute de financements suffisants.
Des produits qu'elle connait bien. "Moi qui ai une peau atopique, je ne peux pas utiliser autre chose" explique-t-elle. Après plusieurs années à Lyon, elle s'est installée en Ardèche il y a cinq ans.
Au fil du temps, le lait d'ânesse s'est fait connaître et la demande est croissante. Le souci pour Delphine, c'est de "bien tomber". "Il y a beaucoup d'arnaques. Ça peut être sur une base de savons industriels, ainsi pas de surgras, pas de glycérine. Un savon avec une base asséchante. Le lait d'ânesse est souvent intégré sous forme de paillettes qui sont remoulées. Les vertus du lait ne sont pas mises en avant" déplore-t-elle.
Même dans un savon artisanal, le lait d'ânesse est cependant présent en petite quantité. La composition des savons de Delphine contient 12% de lait d'ânesse. Pour le reste, elle travaille sur une base beurre de karité, d'huile d’olive, d'amande douce et de coco. "Le karité apporte de la douceur qui va être complétée avec le lait d'ânesse". Ensuite, c'est une question de dosage. Delphine pèse chaque ingrédient, les ajoute dans un ordre précis, et fabrique en petite quantité.
Petit conseil aux amateurs : bien lire l’étiquette. Si le lait d’ânesse arrive en tête de liste des ingrédients, c’est bon signe. La mention bio n'est pas la seule garantie de qualité. Comme tous les secteurs, la crise énergétique a fait gonfler les prix.