Les trois candidats en lice pour le second tour de l'élection municipale à Tournon-sur-Rhône le 28 juin 2020 sont : Frédéric Sausset, maire sortant pour la liste "Tournon, ville de demain", Pierre Guichard tête de liste de "Tournon en commun", et Pascal Diaz pour la liste "Mieux vivre à Tournon".
A Tournon-sur-Rhône, on prend les mêmes, et on recommence. Pas d'éliminé direct, pas de fusion de listes depuis le 15 mars 2020, ils sont trois à briguer la mairie lors du second tour de l'élection municipale, le 28 juin, dans la sous-préfecture d'Ardèche.
Lors du premier tour de cette élection, dans cette commune située au coeur de la vallée du Rhône, le taux d'abstention avait atteint les 54%.
► 28 juin : trois candidats pour un fauteuil
Frédéric Sausset est le maire sortant, divers droite. Son atout : l'expérience de deux mandats, dit-il.
Au 1er tour, il est sorti en tête avec 36.33% des voix, talonné de très près par Pierre Guichard, chef de file d'une alternative citoyenne, solidaire et écologique (34%).
À 27 ans, Pierre Guichard brigue pour la deuxième fois un mandat politique. Cet urbaniste de métier, est conseiller municipal d'opposition dans le village voisin de Mauves, où il s'était porté candidat en 2014. Il est membre de Génération(s), le mouvement de Benoît Hamon, et se présente sous une étiquette divers gauche.
Pascal Diaz, âgé de 56 ans, est soutenu par La République En Marche tout en revendiquant son indépendance. Ce chef d'entreprise, divers centre, milite pour la transition écologique, et un changement maitrisé en tête de liste de "Mieux vivre à Tournon". Parmi ses promesses de campagne : les élus s'engagent à renoncer à leurs indemnités pour l'année 2020.
► Le débat animé par Sandra Méallier
Pendant trois mois, la campagne électorale a été suspendue, pour cause de coronavirus et de crise sanitaire. Comme partout ailleurs, le confinement a laissé des traces. Entre les candidats, la gestion de la crise notamment sur le plan de santé est l'occasion d'une première passe d'armes.
Frédéric Sausset reconnait "qu'en l'espace de deux mandats, il en a vu des choses. Mais un tel problème qui vous tombe dessus en l'espace de 24 heures, je peux vous dire que ce n'est pas ordinaire".
► Santé et Solidarité
Insistant sur la présence sur sa liste de cinq personnes du monde médical et paramédical, Pascal Diaz porte attaque sur le thème de la santé, "qu'il faut renforcer. Il y a aussi un désert médical à Tournon, il faudra trouver des médecins généralistes"... Sortant un masque de sa poche, il s'en prend directement au maire sortant :
Nous estimons qu'il y a eu des défaillances sur la gestion de la crise à Tournon. Je vous donne juste un exemple : les masques qui ont été distribués, c'étaient des chaussettes, de mauvaise qualité. Et en plus, il y a eu des distributions physiques qui exposaient les personnes qui allaient chercher leur masque.
La réponse du maire sortant, ne tarde pas.
Je ne peux laisser dire qu'il y a eu déficience sur la gestion de la crise au niveau de la santé. Il y a eu un travail d'engagement des soignants considérable et un partenariat très important avec les associations qui travaillent sur ce sujet-là. Et cela s'est fait en relation directe avec les services de la mairie, dès le premier jour.
Et le maire d'insister sur l'impact financier, directement sur la commune, de la crise sanitaire : "grosso modo, la perte d'exploitation et de recettes fiscales va représenter à peu près 500.000 euros. Ce qui va impacter les budgets futurs de 2021-2022. Il y aura une adaptation budgétaire à mettre en place, en direction des nouvelles solidarités".
Ne souhaitant "pas jouer l'inspecteur des travaux finis" concernant la gestion de la crise sanitaire, Pierre Guichard souligne que "la période a été révélatrice de l'importance de la solidarité et de ses réseaux, et du système de santé que l'on a vu à l'oeuvre".
Je considère que recevoir les soignants c'est une chose, mais il faut aussi aller au combat, savoir reconnaître leur travail, et cela même si l'hôpital n'est pas une compétence municipale. Il faut les soutenir d'avantage, et soutenir financièrement les associations de solidarité car les besoins ont augmenté de 30%.
Un plan d'aide sociale figure également parmi les engagements de Pascal Diaz. Le candidat a fait cette promesse de campagne : "le don des indemnités pour l'année 2020 des élus de la liste Mieux Vivre à Tournon, en faveur des Tournonais défavorisés".
► Engorgement du centre-ville
Tournon-sur-Rhône compte 11.423 habitants. La circulation en centre-ville, c'est un cauchemar quotidien pour les Tournonais. Pris en étau entre le Rhône et la montagne du Vivarais, le coeur de Tournon est un goulot d’étranglement : 20.000 voitures y passent tous les jours et 50 cars scolaires.
Selon Pascal Diaz, sur ce sujet, "il faut raisonner à plusieurs niveaux. Penser l'avenir. Et à court-terme, envisager des solutions simples : comme "mettre des agents municipaux, à condition qu'ils soient formés, à la circulation. Cela existe dans d'autres villes et c'est prouvé que ça améliore le débit". En ce qui concerne la mobilité douce, "Tournon doit aussi devenir une référence en terme de vélo", mais il faudrait aussi repenser la navette, système de transport en commun routier à Tournon.
Nous expérimenterons le système de navette à la demande, en allant chercher gratuitement les personnes âgées ou fragiles chez elles, pour les emmener en ville.
"La problématique de la circulation est redondante à Tournon, depuis des décennies" estime Pierre Guichard. Le jeune candidat n'a pas de solution miraculeuse, mais "plusieurs axes de travail" : un plan vélo, le développement des transports en commun à l'échelle de l'agglomération, le retour du train de voyageurs.
L'enjeu, c'est de supprimer les déplacements qui peuvent l'être, donc les courts trajets. Là il faudra insister, non seulement, sur le vélo, mais également prendre l'habitude d'utiliser des modes actifs comme la marche à pied lorsque c'est possible.
Même s'il milite pour un troisième pont au nord de Tournon pour lequel "il faudrait compter 20 ans" avant que cela ne se fasse", le maire sortant reconnaît que l'accessibilité du centre-ville est une situation "très compliquée", sachant que 5.400 actifs travaillent à Tournon, dont 3.700 salariés venus des communes voisines.
Il ne faut pas se raconter d'histoires. On ne créera pas un tunnel sous le Saint-Joseph, on ne créera pas des voies sur berges, on ne peut que différencier les modes de déplacement.
En attendant un éventuel 3ème pont, le maire sortant dit vouloir dérouler un programme : les parkings relais au sud et au nord, la mise en place d'une orientation nouvelle avec Tain l'Hermitage, des travaux en commun comme une piste cyclable, maintenir la navette, et ainsi "arriver à limiter quelques voitures en centre-ville".
► Rayonnement de Tournon
Urbaniste de métier, Pierre Guichard évoque "une décrépitude du centre-ville" de Tournon-sur-Rhône. "Une ville de passage, avec beaucoup de flux, mais peu de gens qui s'arrêtent". Quelle est la carte à jouer selon le candidat de Tournon en commun ? La richesse de la culture locale.
Faisons intervenir des artistes dans l'espace public, dans le cadre d'un festival permanent que l'on appellerait "Place aux artistes". Et faisons venir plus de touristes avec l'usage du vélo, en profitant des investissements massifs du Département.
Pour Frédéric Sausset, il n'y a là, pas vraiment matière à débat : "l'attractivité de la ville de Tournon n'est plus à démontrer, d'abord parce qu'elle est entièrement liée avec sa ville soeur qu'est Tain L'Hermitage. Nous sommes au coeur du bassin de vie, au coeur de l'agglomération. Et le tourisme y représente 40 millions de chiffre d'affaire."
Le fleuve, le centre historique, le cadre... "Tournon a des atouts formidables, et un potentiel extraordinaire" reconnait Pascal Diaz. La tête de liste de Mieux vivre à Tournon a une idée pour faire venir les touristes :
Nous avons un site exceptionnel à la confluence du Doubs et du Rhône, qui s'appelle l'ancienne usine ITDT, si on en fait un parc naturel préservé, cela fera venir des touristes de très loin. Mais il faut lever deux contraintes : la circulation, mais aussi les problèmes d'incivilités, de saleté et de pollution sonore qui bien souvent donnent aux promeneurs un sentiment de mal-être.
► Le débat à voir ou revoir