Tremblement de terre en Ardèche : le Noël sans toit des sinistrés du Teil

Un peu plus d'un mois après le séisme qui a ravagé la ville du Teil en Ardèche, environ 2 000 sinistrés n'ont pas retrouvé leurs logements. A la veille de noël, ce mardi 24 décembre, ils n'ont pas le coeur à la fête.

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Ils ne passeront pas Noël à la maison. Passé le choc de la violente secousse de magnitude 5,4 sur l'échelle de Richter qui n'a pas fait de victime, les quelque 2 000 sinistrés du Teil, en Ardèche, doivent composer avec un quotidien bouleversé, le contrecoup du traumatisme psychologique et d'éprouvantes démarches administratives.

 

"On garde la tête haute"

"Aujourd'hui beaucoup de gens subissent une baisse de moral, une baisse d'énergie", confie Alexandra Blanc, assistante maternelle de 45 ans du quartier Lévêque, contrainte de quitter sa maison fissurée avec son mari et son fils de dix ans. Depuis un peu plus d'un mois, la famille a trouvé refuge chez les beaux-parents d'Alexandra mais celle-ci a perdu son emploi, faute d'espace pour accueillir les enfants qu'elle gardait.
Parmi les relogés du Teil, la moitié sont hébergés par des proches, les autres dans des hôtels, gites et campings de la région. "C'est encore très dur psychologiquement : on a quand même beaucoup, beaucoup perdu. On aborde les fêtes de Noël un peu difficilement mais on garde la tête haute pour les enfants", confie Aurore Lasson, qui vient de quitter l'hôtel pour déménager chez sa mère en attendant un appartement fourni par la mairie. "C'est compliqué parce que les assurances ne suivent pas toujours. Il faut faire une tonne de papiers mais on n'a pas les documents, ils sont chez nous et on n'a pas le droit d'y aller", poursuit la jeune femme de 28 ans, venue à la permanence du Secours populaire récupérer jouets neufs et paniers gourmands offerts aux sinistrés pour les fêtes. 
 

Vies temporaires

Dans les rues du Teil, les stigmates de ce séisme inattendu sont encore saisissants. Derrière les barrières fermant l'accès à certaines voies, on aperçoit des façades fissurées, affaissées, des débris de murs effondrés, en plus des nombreuses bandes de sécurité et ordres d'évacuation apposés sur les portes. "Une des priorités a été la mise en sécurité des bâtiments, effectuée par des services nationaux de pompiers qui ont fait 2 500 interventions", détaille le maire Olivier Peverelli. Il n'a toujours pas d'estimation complète de dégâts, mais ceux-ci s'élèveront certainement à plusieurs dizaines de millions. Car la terre bouge encore un peu et des murs continuent de se lézarder. "Les experts nous disent qu'on va encore avoir ce type de dégâts pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. C'est le côté un peu inquiétant."
"Tous les bruits nous font peur
", abonde Annie Roque, 61 ans, autorisée à rester dans son logement de La Violette. "Les pompiers m'ont laissée, à condition de partir si j'entends un craquement", explique cette femme au chômage.
Principal destinataire des doléances, M. Peverelli confie que le moral est au plus bas pour certains habitants désormais isolés. "Et dans les campings ce n'est pas mieux, ils vivent dans les mobil-homes avec des températures de 14-15 degrés, excentrés et sans leurs affaires".

 

Une solidarité "énorme"

A terme, l'édile prédit une "reconstruction compliquée" car sur 1 000 logements inhabitables, seuls 400 vont pouvoir être réhabilités dans des délais raisonnables. "Il en reste 500 classés rouge qui ne seront plus habitables avant des mois, voire jamais, explique-t-il. Les maisons sont souvent imbriquées et l'accès des engins est parfois impossible". In fine, "au moins 150-200 ne pourront pas être sauvées", avance-t-il.
Une trentaine de bénévoles sont chaque jour mobilisés pour distribuer l'essentiel à ceux qui ont tout perdu. Vêtements, couvertures, draps, nécessaires de toilette et de cuisine, mais aussi meubles et électroménager, qu'une équipe de gros bras est chargée d'installer dans les logements provisoires. "La solidarité a été énorme", salue Patrick Caron, retraité bénévole de Montélimar mobilisé 6 jours sur 7 à la salle polyvalente du Teil. Il explique que si de nombreuses entreprises ont donné meubles, linge et matériel, les particuliers n'ont pas été en reste. "L'autre jour, un monsieur est venu et il nous a spontanément fait un chèque de 2 500 euros."

Vendredi, les autorités ont annoncé la réouverture de la nationale 102, qui traverse Le Teil et ouvre l'accès au sud-Ardèche. "Une première manière d'exorciser le 11 novembre" pour le maire.
 
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