Maisons fissurées à cause de la sécheresse : "J'ai peur que tout s'écroule"

En Ardèche, la commune de Ruoms demande à être classée en état de catastrophe naturelle depuis novembre 2022. 41 foyers ont déposé un dossier dans cette commune de 2000 habitants. Ils attendent toujours réparation.

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Jean-Paul et Muriel Fournier habitent Ruoms, petite commune au passé médiéval, nichée dans les gorges de l'Ardèche, très prisée en été par les vacanciers, notamment grâce à la rivière Ardèche qui la traverse. Mais depuis plusieurs années, le niveau de l'eau baisse et les températures augmentent. 

Les paysages jaunissent et les maisons se fissurent à cause de la sécheresse. 

"La situation s'aggrave, on voit des fissures apparaître un peu tous les jours, sur les plafonds, sur les murs... Certaines s'étaient refermées en début d'automne et d'autres apparaissent" raconte Muriel Fournier, habitante de Ruoms depuis 6 ans, installée dans une maison construite en 2005, avec son époux, Jean-Paul.

La peur que la maison s'écroule

"Il y en a partout : sur la façade à l'extérieur, sur les murs, les plafonds à l'intérieur et le carrelage de notre pièce principale est traversé aussi." Le ton de Muriel Fournier est plus grave quand elle explique que les fissures les plus dangereuses, ce sont les transversales car elles exposent la maison à un risque d'affaissement. "Avec ces nouvelles fissures, j'ai peur que la maison finisse par s'écrouler". Dans le sud Ardèche, un collectif s'est constitué autour d'environ 65 foyers sinistrés. 

Je ne suis pas sereine chez moi et je ne suis pas la seule dans ce cas-là. J'ai fait le tour des mairies adjacentes pour essayer de présenter notre association car on aimerait beaucoup avoir le nom de toutes les communes qui ont déposé un dossier pour être classées en état de catastrophe naturelle.

Muriel Fournier

Vice-présidente de l'association défense ardéchoise des sinistrés de la sécheresse

"Il faudrait que les choses avancent plus rapidement, on trouve que c'est beaucoup trop long. Il faut attendre la décision de l'État pour faire venir les experts des assurances mais il faut se méfier car il y a un business qui commence à se créer autour de tout ça. Il faut se méfier des arnaques ! " prévient-elle. 

"Ça va représenter des sommes énormes, on parle de plusieurs milliards d'euros. Rien que chez nous, les réparations sont estimées au-delà de 200.000€.  Les premiers dossiers ont été envoyés en 2003 et les solutions arrivent seulement cette année pour certains après plusieurs contentieux avec la justice" regrette-t-elle. 

Le jeudi 6 avril 2023, l'Assemblée nationale a adopté en première lecture une proposition de loi  "visant à mieux indemniser les propriétaires de maisons fissurées par des épisodes de sécheresse au titre de catastrophes naturelles". Il s'agit d'améliorer les réparations proposées aux particuliers victimes du phénomène de retrait-gonflement des sols à l'origine de nombreuses fissures. 

L'idée est d'améliorer le cadre législatif actuel qui plafonne le montant de l’indemnisation à la valeur du bien au moment du sinistre. Les sinistrés les plus modestes sont donc pénalisés et doivent parfois renoncer à mener des travaux pourtant essentiels.

Des procédures jugées trop longues 

"Moi, je suis en travaux depuis 2019. J'ai été impacté par la sécheresse de 2017 et les travaux ne sont toujours pas terminés" raconte Alain Charasse, habitant de la commune voisine de Soyans et président de l'association des sinistrés ardéchois.

Je suis inquiet car je vois que ça continue encore à bouger. J'ai bientôt 80 ans et j'aimerais passer la maison à mes enfants et que tout ça soit terminé.

Alain Charrasse

Président de l'association de défense ardéchoise des sinistrés de la sécheresse

"Si ça bouge encore, je ferai marcher la garantie décennale de mon assurance, mais c'est l'éternel problème : il faut que les autorités répondent plus rapidement car c'est un cercle vicieux. Au fur et à mesure du temps, ça s'aggrave et les assurances envoient des experts a minima. On n'a pas de chiffre précis, mais on estime qu'au moins 75 communes en Ardèche sont touchées. Si on applique la proportion de maisons fissurées dans notre commune, on pourrait arriver à environ 1000 foyers sinistrés dans notre département" calcule-t-il. Un chiffre qui n'a pas été confirmé par la préfecture d'Ardèche. 

À Ruoms, "la demande de déclaration en état de catastrophe naturelle est partie le 23 novembre en préfecture, mais nous n'avons pas eu de réponse à ce jour" précise Guy Clément, le maire de la commune. Les services municipaux misent sur un retour fin juin, début juillet au plus tôt, sachant qu'en moyenne, il faut approximativement deux ans avant d'obtenir réparation.

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