L'expérimentation est menée depuis deux ans sous la houlette de la Chambre d'agriculture de l'Ardèche dans des vignobles à forte pente. Nom de code du projet : Drone Viti. Objectif : réduire la pénibilité du traitement des vignes en utilisant un drone. Les viticulteurs de Cornas sont conquis.
Sur une parcelle en forte pente d'un vignoble AOC de Cornas, ce lundi 19 juillet 2021, cela bourdonne. Un objet volant bien identifié survole 500 m2 de terrain, et pulvérise des produits phytopharmaceutiques sur des pieds de vigne malades. Cela fait deux ans que des viticulteurs ardéchois testent cette méthode de traitement assistée par les nouvelles technologies. L'épandage aérien par drone au lieu d'une pulvérisation réalisée à dos d'homme semble convaincante, à la fois pour la santé et la sécurité des viticulteurs et des riverains.
"C'est flagrant, ça marche"
Sébastien Michelas fait partie de ces vignerons ardéchois qui ont choisi de tester le traitement de leur vigne avec un drone. Le vigneron de l'AOC Cornas explique avoir réalisé depuis deux ans des essais comparatifs entre trois parcelles : l'une est traitée avec le drone, une autre à l'ancienne c'est-à-dire à dos d'homme, et la troisième est la parcelle témoin non-traitée. Le résultat : "je n'ai pas plus de mildiou sur ma petite parcelle de 500 m2 traitée au drone que sur celle d'à côté que je traite à la main le même jour".
Le traitement par drone est aussi efficace, il est surtout moins pénible et offre une "souplesse de travail". Sébastien Michelas raconte qu'au premier traitement à la main de sa vigne en forte pente, il a "perdu 4 litres d'eau en 4h". Il faut savoir que pour réaliser ce travail, il faut tout un équipement : une combinaison de protection et surtout 30 kilos de matériel sur le dos.
Avec le drone, le traitement est plus précis et moins gourmand en produits
Le drone est équipé de buses et d'un système de géolocalisation. Il évolue à un mètre cinquante au-dessus du feuillage. "Le drone va permettre une application vraiment ciblée sur le végétal qui en a besoin. Il se déplacera du bord de la parcelle jusqu'à l'intérieur pour venir sélectionner les pieds concernés par le début de maladie", explique Benoit Claret, le président de la Chambre d'agriculture de l'Ardèche.
Avec le drone, plus besoin de traiter une parcelle dans sa totalité. Juste les pieds de vigne malades. "Cela signifie moins de produits à utiliser."
On a une approche très précise qui va permettre une réduction des doses. Cela signifie également moins de pénibilité pour les vignerons, plus de sécurité pour l'environnement et l'ensemble des riverains. C'est une véritable avancée.
Si l''épandage par drone constitue clairement une petite révolution dans le travail des vignes, il devrait également changer le regard des riverains, comme en témoigne cet autre vigneron de l'AOC Cornas, Olivier Clape. Revêtu de sa combinaison de protection, pulvérisateur sur le dos, il comprend qu'il puisse "faire un peu peur".
Souvent, les gens nous regardent comme si on était des mauvais agriculteurs et qu'on voulait mettre des produits nocifs sur nos vignes alors que ce n'est pas le cas.
L'équipement de protection du vigneron en pleine opération de traitement de sa vigne peut en effet susciter des interrogations. "Cela peut faire croire qu'on utilise des produits très, très chimiques, alors que c'est du bio, du cuivre, du soufre et du purin d'ortie", précise Olivier Clape.
Que l'expérimentation fasse loi
Actuellement, trois viticulteurs du Cornas sont concernés par cette expérimentation et bénéficient d'une dérogation pour réaliser cet épandage aérien pendant deux ans. Ce 19 juillet 2021, des invités ont assisté à une démonstration du traitement de la vigne en forte pente par drone. Il y avait là des élus, des représentants de l'Etat et des chambres consulaires. Objectif de la manoeuvre : convaincre les autorités d'introduire les nouvelles technologies dans l'agriculture, et transformer l'expérimentation en loi.
Le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a autorisé fin août 2019 une expérimentation de 3 ans afin de déterminer les bénéfices de l’épandage aérien de traitements biologiques sur les parcelles à 30 % de pente et plus. La Chambre d'agriculture de l'Ardèche souhaite étendre l'utilisation du drone à l'ensemble des parcelles en forte pente du département. 1.500 hectares de vignes pourraient ainsi être traités.