Les 18 et 19 novembre, 190 voitures vont se retrouver pour le rallye du Bas-Vivarais, en Ardèche. La course automobile passe cette année par une zone Natura 2000, reconnue pour la richesse de sa biodiversité. À quelques jours du top départ, une association demande à la préfecture de changer le parcours.
Le week-end du 18 et 19 novembre, l'Ardèche accueille la 13ᵉ édition du rallye du Bas-Vivarais. Une course de voitures entre Saint-Alban-Auriolles, Lablachère et User, des petites communes situées au sud de l'Ardèche.
Une "spéciale" dans une zone naturelle
Un circuit de 130 kilomètres, 190 concurrents, 500 spectateurs attendus par les organisateurs, c'est un rendez-vous pour les curieux et les fans de cylindrées. Problème : une partie du parcours traverse la zone Natura 2000, "Bois de Païolive et basse vallée de Chassezac", lors de la "Spéciale" du rallye, une épreuve de vitesse.
Les zones Natura 2000 n'interdisent pas a priori les activités humaines, mais "les projets susceptibles d’avoir des incidences sur les espèces et habitats protégés doivent être soumis à évaluation préalable".
Un courrier à la préfète
À quelques jours du début de l'épreuve, Simon Bugnon, photographe et président de l'Association Nationale pour la Biodiversité (ANB) a écrit à la préfecture pour faire changer le tracé. Mais il n'a pas eu de réponse. "C'est aberrant d'organiser ce genre d'épreuves dans un site aussi sensible : l'usure des pneus, l'huile, les gaz à effet de serre, le bruit, il y aura forcément des désagréments ", alerte-t-il.
"C'est anachronique par rapport aux enjeux de notre temps, dans un site connu pour sa biodiversité, d'autoriser un rallye."
Simon Bugnon, président de l'Association Nationale pour la Biodiversité
En contrebas de la route, le ruisseau de Fontgraz inquiète particulièrement Simon Bugnon. " Si une voiture se retrouve dans le ruisseau, il y a un gros risque de pollution. De plus, avec le passage de 200 voitures, la faune sera forcément dérangée." Castor, loutres, libellules, amphibiens… Le Bois de Païolive est connu pour sa biodiversité.
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110 000 € engagés par les organisateurs
"On est déconcerté de voir cette mentalité de gens qui s'inquiètent deux, trois jours avant l'évènement, s'exaspère Bernard Vialar, président de l'association sportive automobile de l’Ardèche, organisatrice du rallye. On a travaillé avec un botaniste de l'association Païolive, pour déterminer les endroits où les spectateurs ne doivent pas venir."
"On est dans un secteur sensible, c'est vrai. Il y a des bestioles dans la rivière, des petites plantes, mais quand des gens passent à pied en discutant, vous ne pensez pas qu'ils les dérangent ? L'Ardèche est une terre de rallye. On n'est pas passé en force, on travaille en concertation avec une association locale."
Bernard Vialar, président de l'association sportive automobile de l’Ardèche
L'organisateur indique qu'il n'est plus possible de revenir en arrière. "On a eu les autorisations de la préfecture, on a déjà engagé 110 000 €, donc si le rallye ne se fait pas, quelqu'un devra payer", prévient le président d'association, avant de glisser : "c'est la saison des châtaignes, on risque de distribuer des marrons". Ambiance sereine sur les petites routes d'Ardèche.
Une association locale comme garantie
L'association Païolive, association locale qui a pour mission "d'étudier, faire connaître et protéger l'écocomplexe de Païolive", confirme avoir accompagné les organisateurs du rallye. Sur sa page Facebook, elle annonce une conférence ce vendredi 17 novembre, la veille du rallye. Objectif : "sensibiliser les usagers du territoire face à la fragilité, mais aussi à la richesse que peut représenter le ruisseau de Fontgraze".
N'est-ce pas alors paradoxal de laisser se dérouler une course de voitures sur la route qui surplombe le cours d'eau ? "Les voitures ne vont pas descendre dans le ruisseau, répond Jean-François Holthos, secrétaire général de l'association. La course étant autorisée, je ne vois pas comment on aurait pu l'interdire. Les organisateurs nous ont sollicités, alors qu'ils n'y étaient pas obligés, ils ont l'air plutôt soucieux de l'environnement."
Un botaniste de l'association a donc défini, pour les organisateurs du rallye, les zones dans lesquelles les spectateurs ne doivent pas aller, "pour éviter le piétinement sur des stations de plantes protégées", détaille Jean-François Holthos. Dans le livret du rallye, une page est remplie par l'association Païolive, pour présenter les plantes.
Insuffisant pour l'Association Nationale pour la Biodiversité. Basée en Ardèche, celle-ci est intervenue dernièrement contre la construction d'un centre religieux à Saint-Pierre de Colombier sur un site qui abrite une espèce protégée. Ce qui avait conduit à des confrontations physiques entre défenseurs du chantier et militants écologistes.